Soit AXA \subseteq X et une fonction g:AYg : A \to Y. Toute fonction f:XYf : X \to Y telle que la restriction de ff à AA coïncide avec gg est appelée une extension de gg, que l’on note fgf \supseteq g. Cette notion d’extension est fondamentale dans la théorie des fonctions, car elle permet de prolonger une fonction définie sur une partie d’un ensemble à l’ensemble tout entier, tout en respectant la correspondance initiale. Par exemple, la fonction identité idY\text{id}_Y est une extension naturelle de l’inclusion i:AYi : A \to Y lorsque AYA \subseteq Y.

Lorsqu’une fonction f:XYf : X \to Y a une image contenue dans un sous-ensemble UYVU \subseteq Y \subseteq V, on peut considérer sans ambiguïté plusieurs versions « induites » de ff à valeurs respectivement dans UU, YY ou VV. En pratique, on conserve la même notation ff pour ces fonctions « induites », ce qui reflète la flexibilité du codomaine dans l’analyse fonctionnelle.

La fonction caractéristique d’un sous-ensemble AXA \subseteq X, notée χA:X{0,1}\chi_A : X \to \{0,1\}, illustre également un cas particulier important, où chaque élément de XX est envoyé sur 11 s’il appartient à AA, et sur 00 sinon. Cette construction est centrale pour la représentation des ensembles sous forme de fonctions indicatrices, ce qui facilite le passage entre théorie des ensembles et analyse fonctionnelle.

La composition des fonctions, notée gfg \circ f pour f:XYf : X \to Y et g:YVg : Y \to V, est définie par (gf)(x)=g(f(x))(g \circ f)(x) = g(f(x)). Elle satisfait la propriété d’associativité, ce qui signifie que pour trois fonctions f,g,hf, g, h, la composition (hg)f(h \circ g) \circ f coïncide avec h(gf)h \circ (g \circ f). Cette associativité permet d’écrire des compositions multiples sans parenthèses, par exemple hgfh \circ g \circ f, simplifiant ainsi la notation et la manipulation des fonctions composées.

L’utilisation de diagrammes commutatifs est un outil visuel efficace pour représenter les relations entre plusieurs fonctions et ensembles. Un diagramme est dit commutatif si, pour toute paire de chemins entre deux ensembles dans le diagramme, les compositions de fonctions correspondantes sont égales. Cette propriété exprime l’égalité fonctionnelle de différentes manières de parcourir un graphe, ce qui est crucial dans diverses branches des mathématiques, notamment en algèbre et topologie.

Une fonction f:XYf : X \to Y est dite surjective si son image coïncide avec YY, injective si f(x)=f(y)f(x) = f(y) implique x=yx = y, et bijective si elle est à la fois injective et surjective. Ces propriétés sont fondamentales pour comprendre la nature des correspondances entre ensembles. Par exemple, les projections canoniques prk:j=1nXjXk\text{pr}_k : \prod_{j=1}^n X_j \to X_k sont toujours surjectives mais pas forcément injectives.

La bijection est caractérisée par l’existence d’une fonction inverse unique f1:YXf^{ -1} : Y \to X, telle que ff1=idYf \circ f^{ -1} = \text{id}_Y et f1f=idXf^{ -1} \circ f = \text{id}_X. Cette propriété d’inversibilité est essentielle, car elle garantit un parfait échange entre éléments de XX et YY, assurant ainsi une correspondance exacte et réversible.

Au-delà des fonctions elles-mêmes, on définit les images et les préimages d’ensembles : pour AXA \subseteq X, l’image f(A)Yf(A) \subseteq Y est l’ensemble des valeurs prises par ff sur AA, tandis que pour CYC \subseteq Y, la préimage f1(C)Xf^{ -1}(C) \subseteq X rassemble tous les éléments de XX envoyés dans CC. Ces notions s’étendent naturellement à des fonctions à valeurs dans les parties (ensembles) des ensembles cibles, appelées fonctions à valeurs dans les parties.

La fonction f1f^{ -1}, lorsqu’elle est appliquée à un singleton {y}Y\{y\} \subseteq Y, donne la fibre de ff en yy, c’est-à-dire l’ensemble des antécédents de yy sous ff. La fibre peut être vide, contenir un seul élément ou plusieurs, selon la nature de ff.

Certaines propriétés d’ordre et de structure sont respectées par ces images et préimages : par exemple, l’image d’une réunion d’ensembles est la réunion des images, tandis que l’image d’une intersection est contenue dans l’intersection des images. Pour les préimages, on a des égalités exactes pour les unions comme pour les intersections, ce qui témoigne d’une correspondance stricte entre opérations sur les ensembles d’arrivée et d’origine.

La notation Funct(X,Y)\mathrm{Funct}(X,Y) désigne l’ensemble des fonctions de XX vers YY, et se trouve être un sous-ensemble de P(X×Y)\mathcal{P}(X \times Y), l’ensemble des parties du produit cartésien X×YX \times Y. Cela montre la nature intrinsèque des fonctions comme relations particulières avec certaines propriétés (unicité de l’image pour chaque antécédent).

