Un grand nombre de personnes incarcérées aux États-Unis, environ deux tiers, ont été en contact avec l'alcool ou les drogues avant leur arrestation. En 2016, 39 % des prisonniers d'État et 31 % des prisonniers fédéraux ont rapporté avoir consommé des drogues au moment de leur infraction. Une fraction d’entre eux a avoué avoir commis des crimes dans le but de se procurer des substances. Ce phénomène touche toutes les sphères de la société, illustrant l’ampleur du lien entre addiction et criminalité. Les chiffres indiquent aussi que 45 % des prisonniers purgent leur peine pour des infractions liées aux drogues.

La question des coûts liés aux habitudes de consommation de drogues et d'alcool est primordiale. Le prix des drogues est souvent une illusion. Par exemple, un gramme d'héroïne coûte environ 69 dollars en Europe, contre 300 dollars aux États-Unis. Cependant, le prix payé par le consommateur ne reflète pas la pureté de la substance. Le produit est fréquemment coupé avec des produits de remplissage, augmentant ainsi la quantité de substances inutiles ingérées. Ce processus, en plus d’être une fraude pour l'acheteur, fait grimper les dépenses à mesure que la tolérance à la drogue augmente. Une personne accro devra en effet consommer plus pour ressentir le même effet, ce qui crée un cercle vicieux d’augmentation des dépenses.

Le coût de maintenir une addiction ne se limite pas à l’argent. Les comportements impulsifs sous l’effet de drogues ou d’alcool conduisent souvent à des infractions criminelles, telles que le vol, la fraude ou d’autres délits pour financer l’habitude. Les addictions comportementales, comme le jeu ou le shopping excessif, peuvent également générer des dettes importantes, incitant la personne à recourir à des actions criminelles pour récupérer des fonds.

L’alcool et les drogues altèrent souvent le jugement, en particulier en exacerbant l’agressivité. Les substances psychotropes diminuent les inhibitions, ce qui conduit à des comportements agressifs ou violents, même en réponse à des frustrations mineures. L’agressivité est particulièrement dangereuse lorsqu'elle s'ajoute à l’alcool ou aux drogues, qui amplifient les réactions émotionnelles. Cette situation est aggravée par le fait que certaines personnes sous l’effet de substances peuvent devenir imprévisibles, ce qui met en danger non seulement elles-mêmes, mais aussi leur entourage. L’irritabilité et la colère se manifestent souvent par des crises de violence, alors que d'autres préfèrent contenir leurs émotions de manière plus subtile mais tout aussi délétère.

Les conséquences de l'abus de substances ne se limitent pas seulement à l’individu : les familles sont aussi sévèrement affectées. L’addiction génère une dynamique familiale complexe. Les proches, souvent dans le déni, tentent désespérément d'aider la personne, mais leur implication peut paradoxalement aggraver la situation. La dépendance entraîne des conflits, des culpabilités et une profonde détresse émotionnelle pour les membres de la famille. L'aide apportée peut, au contraire, être perçue comme une intrusion ou une tentative de contrôle, exacerbant ainsi la rupture des liens familiaux.

L’une des conséquences les plus graves de l’addiction est le risque pour la santé physique et mentale. Les drogues et l’alcool affectent non seulement le cerveau, mais aussi d’autres organes vitaux. L’injection de drogues, par exemple, expose au VIH et à l’hépatite C. L’usage de substances, surtout lorsqu'elles sont mal dosées ou coupées, peut entraîner une overdose fatale. L’alcool, utilisé à long terme, endommage gravement le foie, le cerveau et d'autres systèmes corporels. De plus, les risques augmentent considérablement chez les femmes enceintes qui consomment des drogues ou de l’alcool, affectant ainsi le développement de leur bébé. Les enfants exposés à ces substances peuvent naître avec des handicaps ou des dépendances graves.

Un autre aspect souvent négligé des risques liés à l’addiction est celui des comportements sexuels à risque. Les personnes ayant une addiction sexuelle peuvent avoir des relations non protégées avec plusieurs partenaires, augmentant ainsi le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH. Ce comportement est exacerbé par la dépendance, qui pousse à des actions impulsives, sans prendre en compte les conséquences à long terme. Le coût psychologique est aussi à prendre en compte, car les dépendances comportementales comme le jeu peuvent entraîner des épisodes de dépression profonde et de pensées suicidaires, bien plus fréquents chez les individus accros que dans la population générale.

Les risques liés à l’addiction sont progressifs. Plus une personne persiste dans une consommation ou un comportement compulsif, plus les dégâts sont importants, tant sur le plan physique que psychologique. Ce processus progressif conduit souvent à un état de dépendance où il devient extrêmement difficile de revenir en arrière. L’addiction, qu’elle soit chimique ou comportementale, a des conséquences qui vont bien au-delà de la simple recherche de plaisir ou d’évasion.

