Le modèle thermodynamique d'équilibre (TEC) sous chargement par onde de choc est utilisé pour décrire les paramètres thermodynamiques des alliages et des mélanges soumis à des conditions extrêmes. Ce modèle prend en compte non seulement les propriétés classiques des matériaux, mais aussi les transitions de phase polymorphes, un phénomène crucial pour comprendre le comportement des matériaux sous forte pression et température. L'une des spécificités de ce modèle réside dans la prise en compte de la transition de phase polymorphe qui peut se produire sous l'effet des ondes de choc, transformant les matériaux d’une phase à basse pression en une phase à haute pression.

Le modèle proposé repose sur l’hypothèse que tous les composants du mélange, y compris le gaz dans les pores, possèdent des valeurs égales des paramètres thermodynamiques tels que la pression et la température. Pour les phases condensées, l’équation d'état (EoS) de type Mie-Grüneisen est utilisée. Les équations relatives aux composants condensés sont spécifiées pour décrire leurs états en fonction de la pression et de l’énergie spécifique. L'énergie thermique est également prise en compte via les capacités calorifiques constantes, ce qui permet une modélisation précise des matériaux dans une gamme étendue de pressions et de températures.

Pour la description des gaz, l'EoS classique d'un gaz parfait est appliquée, tout en intégrant des conditions de conservation du flux de masse, de la quantité de mouvement et de l'énergie. Ces équations sont suffisantes pour calculer l'adiabatique de choc du matériau étudié. Par exemple, en ce qui concerne les alliages, le modèle prend en compte non seulement la densité initiale des matériaux, mais aussi leur composition, ce qui permet de simuler le comportement dynamique des alliages sous des charges extrêmes.

Un aspect clé du modèle est la capacité à simuler une transition de phase polymorphe. Cette transition se produit lorsque, sous l’effet des conditions de pression et de température extrêmes générées par l’onde de choc, une fraction d'une phase à faible pression se transforme en une phase à haute pression. Le modèle exprime cette évolution à travers une fraction volumique α, qui dépendent de l'énergie du matériau. La relation entre l'énergie actuelle et l'énergie nécessaire pour passer complètement à la phase haute pression détermine cette fraction de transformation.

Dans les simulations, ce phénomène est analysé à travers une série de paramètres thermodynamiques et des courbes d’adiabatiques de choc pour des matériaux comme l’or (Au), le plomb (Pb) et le germanium (Ge), en fonction des données expérimentales disponibles. Ces simulations montrent que la prise en compte des transitions de phase polymorphes améliore considérablement la précision de la description des matériaux sous haute pression, notamment pour les alliages.

Il est aussi essentiel de noter que le modèle permet de simuler des matériaux solides et poreux, en intégrant la porosité des alliages. Cette porosité modifie la manière dont les matériaux réagissent aux ondes de choc, et sa prise en compte dans le modèle améliore l’accord avec les données expérimentales. Par exemple, les simulations pour des alliages d’or et de plomb montrent que les paramètres déterminés pour chaque matériau pur peuvent être appliqués aux alliages, avec une précision expérimentale.

En outre, pour les matériaux comme le germanium, qui subissent des transitions de phase polymorphes, le modèle distingue clairement les phases à basse et haute pression. Cette distinction est cruciale pour une description correcte des comportements sous chargement dynamique, particulièrement lorsque les pressions atteignent des valeurs très élevées, comme celles dépassant 30 GPa.

Ainsi, en intégrant ces éléments dans la modélisation, on obtient des résultats précis et fiables qui peuvent être utilisés pour prédire le comportement des matériaux dans des conditions extrêmes, ce qui est particulièrement pertinent dans des applications militaires ou industrielles où les matériaux doivent supporter des impacts de haute intensité.

Une compréhension approfondie du modèle thermodynamique sous onde de choc et de ses implications pour les transitions de phase polymorphes est essentielle pour la recherche et le développement de nouveaux matériaux capables de résister à des environnements extrêmes. L'ajout de la porosité dans ces modèles permet également d'étendre leur applicabilité à des matériaux plus complexes, en ouvrant des perspectives pour la conception de matériaux composites avancés.

