L'apparition du fer dans l'Inde ancienne marque une transformation significative dans les pratiques culturelles, économiques et sociales. Les artefacts en fer associés aux céramiques noires et lissées témoignent d'une époque de transition, du chalcolithique vers l'Âge du Fer. À Koldihwa, les niveaux contenant du fer succèdent sans rupture aux niveaux chalcolithiques, où ont été découverts des haches, des pointes de flèches, des creusets et des scories. Ce phénomène s’observe également à Panchoh, où des nodules de fer ont été retrouvés avec des céramiques faites à la main et des microlithes, illustrant un processus de fusion de technologies anciennes et nouvelles.

À Narhan, sur les rives de la Sarayu, les premiers objets en fer apparaissent entre 1000 et 900 av. J.-C. Dans la période I, marquée par les céramiques BRW (Black-and-Red Ware), l’utilisation du fer était déjà présente, mais elle connaît une augmentation significative au cours de la période II, durant laquelle les pointes de flèches et les ossements se diversifient. Les artefacts retrouvés à cette époque incluent des perles en verre, en agate et en terre cuite, ainsi que des figurines animales représentant un taureau ou un nilgai, un type d'antilopes asiatique.

Une observation intéressante est la découverte de grains de riz carbonisés, d’orge, de pois et de grammes verts. Cela indique une continuité fondamentale des pratiques agricoles, bien que des graines de carthame aient été retrouvées comme nouvel élément. En revanche, les artefacts en cuivre, tels que des tiges d'antimoine et des crochets de pêche, montrent que les peuples de l’époque possédaient des compétences avancées en métallurgie, qui se poursuivirent au-delà de la période chalcolithique.

Des preuves similaires de transition se retrouvent dans les régions de l’Inde orientale, comme à Chirand et Sonpur, où les artefacts en fer sont associés à des céramiques BRW et à des microlithes. À Mahisdal, sur les rives de la rivière Kopai, les objets en fer se manifestent avec des microlithes, indiquant une fusion des traditions néolithiques avec les pratiques de métallurgie du fer. À Bahiri, dans la vallée de l'Ajay, les dates C-14 calibrées de la période I s'étendent de 1189–1180 av. J.-C. à 795 av. J.-C., et l’on y trouve des sols battus de maisons en branches et boue, des outils en os et des scories de fer.

Dans le centre de l’Inde, à Nagda et Eran, la présence du fer est attestée dès la période BRW, avec une continuité culturelle marquée entre l’époque chalcolithique et l’Âge du Fer. À Eran, les artefacts en fer, notamment des haches, des épées, et des pointes de flèches, montrent une diversité d’objets métalliques. Les datations des niveaux contenant du fer restent cependant sujettes à débat, notamment en ce qui concerne la période précoce de l'Âge du Fer.

Dans la région du Deccan, l’apparition des artefacts en fer se fait également au sein de niveaux BRW. Les sites associés à des mégalithes, tels que Takalghat-Khapa et Naikund, témoignent d’une forte activité métallurgique et agricole. Des restes de grains de riz, d’orge et de lentilles retrouvés sur les sols des habitations à Naikund montrent que ces sites étaient des centres agricoles prospères. L'importance du fer à cette époque se reflète dans la variété des artefacts découverts : des épées, des haches, des pointes de flèches, des couteaux, des épingles, ainsi que des outils de métallurgie comme des fers de lance et des chaudrons.

Les sites du Maharashtra, notamment Mahurjhari et Naikund, révèlent des pratiques funéraires distinctes, associées à des objets en fer et des chevaux ornementés de pièces métalliques. Les découvertes de restes de chevaux dans des tombes, notamment à Mahurjhari, évoquent une culture guerrière dans laquelle les sacrifices d'animaux accompagnaient les défunts, une pratique qui met en lumière l'importance symbolique et sociale du cheval dans ces sociétés.

Dans le Sud de l'Inde, les objets en fer apparaissent dans le chevauchement des phases néolithique et mégalithique. Cette transition, vers 1400 av. J.-C., reflète un changement d'échelle dans la production de métaux, marquant une avancée dans la technologie métallurgique et dans les structures sociales associées à cette évolution.

