Les travailleurs agricoles se sont rebellés, appelant les consommateurs à boycotter les raisins, et ont créé des boutons portant l'inscription "Grapes of Wrath", faisant référence au roman épique de John Steinbeck. Le titre de ce livre est issu d’un vers du Battle Hymn of the Republic : « Il foule le vignoble où sont stockées les grappes de la colère », une image biblique d'un Dieu vengeur qui a été appropriée pour une chanson écrite pendant la guerre la plus meurtrière de l'Amérique, une guerre pour l'avenir d'une société agricole fondée sur l'exploitation d'un "autre" racial. Ce boycott des raisins évoquait une époque qui se rapprochait de l'ère post-Réconstruction du Sud, lorsque la loi imposait des frontières strictes entre les cultivateurs et les travailleurs, et que Jim Crow définissait le système social — une époque qui attendait toujours l'exode promis par la guerre civile.
L'exclusion des travailleurs agricoles du New Deal, pour obtenir le soutien des Démocrates du Sud, est un moment clé de cette histoire. En mars 1968, lorsque se déroula la célèbre célébration eucharistique de Chavez, les rédacteurs jésuites du America écrivaient : « Est-il trop espérer que la souffrance de M. Chavez inspire aussi un changement chez ceux qui refusent la justice aux travailleurs agricoles, créant ainsi des conditions propices à la violence ? » Cette violence a continué d'affluer, malgré les efforts pour accorder des droits aux travailleurs agricoles en Californie, mais sans que cette législation ne s'étende à l’ensemble du pays.
Les luttes sociales ne se sont pas arrêtées aux champs de raisins. Elles ont délaissé les travailleurs agricoles pour toucher les pauvres urbains et les immigrants. L'exode attendu n'a pas eu lieu, car les lois "droit au travail", qui excluaient tout espoir de révolte ou d’aspirations à la justice, ont proliféré dans de nombreux États. Le nom de Chavez, bien que reconnu en Californie, demeure ignoré ailleurs. Cette déconnexion entre les luttes locales et une plus grande reconnaissance nationale appelle à une réévaluation des visions de la justice sociale et des révolutions à venir.
Le discours sur la révolution et l’alternative à un monde capitaliste atlantique s’est estompé après la chute du communisme soviétique. Au lieu d'une renaissance, une réduction de nos espoirs s'est opérée, symbolisée par la frénésie autour des programmes informatiques au début du XXIe siècle. Le monde n’a pas cessé de fonctionner, certes, mais à quel prix ? Plutôt que de réimaginer un futur radical, la conversation s’est concentrée sur l’ajustement des anciens systèmes. Cependant, il ne faut pas céder à la fatigue du public, ou à son manque d'imagination. L'histoire montre que les occasions pour une révolution radicale n'attendent pas d’être parfaites.
La mise en scène de Dieu, à travers des défilés publics ou des événements collectifs, pourrait être le défi religieux le plus important de notre époque. Les prophètes anciens avaient mis Dieu en scène pour que les gens puissent ne pas l'oublier, pour rappeler à la société ses devoirs. L’apôtre Paul avait anticipé l’importance de nouvelles langages, autorisés par l’incarnation, pour proclamer une révolution humaine à l’échelle mondiale. Les moments de grande agitation sociale, comme ceux qui ont marqué l’histoire des États-Unis, ont aussi été des moments où Dieu est entré dans la conversation publique. Pourtant, les sceptiques modernes considèrent ces démarches comme des constructions humaines sans fondement transcendantal. Ils se croient vaccinés contre toute forme de surprise ou d’émerveillement radical. Cette position empêche l’émergence d’une dynamique révolutionnaire authentique, et prive les événements quotidiens de tout pouvoir de transformation spirituelle.