Modélisation Thermodynamique et Comportement des Alliages Sous Charges Dynamiques

Les résultats de simulation et les données expérimentales disponibles pour trois alliages d'or en combinaison avec du germanium sont présentés. Dans cette étude, on considère des alliages avec des fractions massiques de 94,2 % d'Au et 5,8 % de Ge, 92,1 % d'Au et 7,9 % de Ge, ainsi que 90,7 % d'Au et 9,3 % de Ge. Les densités initiales correspondantes sont respectivement de 16,851 g/cm³, 16,111 g/cm³ et 15,536 g/cm³. Les adiabates de choc sont représentées graphiquement avec un décalage de pression de 100 GPa dans le diagramme des variables de pression et de vitesse de masse. Les calculs montrent une bonne concordance avec les données expérimentales. On suppose que la transition de phase du germanium dans l'alliage commence dans les mêmes conditions que pour le germanium pur, une hypothèse confirmée par les simulations de mélanges à deux composants subissant une transition de phase.

Les résultats indiquent que le schéma proposé pour décrire les paramètres thermodynamiques sous charges dynamiques permet de bien reproduire le comportement des matériaux purs comme ceux contenant de l'or en tant que composant. En effet, les calculs sont cohérents avec les données expérimentales obtenues pour les alliages d'Au avec du plomb ou du germanium, tels que les alliages Au-Pb et Au-Ge. Ce modèle permet de déterminer les rapports des composants dans les alliages et mélanges, afin d'obtenir les paramètres thermodynamiques souhaités après une exposition aux ondes de choc.

Dans le contexte de charges dynamiques élevées, l’équilibre thermodynamique entre les composants devient crucial pour modéliser l’interaction de ces derniers. Cela est particulièrement pertinent pour les matériaux subissant des transitions de phase sous l’effet des ondes de choc. L’interaction entre les composants, modélisée sous l’hypothèse de l’équilibre thermodynamique, devient essentielle lorsqu’on travaille avec des matériaux qui subissent des transitions de phase dans des conditions extrêmes. Par conséquent, ce modèle est particulièrement utile pour la simulation de matériaux hétérogènes, qu'ils soient solides ou poreux, sous des chargements par ondes de choc.

Les résultats de la simulation ont démontré que cette approche permet de caractériser précisément les comportements des alliages sous conditions dynamiques extrêmes. Les alliages métalliques comme ceux d'or et de germanium montrent des comportements spécifiques, notamment la transition de phase qui affecte leur compressibilité et leur résistance sous charge. Ce modèle peut ainsi être utilisé pour ajuster les compositions des alliages et des mélanges afin d’obtenir des caractéristiques thermodynamiques spécifiques sous charges par ondes de choc.

Les simulations réalisées ont mis en évidence l'importance de l’équilibre thermodynamique dans la modélisation des matériaux soumis à des forces extrêmes. La capacité à déterminer les caractéristiques des alliages, notamment en ce qui concerne la transition de phase et la compressibilité, est essentielle pour la conception de matériaux résistants aux environnements de haute pression. Ces travaux permettent d’étendre la compréhension des phénomènes se produisant lors de l'impact de vagues de choc sur des matériaux hétérogènes, avec des applications possibles dans des domaines tels que la science des matériaux, la physique des matériaux sous haute pression, et la dynamique des fluides.

Comment les ondes de choc interagissent-elles avec une couche granulaire perméable déformable ?

Le domaine de calcul se divise en trois sous-régions successives : air, couche granulaire, puis à nouveau air. Les frontières de ces sous-domaines sont précisément définies par les coordonnées x₁ = −0,2 m, x₂ = 0 m, x₃ = 0,017 m et x₄ = 0,217 m. Le premier sous-domaine contient un gaz, ici de l’air, avec des paramètres correspondant à ceux situés derrière le front d’une onde de choc plane incidente. Le second est une couche granulaire mobile et déformable, d’épaisseur H = 0,0127 m, caractérisée par un coefficient de perméabilité initial α = 0,215. Ce coefficient est défini comme le rapport entre la surface des pores et la surface totale de l’élément de milieu. Le gaz contenu dans les pores commence à une pression de 0,1 MPa et une densité de 1,23 kg/m³. Enfin, le troisième sous-domaine est un gaz immobile initialement aux mêmes paramètres que dans la couche granulaire. L’exposant adiabatique γ du gaz est uniforme et égal à 1,4 dans l’ensemble du domaine.

