Un ensemble muni d’une famille de parties satisfaisant certaines propriétés est appelé espace topologique. Cette structure, apparemment abstraite, constitue le cadre fondamental où s’articulent notions d’ouverture, de voisinage, de continuité et de convergence, concepts essentiels tant en topologie qu’en analyse. Il est crucial de comprendre que la topologie d’un ensemble n’est pas unique : un même ensemble peut posséder plusieurs topologies radicalement différentes. De plus, contrairement aux intersections finies, l’intersection d’une infinité de parties ouvertes n’est pas nécessairement ouverte, ce qui souligne la complexité inhérente aux topologies.
L’exemple classique est celui de la droite réelle , où la topologie usuelle est engendrée par les intervalles ouverts . Ces ensembles ouverts, ainsi que leurs unions arbitraires et intersections finies, forment la base des ensembles ouverts dans . Considérons une suite d’ensembles ouverts ; bien que chaque soit ouvert, leur intersection infinie donne l’intervalle fermé , qui n’est pas ouvert. Ce phénomène illustre l’une des propriétés les plus subtiles des espaces topologiques.
Le concept de voisinage est central : un voisinage d’un point dans est un ensemble ouvert contenant ce point. Un ensemble est dit ouvert si chaque point qui le compose admet un voisinage entièrement contenu dans cet ensemble. Son complémentaire, dans , est alors fermé, caractérisant ainsi la dualité fondamentale entre ouvert et fermé.
La topologie naturelle sur un produit cartésien de deux espaces topologiques et est engendrée par les produits de parties ouvertes de chacun des espaces. Cela permet de construire des espaces complexes à partir de composantes plus simples.
La continuité d’une fonction entre espaces topologiques s’exprime par la préservation des voisinages : une fonction est continue en un point si pour chaque voisinage de dans , il existe un voisinage de dans tel que . Cette définition abstraite recouvre naturellement la définition classique de la continuité sur fondée sur les - : l’image de petits voisinages autour de reste à l’intérieur de petits voisinages autour de .
Les fonctions bijectives et continues jouent un rôle particulier. Une injection , c’est-à-dire une fonction où deux antécédents distincts ont deux images distinctes, possède une fonction réciproque bien définie sur l’image de . Une surjection couvre tout . Une bijection combine les deux propriétés.
Un homéomorphisme est une injection continue qui envoie des ouverts sur des ouverts et dont l’inverse est aussi continu. Deux espaces topologiques sont dits homéomorphes s’il existe un homéomorphisme bijectif entre eux. Cette relation d’équivalence topologique exprime que les espaces sont "topologiquement identiques", bien que leur apparence géométrique puisse différer. Par exemple, l’intervalle est homéomorphe à par la fonction . De même, un cercle et un carré dans le plan euclidien sont homéomorphes, illustrant la flexibilité du concept.
Cependant, l’homéomorphisme diffère du morphisme en algèbre : ce dernier conserve des structures algébriques supplémentaires, tandis que l’homéomorphisme ne fait que préserver la structure topologique.
Certaines applications naturelles, comme la paramétrisation du cercle unité par de vers , bien qu’injectives et continues, ne sont pas des homéomorphismes car leur inverse ne préserve pas la continuité, en raison de la topologie induite par la "bouclage" du cercle.
Au-delà de la continuité, l’étude approfondie des fonctions différentiables introduit la notion de fonctions , différentiables fois avec dérivées continues, et particulièrement les fonctions , infiniment différentiables, dites « lisses ». Parmi celles-ci, les fonctions analytiques sont celles dont le développement en série de Taylor converge vers la fonction elle-même, bien que certaines fonctions lisses ne soient pas analytiques, comme l’exemple donné par pour , 0 sinon.
Les diffeomorphismes sont les analogues différentiables des homéomorphismes : ce sont des bijections lisses dont l’inverse est également lisse. Leur domaine doit être un ouvert de . Ils constituent la pierre angulaire de la géométrie différentielle, notamment dans l’étude des variétés différentiables. Les diffeomorphismes préservent la structure lisse et permettent de définir des équivalences plus strictes entre espaces différentiables.
La matrice jacobienne, composée des dérivées partielles des composantes d’une fonction lisse, est un outil fondamental pour caractériser localement l’inversibilité des fonctions, comme l’indique le théorème de la fonction inverse. Celui-ci assure qu’en un point où le jacobien est inversible, la fonction admet un inverse localement défini et lisse.
Il est essentiel de distinguer l’homéomorphisme, qui ne nécessite que la continuité de la fonction et de son inverse, du diffeomorphisme, qui impose une différentiabilité infinie sur ces deux applications. Par exemple, la fonction est un homéomorphisme mais pas un diffeomorphisme, car l’inverse n’est pas différentiable en zéro.
La notion de topologie et ses applications à la continuité, l’injectivité, la surjectivité, l’homéomorphisme et le diffeomorphisme forment un cadre cohérent qui permet d’aborder rigoureusement des problèmes allant de la simple analyse à la géométrie différentielle avancée.
Il est important de noter que la compréhension de ces concepts nécessite non seulement l’assimilation de leurs définitions formelles, mais aussi la capacité à envisager des exemples et contre-exemples qui illustrent la subtilité de la topologie. La différence entre ouvert et fermé, la non-équivalence entre homéomorphisme et diffeomorphisme, ainsi que l’importance de la continuité de l’inverse sont des points fondamentaux. Par ailleurs, la notion d’espace topologique dépasse largement le cadre des espaces euclidiens, préparant à l’étude de structures plus générales, comme les variétés ou espaces fonctionnels, où ces concepts trouvent des applications majeures.