Les défilés peuvent être un théâtre radical, un espace où l'audience est conviée à s'engager pleinement, à ne pas détourner les yeux des questions qui dérangent. Le théâtre, pour Antonin Artaud, n’était pas seulement un divertissement, mais une manière de captiver l’attention et de réveiller la conscience de l’audience. Dans des moments de crise ou de grande indifférence, les images puissantes d’une scène peuvent offrir une signification existentielle forte. De même, les prophètes radicaux cherchaient à enflammer les foules, à les inciter à prendre part aux mouvements sociaux pour changer la société, à ne pas rester spectateurs mais à se joindre à la marche vers la justice.
Aujourd'hui, de nouveaux défilés doivent émerger, portant des bannières récupérées de symboles oubliés. Les mouvements des étudiants, des Noirs, des femmes et des homosexuels ont ouvert cette voie. Le projet radical n’est plus seulement de dénoncer mais de proposer des alternatives fondées sur une justice collective et une transformation spirituelle profonde. La vie humaine sur Terre, pour ceux qui croient à une dimension divine, a un "côté supérieur" qui doit être orienté vers la lumière, de façon à capter l’énergie de l’univers. Comme un panneau solaire, notre existence doit se tourner vers la lumière pour se nourrir, plutôt que de sombrer dans l’obscurité. Dans cette lumière, les vérités spirituelles ne s’éteignent jamais, et à travers elles, nous pourrions imaginer un monde plus juste.
Le rêve de Martin Luther King Jr., lorsqu’il prêchait lors de la Marche sur Washington, était de voir Dieu émerger à la fin du second millénaire. Les chrétiens doivent orienter leur regard vers la lumière de l’incarnation, car c’est dans le Christ que la lumière divine brille sur nous de manière inextinguible. C’est cette lumière qui doit guider les défilés de la justice sociale, ceux qui refusent de s’associer à l’illusion d’une stabilité de la société capitaliste, et ceux qui, au contraire, choisissent de suivre un chemin révolutionnaire.
Dans ce contexte, le travail de réforme sociale doit s’accompagner d’un éveil spirituel, où chaque individu reconnaît sa part dans le grand projet divin de justice et de réconciliation. La résistance n’est pas seulement politique, elle est également spirituelle, et cela implique de redéfinir ce que signifie être un acteur du changement dans un monde de plus en plus soucieux de ses propres intérêts.
Pourquoi parier sur Dieu et comment le pèlerinage devient l’Église ?
Dans un monde postmoderne marqué par la perte généralisée de la foi, l’absence de croyance n’équivaut pas nécessairement à la découverte d’un sens à la vie. Certaines formes d’athéisme se radicalisent, adoptant une posture militante qui vise à éliminer toute autre vision du monde. Historiquement, le militantisme athée soviétique fut instrumentalisé pour légitimer l’État nouveau né de la révolution, imposant un sécularisme contraignant afin de supprimer la religion comme alternative. Mais cette substitution ne résout pas la quête fondamentale de sens qui habite l’humain.
Blaise Pascal, scientifique et philosophe du XVIIe siècle, posa un pari qui reste d’actualité : celui de faire de la parade chrétienne une expérience vitale, un enjeu ultime. L’homme est confronté à un tiraillement entre grandeur et ruine, souvent distrait par des échappatoires superficielles qui l’empêchent d’affronter les questions ultimes. Pour vivre authentiquement, Pascal invite à se laisser interpeller par Dieu, à écouter l’appel de la parade, à y prendre part en devenant pèlerin. Refuser ce pari, c’est s’abîmer dans une existence suspendue, sans joie véritable, incapable de trancher entre religion et irréligion.
Ce pari ne relève pas d’une discussion théologique stérile ni d’un jeu intellectuel sans conséquence, mais d’un saut existentiel, comme le développa Kierkegaard au XIXe siècle. Ce saut de foi est une décision créatrice, qui forge l’identité humaine en la reliant à une communauté. Trouver un trésor dans un champ, c’est tout vendre pour le posséder : ainsi s’incarne l’appel à s’engager pleinement dans la vie spirituelle, à devenir pèlerin au cœur de sa ville, de son quartier. Cette démarche est la vocation suprême, celle qui donne sens à l’existence.