Il est essentiel de souligner que l'usage du fer en Inde ancienne ne se limite pas à un simple progrès technologique, mais qu'il reflète également des changements sociaux profonds. L’augmentation de la production d'artefacts en fer coïncide avec l’émergence de nouvelles formes de pouvoir et d’organisation sociale. L’apparition de techniques métallurgiques avancées dans des sociétés auparavant axées sur l’agriculture ou les pratiques artisanales souligne l’importance de la transition vers une économie plus complexe et stratifiée. La diversification des artefacts, allant des armes aux objets de quotidien, montre également l’étendue de l'impact du fer sur la vie quotidienne et les relations interpersonnelles dans ces sociétés.

Comment les anciens écrits agricoles reflètent l'évolution sociale et environnementale du Bengale

Les Dak Bachan et Khanar Bachan, œuvres littéraires populaires du Bengale, témoignent de la sagesse rurale transmise à travers les siècles. Ces recueils de dictons, qui se sont adaptés au fil du temps, sont bien plus que de simples maximes agricoles. Ils incarnent une compréhension profonde de l'environnement et du climat local, tout en abordant des sujets variés allant de l’agriculture à l'astrologie, en passant par la médecine traditionnelle et les préoccupations domestiques. Ces œuvres, souvent attribuées à des figures légendaires telles que Khana, la belle-fille de l’astronome Varahamihira, et le mystique Dak, s’inscrivent dans une tradition orale liée au vécu quotidien des habitants de la région.

L'agriculture occupe une place centrale dans ces écrits. Les proverbes qui y figurent reflètent non seulement les pratiques agricoles de l’époque, mais aussi une perception aiguisée des cycles naturels. Par exemple, les dictons relatifs aux saisons et aux types de pluie qui influencent les récoltes témoignent d’une observation minutieuse de la nature. “Si la pluie tombe pendant le mois d’Agrahayan, le roi mendie,” dit l’un de ces proverbes. Ce type d'aphorisme est plus qu'une simple observation météorologique ; il nous montre que le climat est vu comme un facteur direct et immédiat de la prospérité ou de la misère. Les paysans du Bengale croyaient que certains phénomènes climatiques déterminaient non seulement le rendement des cultures, mais aussi le bien-être économique général.

Les dictons sur les saisons, comme ceux concernant les mois de Paush ou de Kartik, décrivent avec une précision étonnante l'effet de la pluie et de la chaleur sur différentes cultures : le riz prospère sous le soleil tandis que le bétel aime l'ombre. Une observation aussi simple que pertinente montre une connaissance intime de l’interdépendance entre le climat et l'agriculture. L’un des proverbes, en particulier, indique que des semences de moutarde doivent être semées de près, mais celles de seigle à une certaine distance. Cette règle, apparemment triviale, démontre la sagesse ancienne dans l’utilisation de l’espace cultivable et la gestion des ressources naturelles.

Les Bachan abordent également l’astrologie et les phénomènes célestes comme des indicateurs du futur. Par exemple, un dicton affirme qu'une pluie abondante au mois de Magh bénit le roi et son pays. Cela démontre que l’agriculture était perçue non seulement comme une pratique économique, mais aussi comme un facteur sacré lié à l’équilibre cosmique. Les proverbes sur les vents du sud, qui annoncent les inondations, ou ceux qui précisent que certains types de pluie apportent le bonheur, incarnent une croyance forte en la divinité de la nature et de la terre.

Ce savoir ancien a bien survécu à travers les siècles et continue de guider les agriculteurs modernes du Bengale. En effet, ces écrits servent encore de manuel agricole, malgré les bouleversements économiques et politiques du passé. Ils permettent de transmettre une vision du monde où l'harmonie avec la nature n’est pas seulement une nécessité, mais une obligation morale et pratique. Au-delà de la simple transmission de connaissances, les Bachan révèlent l’importance de la relation entre les individus et leur environnement. Ces dictons n’étaient pas seulement des règles de culture, mais un reflet de la vision du monde des paysans de l’époque, où la terre et ses cycles gouvernaient tous les aspects de la vie.