Il est crucial de comprendre que les effets de l’addiction ne touchent pas seulement l’individu, mais imprègnent l’ensemble de son environnement. Les coûts, non seulement matériels mais aussi émotionnels et relationnels, sont considérables. Les familles doivent faire face à des réalités difficiles, souvent confrontées à l’incompréhension, la culpabilité et la détresse. La prise de conscience de la gravité de l'addiction, tant pour la personne concernée que pour son entourage, est essentielle pour amorcer une réhabilitation et un véritable processus de guérison.

Pourquoi le traitement physique de la dépendance nécessite-t-il une supervision médicale rigoureuse ?

Le traitement de la dépendance physique est une étape cruciale mais souvent sous-estimée dans le processus de guérison. Bien qu'il puisse sembler plus simple de gérer soi-même la désintoxication, il est fondamental de comprendre que sans l'accompagnement d’un médecin, cette démarche peut rapidement devenir dangereuse. Les risques associés à la désintoxication, en particulier en ce qui concerne les substances comme l'alcool ou les médicaments sédatifs-hypnotiques, sont tels qu’ils peuvent entraîner des conséquences fatales si l’on ne prend pas de précautions appropriées. Ainsi, l’un des points majeurs soulignés dans cette démarche est la nécessité d’avoir un professionnel de santé de confiance à ses côtés.

Lorsqu’une personne consomme de manière régulière et excessive de l'alcool, par exemple, l’adaptation du cerveau à cette substance crée une forme de dépendance physique. Le corps, par des changements biochimiques complexes, finit par dépendre de l'alcool pour fonctionner normalement. Si l’alcool est soudainement supprimé, des symptômes de sevrage peuvent apparaître rapidement et évoluer vers des formes graves, voire fatales, comme le delirium tremens, caractérisé par des tremblements, des hallucinations et une agitation extrême. Ces symptômes peuvent rapidement devenir incontrôlables, et il est donc crucial que le sevrage se fasse sous supervision médicale pour éviter de telles complications.

La même approche s’applique à d’autres substances, telles que les benzodiazépines, dont le sevrage peut être long et difficile, avec des symptômes qui culminent plusieurs jours après la réduction ou l'arrêt du médicament. Ce processus de désintoxication varie selon les substances et les individus, mais la règle fondamentale reste la même : il est impensable de gérer ce processus seul. Une prise en charge médicale permet non seulement d’assurer une transition sécurisée, mais aussi de surveiller l’évolution de l’état du patient au fur et à mesure de son sevrage.

La désintoxication, en tant que processus, consiste simplement à débarrasser le corps des substances nocives qu'il a accumulées, mais elle ne doit pas être confondue avec un traitement de la dépendance. C’est une phase préalable à un traitement plus global de l’addiction, qui doit inclure des aspects psychologiques et comportementaux. La dépendance ne réside pas seulement dans la présence de la substance dans le corps, mais dans la manière dont cette substance a reconfiguré le fonctionnement du cerveau et comment elle se manifeste sous forme de comportements addictifs.

Les processus de tolérance et de dépendance sont intimement liés à des changements dans la chimie du cerveau, notamment dans les systèmes des opiacés et des neurotransmetteurs. Lorsqu’une personne consomme de l’héroïne, par exemple, elle ressent une euphorie et une diminution de la douleur. Mais en cas de sevrage, les effets inverses se produisent : une humeur dépressive, une sensibilité accrue à la douleur, ainsi que des symptômes physiques comme des nausées et des vomissements. Ces symptômes de sevrage sont souvent débilitants et, dans certains cas, mortels, en particulier lorsque les substances en cause dépriment le système respiratoire, comme dans le cas de l'alcool à forte dose.

Le processus de désintoxication peut prendre des formes variées, allant de l’hospitalisation à des programmes de désintoxication résidentiels, selon la gravité de la dépendance et des substances consommées. Si un sevrage peut commencer rapidement après l'arrêt d'une substance, comme l’alcool, qui entraîne des symptômes dans les heures suivant l’arrêt, d’autres substances, comme les benzodiazépines, nécessitent une période de sevrage beaucoup plus longue, parfois de plusieurs jours.

Mais il est crucial de souligner que la désintoxication, en tant que processus, n'est pas un traitement suffisant en soi. C'est seulement la première étape dans un parcours long et complexe. L’addiction, qu’elle soit à l’alcool, aux drogues ou à d'autres comportements, est une maladie chronique qui requiert une approche globale, intégrant des soins médicaux et psychologiques. Il est donc essentiel de comprendre que la désintoxication ne guérit pas l'addiction, mais prépare le terrain pour un traitement plus profond qui traite les causes sous-jacentes de la dépendance.

Ainsi, tout au long de ce processus, la supervision médicale est indispensable non seulement pour assurer la sécurité physique du patient, mais aussi pour préparer une transition vers des soins thérapeutiques plus vastes. Il ne faut pas se laisser tromper par l’idée que le sevrage physique est suffisant. Sans un accompagnement psychologique et comportemental, les chances de rechute augmentent considérablement, car les individus doivent apprendre à gérer les déclencheurs de leur dépendance et les aspects émotionnels et comportementaux associés à celle-ci. La désintoxication peut être un point de départ, mais ce n'est qu'après qu'un traitement complet pourra avoir lieu.