Le pari sur Dieu exige néanmoins une réflexion approfondie : qu’est-ce que la religion dans ce contexte ? Quelle nature de communauté forme la parade ? Quel avenir pour cette marche dans l’espace public ? Le pèlerinage chrétien, loin d’être une simple métaphore, devient l’Église elle-même, mouvante, dynamique, inscrite dans le monde. L’Église est une procession sacramentelle qui transforme le profane en sacré, rendant visible la présence divine à travers l’engagement collectif et la solidarité.
Cette dynamique communautaire est essentielle pour incarner un nouvel évangile social, particulièrement après les secousses politiques récentes. L’Église doit porter une capacité d’accueil et d’action pour défendre la justice sociale, appelant les pouvoirs publics à incarner le bien commun. En effet, l’Église partage cette mission avec d’autres mouvements sociaux, mais son ancrage dans la foi la rend porteuse d’une espérance unique. À travers la parade, les croyants manifestent une unité dans la diversité, portant les souffrances du monde — enfants disparus, exclus, prisonniers — comme autant d’appels à la rédemption collective.
Le pèlerinage est ainsi une école d’humilité et de solidarité, une scène où se joue la démonstration vivante du salut. Ce n’est pas une abstraction, mais une réalité incarnée, où la paix est offerte aux passants, où la justice sociale devient une urgence concrète. L’Église, en tant que parade sacramentelle, sanctifie chaque lieu où elle passe, qu’il s’agisse des forêts ou des institutions politiques, transformant l’ordinaire en moment de révélation.
Ce mouvement perpétuel de la parade ne se limite pas à la proposition d’idées, il est performatif : il agit, il transforme. Il exprime la volonté humaine de toucher le monde et de s’y laisser toucher, même face aux résistances des puissants. Il trace un chemin vers une société plus juste, incarnée dans la vie collective des croyants engagés.
Il est important de reconnaître que ce pari sur Dieu et cette vie en Église sont aussi des invitations à repenser la nature de la foi comme expérience communautaire et performative, en rupture avec les individualismes contemporains. L’authenticité spirituelle s’enracine dans le partage et la marche collective, dans la capacité à faire du monde un espace sacré, traversé par la justice, la compassion et l’espérance. Ainsi, la foi devient un acte de courage et de création, un engagement concret dans l’histoire, qui appelle chaque croyant à se tenir debout dans la parade de la vie.
Les Évangéliques d’aujourd’hui : Une réévaluation du sens et de l'avenir du mouvement
Le mouvement évangélique américain traverse des eaux troubles depuis plusieurs décennies. En particulier, l’élection de Donald Trump a jeté une lumière crue sur la relation entre la foi évangélique et la politique. L’alignement des leaders évangéliques avec des figures politiques controversées a suscité un large débat, qui soulève des questions fondamentales sur l’avenir de ce mouvement, son impact théologique, et ses implications sociales et politiques.
Les écrits de nombreux observateurs, dont Michael Gerson et John Fea, mettent en lumière un phénomène inquiétant : la manière dont le mouvement évangélique s’est progressivement rapproché des idéologies conservatrices, au détriment de ses valeurs fondamentales. Gerson, dans un article de 2018 pour The Atlantic, critique vivement cette évolution, dénonçant l’abandon de principes chrétiens au profit de gains politiques. Selon lui, de nombreux évangéliques, cherchant à maintenir un accès privilégié à la Maison Blanche, ont compromis leurs valeurs spirituelles et morales. Un tel alignement, qui semble n’avoir qu’un objectif politique, peut-il vraiment être justifié par des convictions religieuses authentiques ?
