La pandémie de coronavirus a mis en lumière une époque charnière où la rupture d’un cycle historique semblait offrir des possibilités inédites, notamment en matière de réinvention des systèmes de sécurité sociale et de santé publique, tout en amorçant un mouvement global en faveur d’une démocratie radicale. Ce moment de crise sanitaire a révélé, de manière indiscutable, que l'État pouvait effectivement jouer un rôle protecteur envers ses citoyens, rétablissant ainsi une confiance en la capacité du gouvernement à intervenir pour améliorer la vie des individus. Pour certains observateurs, cette prise de conscience est en train de remettre en question les fondements mêmes du néolibéralisme, celui d’une société où les individus sont responsables de leur propre destin et où la concurrence est perçue comme un moteur de progrès.

Les leaders politiques qui sont parvenus à reconnaître cette dynamique ont non seulement inspiré une nouvelle réflexion sur les rôles respectifs de l’individu et de l'État, mais ont également permis à des valeurs démocratiques de reprendre place au cœur de la gestion des crises. L’un des grands enjeux soulevés par la pandémie est précisément la nature de la solidarité collective. Si la distanciation sociale a été présentée comme la norme pour ralentir la propagation du virus, il est vite devenu évident que l’on ne pouvait pas se contenter de simples gestes physiques. Il fallait, en parallèle, réinventer un projet politique et social fondé sur des principes de soin mutuel et de solidarité, un engagement collectif face à une menace commune.

Au-delà de la crise sanitaire, l’une des questions essentielles qui a émergé de la pandémie était celle de l’éducation et de la formation civique. La démocratisation du savoir et la transmission des valeurs civiques sont devenues des priorités, car la survie de la démocratie exige une citoyenneté éclairée. Si la pandémie a mis en exergue l'importance des connaissances scientifiques et de la pensée critique, elle a aussi montré les dangers de la désinformation et de la manipulation idéologique, souvent véhiculée par des groupes de pseudoscience. L’incitation à ingérer des désinfectants, par exemple, révélait la déconnexion tragique entre le leadership politique et la science, ainsi que l’influence croissante de groupes d'extrême droite, qui exploitent la confusion pour promouvoir des idéologies dangereuses.

La crise du Covid-19, de ce point de vue, a également exacerbé les fractures sociales existantes et souligné les inégalités profondes dans l’accès aux soins de santé et à la protection sociale. Le phénomène de la pandémie a agi comme un révélateur des inégalités systémiques de la société néolibérale, mais il a également ouvert des espaces de réflexion sur la manière de reconstruire un ordre social plus équitable. Ces réflexions se sont intensifiées autour de questions telles que la justice économique, la lutte contre le racisme systémique, et la nécessité de repenser la gouvernance mondiale face aux crises écologiques et économiques interconnectées.

Les perspectives critiques proposées par des penseurs comme Amartya Sen invitent à une « pensée grande » : une réflexion sur la société qui dépasse les enjeux immédiats de survie pour s'orienter vers la transformation radicale des structures sociales et économiques. C’est un appel à la révolution des valeurs, mais aussi à un projet politique visant à la reconstruction d’un ordre social plus démocratique, où la solidarité, la justice sociale et l’égalité économique ne sont plus des idéaux lointains mais des réalités concrètes à réaliser.

Toutefois, la pandémie a aussi montré à quel point la droite populiste, les mouvements autoritaires et certains régimes politiques ont profité de cette crise pour intensifier la répression et les violations des libertés civiles. L’essor du nationalisme, des discours anti-immigration, des attaques contre les droits des femmes et des minorités, ainsi que la montée des restrictions liées à la pandémie, ont révélé les dangers d’un retour à des pratiques politiques autoritaires sous prétexte de protection sanitaire.

Dans ce contexte, il est devenu évident que la démocratie ne peut pas simplement se contenter de revenir à son état antérieur. Il ne s'agit pas de rétablir un système où capitalisme et démocratie sont perçus comme indissociables, mais plutôt de repenser ces deux éléments en termes de justice sociale et d'égalité. Il ne suffit pas de plaider pour des réformes spécifiques, telles qu’un salaire minimum universel ou des droits de santé pour tous, aussi cruciales soient-elles. Ces revendications doivent s'inscrire dans une vision plus large de transformation sociale, en articulant les questions économiques, environnementales et sociales au sein d’un projet politique global visant à une société plus juste.

Les résistances aux politiques néolibérales, à la surveillance de masse et à l'exploitation capitaliste doivent dépasser la simple opposition à l'existant pour proposer un changement radical du système. La reconstruction d’une société démocratique et égalitaire, fondée sur des principes de solidarité et de respect des droits humains, devient ainsi un impératif. Ce n’est qu’à travers une telle démarche qu’il sera possible de véritablement répondre aux défis de notre époque, qu’ils soient liés à la crise sanitaire, à l’urgence climatique ou aux inégalités économiques grandissantes.

Le Leadership de Trump pendant la Pandémie : Une Défaillance Catastrophique

Ed Yong, dans The Atlantic, dresse un réquisitoire implacable contre la gestion de la pandémie par Donald Trump, dénonçant non seulement ses erreurs mais aussi l’absence totale de leadership face à une crise mondiale. Il n'est pas surprenant qu'un homme qui a fait près de 20 000 déclarations fausses ou trompeuses durant son mandat puisse minimiser l'ampleur de la pandémie. De plus, son racisme, son xénophobie et son narcissisme ont exacerbé la situation, et ce, dès le début de l'épidémie.

L'un des aspects les plus choquants de la gestion de la crise par Trump réside dans son incapacité à reconnaître la réalité. À plusieurs reprises, il a minimisé la gravité de la situation, affirmant que le virus disparaîtrait "magiquement". Cette désinvolture a été accompagnée d’une série de décisions désastreuses, telles que la réouverture des usines de transformation de viande, où une forte proportion de travailleurs sont des immigrés, malgré les risques évidents pour la santé publique. Un autre moment de dérision est survenu lorsqu’il a suggéré de traiter la Covid-19 en injectant du désinfectant, une proposition qui défie toute logique scientifique.

Il faut aussi noter l'absurdité de la gestion de la crise par les membres de son entourage. Jared Kushner, son gendre, a décrit la réponse fédérale comme "une grande réussite", alors même que les cas augmentaient de manière exponentielle. Lorsque Trump a mis fin à la task force dédiée à la pandémie, il a justifié cette décision par le simple fait que l’équipe avait des "cotes de popularité" élevées, une réflexion qui, à ce moment-là, semblait indécente face à l'ampleur des souffrances humaines.

La situation s'est encore aggravée avec l'attitude de Mike Pence, le vice-président, qui a tenté de défendre l'indéfendable, affirmant en juin 2020 que l'administration Trump avait accompli des progrès "remarquables". Ce déni de la réalité a conduit à des décisions catastrophiques, comme la tenue de rassemblements politiques en pleine pandémie, mettant en danger des milliers de vies. Le refus de porter un masque et la minimisation des mesures sanitaires, au nom de la liberté, ont encore intensifié la crise.

Au lieu de se concentrer sur une réponse coordonnée et basée sur les données scientifiques, Trump a choisi de faire des jeux politiques, accusant la Chine de la pandémie et attaquant Obamacare. L’un des faits les plus accablants est que l'inaction du gouvernement américain pendant les premiers mois de la pandémie a contribué à la mort de dizaines de milliers de personnes, un calcul qui pourrait être qualifié de "génocide par défaut", selon plusieurs experts.

De nombreux observateurs, dont Laurie Garrett, lauréate du prix Pulitzer, ont condamné la gestion de Trump en ces termes : "l'homme le plus incompétent et imprudent imaginable". Cependant, il est essentiel de comprendre que Trump, bien que l'exemple le plus frappant, est avant tout le produit d’un système capitaliste profondément défectueux. Son échec à gérer la pandémie met en lumière les inégalités structurelles, la corruption politique et l'inefficacité des institutions dans un contexte où les vies humaines sont souvent sacrifiées sur l'autel des intérêts économiques.

Il est donc crucial pour le lecteur de ne pas réduire cette situation à une simple critique d'un individu. L'inaction et l'incompétence de Trump sont symptomatiques de problèmes systémiques bien plus vastes qui nécessitent une réflexion plus profonde sur les mécanismes de pouvoir, la politique de santé publique et la gestion des crises mondiales dans le cadre du capitalisme contemporain. Si la pandémie a révélé des failles béantes dans la gestion publique, elle a aussi mis en lumière l'urgence d'un changement radical dans les priorités sociétales et politiques, une reconsidération du rôle de l'État dans la protection de la santé publique, et un réexamen de l'impact des inégalités structurelles sur les communautés les plus vulnérables.

Comment la dépolitisation néolibérale mine-t-elle l’agence démocratique et la conscience critique ?

À mesure que les liens entre démocratie et éducation s’effritent, l’espoir se transforme en ennemi de l’agence, réduisant cette dernière à une simple capacité à survivre, plutôt qu’à œuvrer pour améliorer les conditions de vie individuelles et collectives. Dans ce contexte, la résolution des problèmes devient une affaire strictement solitaire, et la responsabilité sociale se réduit à une notion régressive et dépolitisée de choix individuel. La sphère sociale, vidée de ses institutions démocratiques et de ses idéaux, est dominée par des visions apocalyptiques de peur et de fatalisme qui renforcent l’idée normalisée selon laquelle il n’existe aucune alternative aux logiques politiques actuelles et à la tyrannie de l’économie néolibérale mondiale.

Sous le néolibéralisme, les notions partagées de solidarité s’effacent en même temps que les institutions qui cultivent une sensibilité critique et engagée. Ce processus de dépolitisation suscite une interrogation fondamentale : comment peut émerger une conception démocratique de la politique, par quels moyens, et quels agents de changement sont susceptibles de porter la tâche d’une résistance collective ? Dans les formations politiques populistes contemporaines néolibérales, le langage devient un outil de répression de toute forme de décence morale et de lien avec autrui. En conséquence, la communication individuelle ancrée dans des valeurs démocratiques et dialogiques perd toute signification.

Leo Lowenthal souligne que les individus sont de plus en plus contraints d’agir comme des « chercheurs impitoyables de leur propre survie », des pions psychologiques d’un système dont le seul but est de maintenir le pouvoir. L’agence critique est désormais perçue comme dangereuse, sapée par les mécanismes pédagogiques néolibéraux et une culture de l’ignorance fabriquée, qui produisent simultanément une répression politique et un recul infantilisant. La dépolitisation transforme l’ignorance en vertu, rendant difficile pour les individus de trouver un équilibre entre raison et affect, de distinguer le vrai du faux et d’exercer un jugement critique et informé.

L’éducation, qu’elle soit scolaire ou inscrite dans les appareils culturels plus larges, tels que les médias dominants et conservateurs, devient un instrument de répression, servant à promouvoir et légitimer une propagande fasciste néolibérale. La tâche incessante de la critique cède ainsi le pas à l’échec de la conscience, tandis que l’on succombe à des visions simplistes du monde, fondées sur une irrationalité intrinsèque à la politique fasciste. La raison et le jugement informé, jadis conditions nécessaires à la formation de citoyens éclairés, se dissolvent dans une culture du cri, de la surenchère émotionnelle et d’une attention réduite. Les nouvelles technologies numériques et leurs plateformes monopolistiques privilégient la consommation rapide et la brièveté, conspirant à rendre la pensée, sinon la réflexion elle-même, difficile. Le savoir n’est plus dérangeant ; il est préemballé dans un cycle médiatique 24h/24, réduit à des slogans et des « bombes intelligentes » commerciales.

Le discours néolibéral agit comme une machine à désimagination, cherchant à contrôler l’histoire et à effacer les moments de résistance et d’oppression. L’histoire, en tant qu’acte de mémoire dangereuse, est blanchie, purgée de ses idéaux utopiques et remplacée par des fantasmes apocalyptiques : récits de déclin, de peur, d’insécurité, de menace imminente, souvent exprimés dans une rhétorique d’invasion, de hordes dangereuses, d’« autres » criminels et contaminés. Avec la disparition des vocabulaires publics et des récits historiques, il devient ardu pour les individus de saisir la multiplicité des guerres menées contre les idéaux démocratiques. Tout semble surgir sans antécédents, rendant la rhétorique vitriolée et les politiques du fascisme néolibéral plus vigoureuses, neuves, affranchies d’un passé répressif.

Cette politique de dépolitisation, qui reconfigure la sphère sociale, l’identité collective, la mémoire historique et la pensée critique, se traduit par une indifférence aiguë, un retrait de la vie publique et un mépris de la politique, lesquels constituent une véritable catastrophe politique. Le passage de la crise – qui implique la possibilité de changement – à la catastrophe – où la politique se dissout dans le cynisme et le désespoir – produit ce que Richard Rodriguez qualifie de « vacuité étonnante ». Dans une société marquée par un éloignement du bien commun, le devoir éthique de prendre soin de l’autre disparaît ou se voit méprisé. L’égoïsme et la quête de l’accomplissement personnel cohabitent avec une « morale indolore », vidée de ses obligations éthiques et insensible aux coûts sociaux.

Nous vivons à l’ère néolibérale où les institutions démocratiques, les valeurs et les relations qui nous unissent sont détruites. Cela se manifeste dans la concentration excessive du pouvoir et de la richesse, dans la corruption politique induite par les entreprises, dans la fusion délibérée de la violence et du pouvoir pour imposer des politiques cruelles envers des populations entières – femmes, immigrés, enfants, Noirs, musulmans. Cette cruauté, liée à la légitimation d’une politique fasciste, s’exprime à travers des gouvernances menées par des démagogues à travers le monde. Dans ces sociétés où les valeurs du marché priment sur celles de la démocratie, l’espoir survit à la marge, au milieu des ténèbres actuelles. L’espoir est la condition même de l’agence, et l’agence celle de la lutte. L’espoir élargit l’espace du possible, permettant de reconnaître l’inachèvement du présent.

Lorsque l’espoir meurt, ce sont aussi les sphères sociales essentielles, les biens publics, la conscience historique et les formes collectives de soutien nécessaires à une citoyenneté active qui disparaissent. Le problème de l’agence est une condition sine qua non pour toute forme viable de résistance individuelle et collective. Les transformations idéologiques et structurelles ne peuvent se réaliser que par la culture formative et les institutions qui font de l’éducation le cœur même de la politique. L’indifférence à la question des agents historiques du changement dans le présent moment est un signe alarmant, révélateur d’une crise profonde de la démocratie et d’un déclin de la conscience politique partagée.

Il importe de saisir que la crise actuelle ne peut être comprise uniquement à travers ses manifestations superficielles, mais qu’elle nécessite une analyse de la transformation des rapports sociaux, des modes de communication et des mécanismes éducatifs qui façonnent la pensée collective. La restauration d’une conscience critique exige une vigilance renouvelée face aux manipulations idéologiques et médiatiques, ainsi qu’un engagement renouvelé pour reconstruire des espaces publics authentiques où se déploient solidarité et dialogue. La mémoire historique doit être protégée contre l’effacement, non pour glorifier un passé immaculé, mais pour nourrir l’espoir et renforcer l’engagement envers un avenir démocratique et solidaire.

La montée du populisme de droite : la politique de division et de destruction sous Trump

La politique de Donald Trump s’est caractérisée par un mélange explosif de populisme de droite, de nationalisme exacerbé et de discours de haine qui ont profondément divisé les États-Unis. Son discours sur l’immigration, les droits des femmes, les personnes issues des minorités raciales et les autres groupes qui ne correspondaient pas à sa vision restreinte de la citoyenneté a évoqué les fantômes d’un passé sombre. Son attaque contre ceux qui luttaient pour la justice sociale et l'égalité, les qualifiant de fascistes d’extrême gauche, visait à nier l’histoire collective et à renverser les progrès réalisés au nom de l’égalité et des droits civiques.

Dans l'écosystème du populisme de droite, la vérité devient l’ennemie de la politique, et l’irrationalité sert de fondation pour justifier l’injustifiable. Trump a systématiquement sapé la liberté d’expression, usant de son pouvoir pour discréditer la presse qu’il accusait de propager des "fausses nouvelles". Son langage de déshumanisation, où les immigrés sans papiers étaient comparés à des "vermine" et des "animaux", a exacerbé la haine et la division. Il a également propagé des théories du complot, comme celle accusant l'ex-député Joe Scarborough d’être responsable de la mort de son assistante, vingt ans auparavant. Cette rhétorique visait non seulement à détourner l’attention de ses échecs, mais aussi à construire un climat politique où la cruauté devenait une stratégie de diversion.

Le discours de Trump n'a pas seulement alimenté des tensions raciales et sociales ; il a également joué un rôle crucial pendant la pandémie de Covid-19. En réponse à une crise sanitaire mondiale et à une série de manifestations contre la violence policière, Trump n’a cessé de renforcer l’appareil répressif de l’État. Plutôt que d’unir le pays en période de crise, il l’a plongé davantage dans une guerre culturelle, accentuant les divisions et nourrissant les peurs collectives. Son appel incessant à "l’ordre" et sa manipulation des médias ont créé un terrain fertile pour la violence politique et sociale. Loin de promouvoir une réponse rationnelle à la crise, Trump a utilisé la pandémie pour imposer une version déformée de la réalité, exploitant la peur et l’incertitude pour consolider son pouvoir.

Le populisme de droite, sous la forme qu’il a pris sous Trump, repose sur une vision déformée de la démocratie, où le jugement éclairé, l’action collective et la responsabilité civique sont remplacés par l’image du leader charismatique. Trump, comme d’autres figures populistes à travers le monde, a incarné ce processus de personnalisation de la politique, où la fonction démocratique est vidée de son sens pour ne devenir qu’un outil de domination. En agissant ainsi, il a non seulement creusé des divisions profondes dans la société américaine, mais a aussi mis en lumière les dangers d’un populisme autoritaire qui cherche à anéantir les bases mêmes de la démocratie.

L’ascension de Trump ne fut pas un événement isolé. Elle s’inscrit dans une longue tradition d’attitudes anti-démocratiques, militaristes, néolibérales et racistes aux États-Unis, qui remontent à plusieurs décennies. Le populisme de droite n’a pas seulement attaqué les institutions démocratiques ; il a aussi cherché à éradiquer la pensée critique et à écraser toute forme de résistance organisée. La violence politique et sociale, nourrie par une division binaire entre amis et ennemis, a exacerbé une dynamique de haine où la loyauté inconditionnelle remplaçait la participation démocratique.

Sous la présidence de Trump, l’Amérique est devenue un pays où la guerre civile symbolique entre les différentes fractions de la population est devenue la norme. L’unité qu’il prétendait défendre n’était qu’une façade, reposant sur un rejet des "autres" et sur une logique d’exclusion et de dévalorisation des vies humaines. En alimentant le nationalisme blanc et les sentiments d’intolérance, Trump a cherché à polariser la société de manière systématique, instaurant une politique de "disponibilité" des groupes qu’il jugeait indésirables, qu'il s'agisse des immigrants ou des opposants politiques.

Ce phénomène ne doit pas être vu comme une aberration temporaire. Il fait écho aux logiques autoritaires du passé, et la résurgence de ces pratiques ne peut être ignorée si l’on veut comprendre les dangers actuels. Comme l’a noté Hannah Arendt, il est impératif de "réexaminer" les résonances historiques de ce type de politique afin d’éviter que les "ruines de l’histoire" ne soient effacées de la mémoire collective. En observant les méthodes de Trump, on voit comment un populisme autoritaire peut se nourrir de la confusion, du rejet des faits et de l’instrumentalisation de la peur collective pour bâtir une domination durable.

Il est essentiel de souligner que la rhétorique populiste de droite ne se limite pas à une simple division idéologique. Elle incarne une rupture profonde avec les principes démocratiques et humanistes. Elle se nourrit de la déshumanisation des adversaires, de l’acceptation de la violence comme mode d’action légitime et de la banalisation des régimes de haine qui détruisent tout espace de débat démocratique véritable. Une telle politique, par sa nature même, remet en question les fondements du vivre-ensemble et de la solidarité humaine, car elle privilégie la destruction des autres au nom de l’unité idéologique.

La vigilance face à ces dérives est impérative, non seulement pour préserver les principes démocratiques, mais aussi pour construire une société fondée sur l'inclusivité, la justice et l’égalité. Si l’on ne comprend pas les mécanismes profonds du populisme de droite, on risque de se retrouver dans une société où la politique devient un terrain de lutte constante pour la survie idéologique et où la barbarie est légitimée sous le masque de la "protection" des valeurs nationales.