L’étude repose sur une modélisation numérique fine, avec un maillage spatial d’une taille de 0,0005 m, afin de saisir les phénomènes complexes lors de l’interaction des ondes de choc avec la couche granulaire. Cette dernière est supposée déformable, et ses propriétés mécaniques suivent une loi caractéristique des matériaux poreux, où la pression et la densité varient suivant une courbe non linéaire comportant une phase de déchargement assimilée à une droite dont la pente est associée au carré de la vitesse du son dans le matériau.

Initialement, la couche granulaire est au repos, sans déformation, avec une densité de 680 kg/m³ et une pression égale à 0,1 MPa. Lors de la compression induite par l’onde de choc, la perméabilité diminue selon une loi linéaire en fonction de la densité, conséquence directe de la compaction du matériau. Cette relation a été validée par des modélisations tridimensionnelles d’élastoplastie sur des fragments symétriques de couches granulaires.

En amont (région x < 0), les conditions initiales correspondent aux paramètres constants situés derrière le front de l’onde de choc incidente, calculés à partir du nombre de Mach M₀ et des formules classiques du saut de choc, où la vitesse du son en amont et l’exposant adiabatique sont des données fondamentales.

Trois niveaux d’intensité de choc incident ont été étudiés, allant de 0,15 MPa à 0,3 MPa en pression du choc. À un instant t = 0,2 ms, les distributions de pression, densité et vitesse révèlent une dynamique riche, marquée par la formation d’ondes réfléchies d’amplitude plus de deux fois supérieure à celle de l’onde incidente. La couche granulaire joue un rôle crucial en amplifiant la pression dans le gaz contenu dans ses pores, avec des amplitudes jusqu’à un ordre de grandeur supérieur à celles de l’onde initiale, signe de phénomènes non linéaires intenses.

Les ondes dans la phase solide présentent elles aussi une nature non linéaire, avec une augmentation notable de l’amplitude lors de leur propagation. La compression du matériau peut atteindre un facteur 1,76, provoquant une diminution substantielle de sa perméabilité, laquelle influence directement la transmission et la réflexion des ondes.

La prise en compte des variations de perméabilité liées à la déformation modifie significativement les caractéristiques des ondes réfléchies, et dans une moindre mesure celles des ondes transmises. Cette influence s’accroît avec l’amplitude croissante de l’onde incidente, ce qui souligne la nécessité de considérer la perméabilité variable dans toute analyse précise des interactions ondes-couches granulaires.

Les modélisations numériques confirment que la protection apportée par des barrières granulaires perméables face à des ondes de choc puissantes dépend fortement de la compaction induite par ces ondes et du changement de perméabilité qui en découle. Ces résultats invitent à intégrer ces mécanismes dans l’évaluation des propriétés protectrices des matériaux granulaires utilisés comme écrans aux ondes de choc.

Au-delà des paramètres étudiés, il est fondamental de comprendre que l’interaction non linéaire entre ondes et milieux granulaires déformables implique des phénomènes d’amplification locale des pressions et des densités, susceptibles d’engendrer des effets mécaniques importants. La modélisation doit donc tenir compte non seulement des propriétés initiales, mais aussi des évolutions spatiales et temporelles des caractéristiques du matériau, comme la perméabilité, la densité et les conditions aux interfaces.

La complexité des ondes réfléchies et transmises, leur amplification et la dynamique de la déformation du milieu poreux montrent qu’une approche multidisciplinaire est indispensable, alliant mécanique des milieux poreux, dynamique des fluides compressibles et modélisation numérique avancée. Cela permet de prédire avec précision les réponses des barrières granulaires à des sollicitations extrêmes et d’optimiser leur conception pour des applications industrielles et de défense.