Les accusations de corruption morale et de compromis spirituel se sont intensifiées avec l’ascension de figures telles que Franklin Graham et Jerry Falwell Jr., qui ont non seulement soutenu Trump, mais ont également transformé leurs rôles religieux en instruments de pouvoir politique. Ce tournant vers la politique a révélé une facette du christianisme évangélique de plus en plus perçue comme une simple extension d’intérêts partisans. Ce phénomène a aussi été commenté par l’évangéliste Tim Keller, qui a récemment déclaré que l’étiquette "évangélique" était désormais synonyme d'hypocrisie, une accusation qui met en lumière le fossé grandissant entre les idéaux évangéliques traditionnels et la réalité politique contemporaine.
Le déclin des mouvements sociaux évangéliques, tels que la "Social Gospel" (Évangile social) qui a pris forme à la fin du XIXe siècle, constitue un autre élément central dans cette réévaluation. À cette époque, des figures comme Washington Gladden et Walter Rauschenbusch soutenaient que l’Évangile devait s’incarner dans des actions sociales concrètes. Ils croyaient que la foi chrétienne ne pouvait se contenter d’une théologie abstraite, mais devait se traduire par une justice sociale tangible : la réduction de la pauvreté, la lutte contre l'inégalité raciale, et la promotion des droits des travailleurs. Le "Social Gospel" représentait une vision de la rédemption collective et de l’amélioration du monde social, une vision postmillénariste qui croyait en la capacité des humains à instaurer un royaume de Dieu sur Terre, avant même le retour de Christ.
Cependant, ce courant fut progressivement écarté au profit de visions plus individualistes et conservatrices. À partir des années 1980, sous l'influence de personnalités comme Ronald Reagan, les évangéliques se tournèrent davantage vers une théologie de la prospérité et une politique plus fermement ancrée à droite. Ce mouvement s'éloigna des préoccupations sociales pour se concentrer sur des questions morales individuelles, souvent liées à la sexualité et à la famille traditionnelle.
Un aspect essentiel de l’histoire de l’évangélisme américain, qui a été largement négligé, est l’évolution du "Black Social Gospel". Inspiré par des leaders tels que W.E.B. Du Bois et Martin Luther King Jr., ce mouvement a combiné l’appel à la justice raciale avec la foi chrétienne. Le mouvement visait à combattre la suprématie blanche et les inégalités raciales, tout en réaffirmant que la foi chrétienne authentique ne pouvait coexister avec le racisme. Les actions de King, fondées sur les enseignements sociaux de Jésus, ont cherché à réparer les injustices sociales qui persistaient après la guerre de Sécession et la période de Reconstruction.
La question de la réconciliation entre la foi évangélique et la politique contemporaine reste ouverte. Aujourd'hui, une partie significative de l’évangélisme semble s’être perdue dans une quête de pouvoir politique et d’influence, au détriment de l’appel à la justice sociale, une caractéristique pourtant intrinsèque aux enseignements du Christ. Alors que certains évangéliques continuent à défendre l’idée que la foi doit se traduire par des actions concrètes pour améliorer la société, d’autres insistent sur une approche plus individualiste et spirituelle, où l’accent est mis sur la rédemption personnelle plutôt que sur la transformation sociale.
Cette évolution invite à une réflexion profonde sur ce que signifie être un évangélique aujourd’hui. La tentation de réduire l’Évangile à une série de positions politiques ou sociales est grande, mais elle risque de faire oublier l'essence même du message chrétien : l'amour du prochain, la recherche de la justice, et le soin des plus vulnérables. Pour que l’évangélisme retrouve sa véritable vocation, il est crucial de se rappeler que la foi chrétienne ne se résume pas à une alliance politique, mais à un engagement spirituel et moral qui dépasse les frontières du pouvoir terrestre. L'avenir du mouvement évangélique pourrait bien dépendre de cette capacité à se réinventer, loin des compromis politiques, et à revenir à ses racines sociales et théologiques originelles.
Comment un nouveau message social chrétien pourrait-il transformer l'Amérique après Trump ?