Dans le contexte historique, les écrits de cette époque sont également un reflet des changements sociaux. Les études récentes sur l'évolution de la société dans le Bengale médiéval révèlent que l’agriculture a été un moteur de croissance, mais aussi de hiérarchisation sociale. Le rôle des Brahmanes et des monastères bouddhistes, par exemple, a augmenté, et les transformations politiques, comme l'émergence des royaumes des Palas et des Chandras, ont directement influencé les pratiques agricoles. Les inscriptions et autres sources textuelles de l’époque montrent une augmentation de la centralisation et de l’organisation sociale autour de la terre.

Les frontières des villages agricoles, souvent déterminées par des caractéristiques naturelles comme les rivières ou les collines, ainsi que la gestion de l’irrigation, en particulier dans des régions comme l’Assam et le Rajasthan, témoignent d'une adaptation constante aux défis environnementaux. La construction de réservoirs et de puits pour l'irrigation dans des régions arides comme le Rajasthan montre à quel point la gestion de l’eau était essentielle pour la survie des communautés agricoles. Ce type de développement technique, bien que modeste par rapport aux innovations modernes, jouait un rôle crucial dans la prospérité locale et la gestion des ressources naturelles.

Il est important de comprendre que l'agriculture, à cette époque, était loin d'être une simple activité de subsistance. Elle constituait un pilier fondamental de l'identité culturelle et de la structure sociale. Les relations complexes entre l'agriculture, la religion, et la politique indiquent que les habitants de ces régions étaient bien conscients de l'interconnexion de leur environnement naturel avec les structures sociétales et politiques. Ces écrits sont donc essentiels non seulement pour leur valeur agricole, mais aussi pour comprendre les dynamiques sociales de cette époque.

La Transition entre la Période Pré-Harappéenne et la Civilisation Mature Harappéenne : Un Aperçu des Développements Sociaux, Politiques et Culturels

Rakhigarhi fournit des preuves d'un établissement planifié et de structures en briques de boue datant de la période pré-harappéenne I (voir Amarendra Nath, 2004). La gamme de types de poteries était similaire à celle de Kalibangan I. Parmi les artefacts découverts, on comptait des sceaux sans inscriptions, de la poterie avec des graffitis, des roues en terre cuite, des chariots, des hochets et des figurines de taureau, des lames en chert, des poids, une pointe en os, et un muller. De nombreux os d'animaux ont été trouvés lors des fouilles, indiquant l'importance de l'élevage. Un ensemble empilé de jeux de marelle a été découvert dans une zone ouverte derrière un complexe architectural, suggérant la possibilité qu'un jeu similaire au "pithu", populaire parmi les enfants en Inde et au Pakistan, remonte à la période pré-harappéenne.

Le site de Bhirrana dans le district de Fatehabad, Haryana (Rao et al., 2004-05), a fourni des informations précieuses sur les processus menant à la civilisation harappéenne. La période IA appartient à la culture des céramiques Hakra, la période IB est pré-harappéenne, la période II est pré-mûre harappéenne, et la période IIB est la période mûre harappéenne. Les vestiges de la période IB comprenaient des vestiges de structures en briques de boue dans un rapport de 1:2:3, y compris un complexe de maisons composé de six chambres, d'une cour centrale et de chullahs. De nombreux types de poteries ont été retrouvés, notamment ceux connus de Kalibangan, ainsi que des céramiques bicolores, quelques tessons de céramiques incisées légères et des céramiques brunes/chocolat typiques de la période IA. Certaines poteries portaient des graffitis. D'autres artefacts comprenaient des pointes de flèches en cuivre, des anneaux et des bracelets, des perles de cornaline, de jaspe, de stéatite, de coquillage et en terre cuite, des billes en terre cuite, des pendentifs, des figurines de taureau, des figurines féminines, des hochets, des roues, des jouets chariots avec des roues pleines (quelques-unes portent des lignes rayonnantes pouvant représenter des rayons), et des pions de jeu (petits morceaux pouvant avoir été utilisés comme jetons dans un jeu ancien). Les fouilles dans des sites comme Padri et Kuntasi en Saurashtra ont montré l'existence d'un horizon pré-harappéen bien développé dans le Gujarat. Le site de Dholavira, dans la région de Rann de Kutch, possède également des niveaux pré-harappéens. L'établissement était fortifié avec un imposant mur fait de pierres en gros et de mortier de boue, et les bâtiments étaient réalisés en briques de boue standardisées (1:2:4). La poterie comprenait des jarres perforées et des plats sur pied, et il y avait des traces d'artefacts en cuivre, des lames en pierre, des objets en coquillage, des gâteaux en terre cuite et des perles en pierre.