Ces concepts ne sont pas seulement abstraits mais servent de fondement à des constructions plus complexes en mathématiques, comme les relations, opérations, structures algébriques et topologiques, ainsi qu’en informatique théorique, où les notions de fonction, extension et composition interviennent constamment.

Il importe de garder à l’esprit que la distinction entre les fonctions au niveau des éléments et celles définies sur les parties des ensembles éclaire des aspects essentiels de la théorie des ensembles et de la logique mathématique. La rigueur dans la manipulation de ces notions est indispensable pour éviter des confusions fréquentes, notamment entre fonction et relation, image directe et image réciproque.

La compréhension des propriétés de l’injectivité, surjectivité, bijectivité et de leurs conséquences sur l’existence d’inverses ou d’extensions est cruciale pour aborder des questions plus avancées comme les isomorphismes, équivalences de structures, et transformations dans diverses branches des mathématiques.

Comment définir et comprendre la convergence uniforme des suites de fonctions ?

Dans l’étude des suites de fonctions, il est essentiel de distinguer différents types de convergence, selon qu’on s’intéresse au comportement en chaque point ou à une convergence « globale » sur tout l’ensemble. Cette distinction est au cœur de l’analyse moderne, notamment dans le cadre des espaces fonctionnels de Banach.

Considérons une suite de fonctions (fn)(f_n) définies sur un ensemble XX, à valeurs dans un espace de Banach EE. La convergence ponctuelle consiste simplement à observer que, pour chaque point xXx \in X, la suite (fn(x))(f_n(x)) converge vers une limite f(x)f(x) dans EE. Autrement dit, la limite est prise point par point. Cependant, ce mode de convergence, quoique naturel, est souvent insuffisant pour préserver les propriétés analytiques importantes des fonctions, telles que la continuité ou la différentiabilité. En effet, il est possible d’avoir une suite de fonctions infiniment différentiables qui converge ponctuellement vers une fonction discontinue, illustrant la faiblesse de cette convergence.

Pour pallier cette lacune, la convergence uniforme impose une condition plus forte : pour chaque ε>0\varepsilon > 0, il existe un rang NN indépendant du point xx, tel que pour tout nNn \geq N et tout xXx \in X, la norme fn(x)f(x)\|f_n(x) - f(x)\| soit inférieure à ε\varepsilon. Cette uniformité dans la convergence assure que la distance entre fnf_n et ff est contrôlée globalement, non seulement en chaque point. Elle permet ainsi de transférer des propriétés des fnf_n à la limite ff, notamment la continuité.

Un autre aspect fondamental de la convergence uniforme est son lien étroit avec la structure des espaces de Banach. Lorsque les fonctions fnf_n sont toutes bornées, la suite (fn)(f_n) peut être vue comme une suite dans l’espace de Banach des fonctions bornées B(X,E)B(X,E). Dans ce cadre, la convergence uniforme coïncide exactement avec la convergence dans la norme infinie \|\cdot\|_\infty, ce qui offre un cadre abstrait et puissant pour l’étude des suites de fonctions.

Il est aussi important de souligner que toute convergence uniforme est une convergence ponctuelle, mais l’inverse n’est pas vrai. Des exemples classiques montrent que la convergence ponctuelle peut être très irrégulière et ne pas assurer la continuité de la limite, alors que la convergence uniforme impose une régularité accrue. Ainsi, la convergence uniforme est une condition clé pour garantir que la limite d’une suite de fonctions conserve des propriétés analytiques importantes.

Le critère de Cauchy pour la convergence uniforme fournit une caractérisation utile : une suite (fn)(f_n) converge uniformément si et seulement si elle est de Cauchy pour la norme infinie. Cette approche facilite la démonstration de convergence dans des contextes abstraits, en s’appuyant sur la complétude de l’espace considéré.

Enfin, au-delà de la convergence uniforme et ponctuelle, d’autres modes de convergence plus délicats existent, comme la convergence en moyenne ou la convergence faible, qui jouent un rôle crucial dans des domaines avancés de l’analyse fonctionnelle, mais ils dépassent le cadre de cette présentation.

La compréhension approfondie de ces notions est indispensable pour appréhender la théorie des séries de fonctions, les séries entières, et plus largement les fondements de l’analyse moderne. Par exemple, le théorème de Stone-Weierstrass illustre la puissance de la convergence uniforme en garantissant l’approximation uniforme de fonctions continues par des polynômes, un résultat central pour la théorie de l’approximation.

Il est important de noter que la convergence uniforme intervient également dans l’étude des espaces de fonctions continues sur des espaces compacts, un cadre naturel et riche qui assure des propriétés topologiques et analytiques optimales. Ce contexte permet notamment de relier l’analyse classique aux structures algébriques, comme les algèbres de Banach.

Ainsi, la convergence uniforme est non seulement un concept technique, mais elle constitue une pierre angulaire de l’analyse fonctionnelle, garantissant la robustesse des limites de suites de fonctions et facilitant leur étude dans un cadre abstrait et général.