L'aspiration à une abolition nouvelle devient un précurseur important de la pensée religieuse et de la résistance. C’est la preuve que le mythe des noirs toujours en attente de l’initiative et du salut des blancs est faux. En réalité, l'exclusion des noirs de l'espace public se réalisait souvent par la force, voire par des lynchages. La récupération de cette histoire dans notre époque est une preuve et une exhortation qu'un nouveau mouvement social évangélique est à la fois digne et possible. Lorsque Martin Luther King Jr. prêchait à Washington DC, il rêvait d’un Dieu qui marquerait la fin du second millénaire. Il envisageait un ordre social qui se réaliserait non par un miracle, mais par l’effort humain et la volonté collective. Si tant de gens sont enfermés dans les chaînes de la pauvreté, de la violence, de la perte de repères, de la destruction de la nature et de l’absurdité, son rêve était de les libérer pour qu'ils puissent vivre dans une communauté de justice, de démocratie, d'identité culturelle, de paix avec la nature et d'un sens ultime. Tandis que les ascètes fuyaient le monde qu'ils jugeaient dénué de sens, King et ceux qui lui ressemblaient jugeaient ce même monde incomplet et résolument désireux de le changer. C’est là l’agenda de la religion progressiste, l'incarnation d’un Évangile social successeur, et King en est l’un des saints patrons.
Et puis quoi ? L’Amérique a basculé. Les années Reagan sont arrivées. Reagan a tout pris à la classe moyenne et aux pauvres pour le donner aux riches, dans un vaste plan de redistribution. Les protestants traditionnels ont perdu leur voix dans l’espace public ou se sont exprimés timidement. Les catholiques américains ont oublié leur riche héritage de la pensée sociale européenne, au même moment où l’Évangile social protestant américain s’éteignait. Les évangéliques, toujours méfiants envers le modernisme théologique qui semblait accompagner l’Évangile social, ont mis l'accent beaucoup plus fermement et de manière persuasive sur le salut individuel, parfois soutenus par des intérêts corporatifs qui faisaient cause commune avec eux et étaient assurément motivés par le racisme blanc.
Bien avant les années Reagan, et symbolisé par le mouvement anti-Vietnam, le mouvement pour les droits civiques, les mouvements féministes et la libération des gays, une nouvelle gauche religieuse, ou le christianisme progressiste, a commencé à émerger. Cela avait commencé dès les années 1970, à travers des déclarations sociales néo-évangéliques, puis post-évangéliques et néo-anabaptistes, la théologie de la libération catholique qui se reconstruisait, réprimée puis récupérée, ainsi qu'un libéralisme au sein du protestantisme traditionnel qui a trouvé un fondement théologique plus vigoureux pour l’Évangile social. Il est devenu évident que le socialisme démocratique européen était souvent fondé sur des valeurs chrétiennes et n’était pas simplement un écho du marxisme. De subtiles projections se dessinaient dans l’imaginaire social d’un nouvel Évangile social, théologiquement plus enraciné et sans tant de compromis avec le modernisme. Mais ces courants n’ont pas inversé la période du "gouvernement est le problème", héritée des années Reagan. Lors de l’apothéose de la cupidité et de l’abandon de la justice sociale sous Trump, il semblait que la perte d’un Évangile social dominant avait permis l’ascension de Trump. La voix chrétienne la plus forte était celle de la droite chrétienne, déjà apparue sous Reagan, et qui a voté massivement pour Trump. Ce livre appelle à la rédemption du christianisme américain après Trump.
Trump, par lui-même, est devenu une icône gigantesque de cette époque. Il incarne tous les électeurs américains et le système économique qui l’a propulsé — de la droite chrétienne aux électeurs en colère et déçus, en passant par les libertariens, le capitalisme corporatif et une société séculière où le discours religieux authentique et un humanisme chrétien vigoureux ont disparu. Dans son sillage, nous voyons la domination d’un capitalisme impitoyable et déréglementé qui pille la Terre et creuse un écart toujours plus grand entre le 1% et les 99%. Le capital social, tout comme l’action politique en faveur du bien commun, est érodé.