La relation entre les phases pré-harappéenne et harappéenne mûre a laissé des traces visibles d'une transition graduelle vers une certaine uniformité culturelle, un processus que les Allchin appellent « convergence culturelle » (Allchin et Allchin, 1997: 163). Outre le fait que certaines caractéristiques de la culture harappéenne mûre étaient déjà présentes dans la phase pré-harappéenne, ce qui est également visible est cette transition entre des traditions régionales variées vers une culture plus uniforme, transcendant les régions. Cette évolution suggère également un développement dans les processus sociaux et politiques, où des métiers spécialisés impliquaient des artisans spécialisés, et le commerce, des commerçants. La présence de sceaux à Kunal et Nausharo pourrait être liée à des marchands ou à des groupes d'élites. La découverte de trésors de bijoux à Kunal, incluant une pièce d'argent interprétée comme une couronne, indique une concentration importante de richesses et pourrait également avoir des implications politiques.

Les découvertes de symboles similaires à l'écriture harappéenne dans les niveaux pré-harappéens de sites tels que Padri dans le Gujarat, Kalibangan en Rajasthan, Banawali en Haryana, Dholavira dans le Kutch, et Harappa dans le Punjab occidental, montrent que les racines de l'écriture harappéenne remontent à cette phase. Une autre caractéristique notable est l'apparition de la « divinité cornu » dans plusieurs endroits. Il est peint sur un pot trouvé à Kot Diji et sur plusieurs pots trouvés à Rehman Dheri, datant autour de 2800–2600 avant notre ère. À Kalibangan, Période I, sa figure était incisée sur un côté d'un gâteau en terre cuite, tandis que de l'autre côté était une figure avec un animal lié. Cela suggère que le processus de « convergence culturelle » s'étendait aussi aux sphères religieuses et symboliques. Mais comment cette convergence a-t-elle eu lieu? Qu'est-ce qui a mené à la transition de la phase proto-urbaine pré-harappéenne à une vie urbaine pleinement développée?

Il est probable que l'augmentation de la spécialisation des métiers, particulièrement liée au développement de la métallurgie du cuivre dans le Rajasthan, ait joué un rôle important dans cette transition. Un autre facteur déterminant pour la propagation des établissements dans les plaines inondables de l'Indus pourrait avoir été la croissance agricole basée sur un système d'irrigation organisé, bien qu'il manque de preuves directes. Le catalyseur de cette transition pourrait aussi résider dans l'émergence d'un nouveau leadership politique, des changements significatifs dans l'organisation sociale, ou peut-être une nouvelle idéologie. Malheureusement, ces changements sont difficiles à déduire des données archéologiques disponibles.

La relation entre les phases pré-harappéenne et harappéenne mûre présente également plusieurs lacunes dans notre compréhension. Les informations sur les plus anciens niveaux de sites tels que Mohenjodaro et Harappa sont insuffisantes. Il existe plusieurs sites de la phase mature harappéenne qui ne présentent pas de niveaux pré-harappéens, tels que Lothal, Desalpur, Chanhudaro, Mitathal, Alamgirpur, et Ropar. De même, certains sites pré-harappéens de la région de Potwar ne comportent pas de niveaux harappéens mûrs.

Les plus grands établissements de la civilisation harappéenne comprenaient Mohenjodaro (plus de 200 ha), Harappa (plus de 150 ha), Ganweriwala (plus de 81,5 ha), Rakhigarhi (plus de 100 ha), et Dholavira (environ 100 ha). Certains sites très grands, comme ceux de Cholistan, ont été estimés à une taille comparable à Mohenjodaro. Les grands sites harappéens étaient en interaction avec les petites communautés rurales, fournissant des ressources et des biens, ce qui montre que l'urbanisation de cette civilisation n’était pas totalement concentrée dans les grandes cités mais dépendait aussi des villages pour ses productions.