Comment définir et comprendre les variétés différentielles : cartes, atlas et structures différentiables
Il existe dans l’étude des variétés différentielles un concept fondamental qui consiste à considérer un espace topologique M muni d’une structure locale rappelant celle de l’espace euclidien ℝⁿ. Cette structure est donnée par des applications appelées cartes, qui établissent une correspondance bijective continue entre un ouvert de M et un ouvert de ℝⁿ, tout en préservant la topologie. Une carte, ou « chart », est donc un homéomorphisme , où U et V sont des ouverts respectifs de M et de ℝⁿ. Chaque point m dans le domaine de x se voit ainsi attribuer un ensemble de coordonnées dans ℝⁿ.
Il est essentiel de souligner que la définition d’une carte ne requiert pas que son domaine soit tout l’espace M, ce qui implique qu’une variété ne peut généralement pas être couverte par une seule carte. Pour pallier cette limitation, on considère des collections de cartes dont les domaines recouvrent tout M, appelées atlas. Ces atlas sont dits de classe (lisses) lorsque les changements de cartes, c’est-à-dire les compositions définies sur l’intersection des domaines des cartes x et y, sont des difféomorphismes lisses entre ouverts de ℝⁿ. Ce point est capital, car il garantit que les différentes coordonnées s’accordent localement de manière différentiable, conférant ainsi une structure différentiable cohérente à la variété.
Des exemples classiques illustrent ces notions. Le cercle unité , défini par , ne peut être couvert par une seule carte globale, mais peut l’être par deux cartes dont les domaines sont des arcs ouverts excluant chacun un point distinct du cercle. La transition entre ces cartes est alors une fonction lisse et bijective, assurant un atlas différentiable sur . De manière plus complexe, la « figure huit », définie par l’ensemble , admet des atlas globaux, mais ceux-ci peuvent ne pas être équivalents au sens différentiable, en raison de discontinuités dans les fonctions de transition.
Une variété différentiable est ainsi un espace topologique muni d’un atlas complet, c’est-à-dire maximal, assurant l’unicité de la structure différentiable. Cette approche abstraite généralise la géométrie classique des courbes et surfaces dans ℝ³ à des objets plus vastes, dont la structure locale reste euclidienne mais la topologie globale peut être riche et complexe.
Par ailleurs, il existe des méthodes efficaces pour construire des variétés différentielles. La première consiste à prendre le produit cartésien de variétés, par exemple, le n-tore , qui est le produit cartésien de n cercles , hérite naturellement d’une structure différentiable. La seconde méthode repose sur le théorème d’existence de structure de variété induite : une variété peut être définie comme le lieu zéro régulier d’une fonction différentiable dont la différentielle est de rang maximal sur ce lieu. Ainsi, le cercle unité est la préimage de 0 par , avec un rang maximal de la matrice jacobienne sur cette préimage, garantissant la structure de variété de dimension .
Enfin, il est possible de définir différentes structures différentielles sur une même variété par divers atlas, qui peuvent être ou non équivalents. La notion d’orientation s’introduit à partir de cette complexité, en distinguant les atlas qui préservent la cohérence « directionnelle » des coordonnées.
Au-delà des définitions formelles, il importe de comprendre que le concept de variété différentiable traduit l’idée intuitive que, localement, un espace peut « ressembler » à un espace euclidien classique, mais sa structure globale peut présenter des propriétés topologiques complexes, telles que des trous ou des croisements, non apparents dans ℝⁿ. Cette dualité entre local et global est au cœur de la géométrie différentielle et influence profondément l’analyse sur ces espaces.
Il est également crucial de noter que la cohérence entre cartes, assurée par des difféomorphismes sur leurs intersections, est ce qui permet d’étendre des notions classiques de dérivation, continuité, et intégration à ces espaces abstraits. La structure différentiable ainsi obtenue permet d’étudier la dynamique, la géométrie locale, ainsi que les propriétés topologiques fines des variétés.
La richesse de ce cadre repose sur la possibilité d’adapter les outils classiques de l’analyse à des objets géométriques plus généraux, en fournissant un langage précis pour aborder des questions allant de la théorie des surfaces aux espaces plus abstraits rencontrés en physique mathématique et en topologie.
Comment les tenseurs transforment notre compréhension géométrique des espaces courbes
L’étude des longueurs d’arcs dans des variétés différentielles repose sur l’expression infinitésimale , qui, via une paramétrisation locale, devient , où le tenseur métrique encode la géométrie locale de l’espace. Cette structure quadratique définit la métrique riemannienne qui permet de mesurer les distances, les angles et les volumes dans un cadre intrinsèque, indépendant des coordonnées.
Prenons pour exemple une sphère de rayon dans . Elle est définie comme l’ensemble des points équidistants de l’origine dans cet espace à quatre dimensions. En utilisant des coordonnées sphériques généralisées, on paramétrise la sphère par , ce qui mène à une métrique induite . Les composantes non nulles du tenseur métrique sont alors , , et .
La notion de tenseur émerge naturellement de la nécessité de décrire des objets géométriques indépendamment du système de coordonnées choisi. Pour une transformation de coordonnées , les vecteurs et covecteurs se transforment selon des lois distinctes : un vecteur
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