Trumpisme est devenu possible grâce à un fossé toujours plus grand entre l’action politique conservatrice et le soutien public pour le bien commun et la régulation du capitalisme. Parce que le christianisme américain, dans les endroits clés, échouait à proclamer et à incarner un Évangile social pertinent pour notre époque, à être une présence vivante dans l’espace public et dans tout discours sur la justice sociale, il y avait un espace ouvert pour l'émergence de Trump et de sa cour évangélique. Un nouvel Évangile social rappelerait le Dieu de l'Exode et des prophètes hébreux et invoquerait le Dieu dont le règne Jésus a proclamé et incarné. Un Évangile proclamé et un Évangile social incarné doivent se tester mutuellement. Le Royaume de Dieu, central dans l'eschatologie du Nouveau Testament, devrait être expérimenté aujourd’hui, tendant la main vers nous depuis l’avenir, inspirant des projets de pratique sociale à venir.
Un nouvel Évangile social exige l’évocation d’un pèlerinage vers Dieu qui emporte tous les voisins avec lui. Cela nécessite d’abord que l’Église soit l’Église, la communauté de culte qui porte haut dans la parade humaine le Dieu qui, en Christ, s’est réconcilié avec l’humanité, une communauté religieuse appelée à devenir une colonie du ciel.
Cela signifie ensuite le retour du christianisme dans le discours public. Un nouvel Évangile social nécessite un espace public reconquis dans lequel le christianisme et tous les prétendants pour le bien commun et la justice pour tous prennent leur place légitime en tant que communautés de discours vigoureuses parmi les grandes narrations qui se disputent l’espace public. Cela implique un nouvel humanisme chrétien, une entrée dans le monde de l’économie pour revendiquer la vision d’une économie pieuse, et un effort pour une eschatologie collaborative où l'anticipation de la présence de Dieu inspire les réalisations terrestres.
Est-ce qu’il existe suffisamment de dynamisme pour un tel projet (probablement mal accueilli) ? Un nouvel Évangile social n'a pas à être créé à partir de rien — bien que cela soit aussi possible pour Dieu. L’Amérique a une histoire de Grands Réveil, pourquoi ne pas en évoquer un à mesure que nous envisageons la rédemption du christianisme américain après Trump ? Le premier Grand Réveil des années 1740 était plein de piétisme, n’épargnant aucune sphère d’un protestantisme doctrinal rigide. Le deuxième Grand Réveil des années 1820 a évoqué un romantisme qui contrait le rationalisme des Lumières. Le troisième Grand Réveil au début du 20e siècle a été une multitude de choses, allant d’un protestantisme fondamentaliste contre le libéralisme à l’émergence de l’Évangile social. Il y a eu aussi des mouvements de sainteté et de pentecôtisme qui ont agité le vase des vies sanctifiées et ont suggéré que l'Esprit pourrait être un tourbillon chassant des visions nouvelles à travers le paysage.
À l’aube de ce troisième millénaire, pourrions-nous réimaginer un Évangile social plus riche que la version libérale protestante qui a laissé trop de côté l’histoire du christianisme et les ressources de l’Église, tout en embrassant les appels prophétiques à la justice sociale et en « apportant le royaume » — un projet que Luther a renoncé mais accompli ? Espérons-nous cette fois un Évangile plus complet, riche d'orthodoxie chrétienne historique, de renouvellement liturgique, de théologie de la libération ?
Comment les civilisations anciennes d’Amérique du Sud ont-elles structuré leurs croyances religieuses ?
La représentativité des candidats latinos au Congrès américain : défis et perspectives
Comment la théorie des processus stochastiques et des mesures de risque éclaire-t-elle la finance moderne ?
Comment la représentation authentique de la neurodiversité transforme-t-elle le genre policier à la télévision ?
Comment les probiotiques modifiés peuvent-ils révolutionner le traitement des maladies inflammatoires et infectieuses du système gastro-intestinal ?

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский