L’élection présidentielle de 2016 aux États-Unis fut marquée par des dynamiques particulières, surtout au niveau des élections locales. Bien que l’attention ait été largement concentrée sur la course à la Maison-Blanche, les résultats du New Hampshire ont révélé des tendances intéressantes, notamment pour les Républicains. Les élections ont vu une montée en puissance des femmes démocrates, avec une délégation entièrement féminine et démocrate, mais aussi un retour des Républicains à la tête du gouvernement de l'État, après plus d'une décennie d'absence.
Maggie Hassan, la démocrate, réussit à défendre son siège au Sénat, mais ses victoires furent obtenues de justesse. Elle n’était pas la seule à bénéficier du soutien populaire. Ses collègues démocrates, notamment Carol Shea-Porter et Ann Kuster, ont également remporté leurs courses, bien que les résultats aient été plus serrés que prévu. Ces victoires ont cependant permis au New Hampshire d'être la deuxième délégation 100% féminine et démocrate de l’histoire des États-Unis, une première pour l'État.
L'autre grande victoire pour les Républicains de 2016 fut l’élection de Chris Sununu à la tête de l’État. Sununu, contrairement à Kelly Ayotte qui se présentait également au niveau national, a choisi de soutenir Donald Trump malgré la controverse entourant les remarques du candidat républicain sur l’Access Hollywood tape. Ce soutien était stratégique, car il permettait à Sununu de se distancer des propos de Trump tout en réaffirmant aux électeurs républicains que le choix était entre Trump et Hillary Clinton. Sununu bénéficiait également de la notoriété de sa famille : son père avait été gouverneur du New Hampshire et son frère avait servi au Sénat des États-Unis. Cette reconnaissance lui a donné un avantage décisif face à Colin Van Ostern, son adversaire démocrate, qui était moins connu.
L’importance de cette élection ne réside pas seulement dans le fait qu’elle a vu un républicain prendre la tête de l’État, mais aussi dans le contexte particulier de la campagne de Trump. Alors que les projections donnaient Trump perdant, les Républicains ont finalement conservé une grande partie de leurs sièges au Sénat, notamment en Pennsylvanie, en Floride et au Wisconsin. Mais ce qui rendait cette élection unique dans le New Hampshire, c’est qu’elle a marqué la première fois depuis 2004 que les Républicains avaient le contrôle total de l’État. Après plus de dix ans de domination démocrate, cette victoire permettait au Parti républicain de pousser des réformes longtemps retardées.
Cependant, cette victoire n’était pas sans conséquence. Le paysage politique du New Hampshire, comme d’autres États, a été redéfini par la présidence de Donald Trump et par la réaction qu’elle a suscitée. En dépit du succès des Républicains dans l’État, la montée de l’opposition, incarnée par les mouvements sociaux et les réponses politiques, allait créer un nouvel équilibre des forces en 2018. Les politiques mises en place par Sununu et les républicains se sont retrouvées confrontées à un contre-coup de l’opinion publique, particulièrement chez les jeunes et les électeurs modérés qui désapprouvaient de plus en plus l’alignement de leurs élus sur la présidence Trump.
Ainsi, la dynamique de cette élection illustre non seulement les forces politiques locales, mais aussi les tensions nationalistes qui traversaient le pays à ce moment-là. Ce n’était pas seulement un retour des Républicains au pouvoir au niveau de l’État, mais aussi une partie du phénomène national du "trumpisme", avec toutes les contradictions et les challenges qui en découlent. Les Républicains, bien qu’ayant remporté le contrôle du gouvernement de l’État, se sont retrouvés dans une position délicate, à la fois forts d’une victoire historique et fragilisés par le climat national qui commençait à se polariser de manière encore plus marquée.
L'élection de 2016 au New Hampshire n'est donc pas seulement un cas particulier, mais un reflet des tensions qui se jouaient à l’échelle nationale. Les changements apportés par cette élection au niveau des structures de pouvoir de l’État sont importants à comprendre dans le cadre de l’évolution politique des États-Unis de cette époque.
Quel rôle les élections de 2016 et 2017 ont-elles joué dans la politique du New Hampshire et comment ont-elles façonné les événements ultérieurs ?
En 2017, les manifestations à Concord ont marqué un tournant dans la politique du New Hampshire, incarnant un vent de contestation et d'activation populaire face à la montée du conservatisme incarné par l'administration Trump. L'un des premiers intervenants des manifestations rappela à l'auditoire que « le changement ne vient pas d'en haut, mais d'en bas » (Associated Press 2017), tandis que la sénatrice Hassan exhortait les manifestants à « garder un œil sur ce Capitole également » (McDermott 2017b). Ces prises de position étaient en parfaite adéquation avec la volonté des organisateurs de maintenir les marches ouvertes et inclusives, dans le but d'encourager la participation citoyenne et de bâtir une base sur laquelle fonder une action politique à long terme (Waddell 2017). Ces événements marquèrent le début d'une confrontation entre le gouvernement républicain unifié et l'activisme libéral, propulsé par l'opposition au président Trump, qui allait caractériser la politique du New Hampshire jusqu'aux élections de mi-mandat de 2018. Ces affrontements locaux reflétaient ainsi les grandes lignes du climat politique national.
Dans ce contexte, l’approche de Donald Trump envers le New Hampshire, bien que relativement discrète, se distinguait par une constante remise en cause des résultats des élections de 2016. Bien que Trump ait perdu cet État de manière serrée, il avait insisté, sans fondement, sur l’idée qu’il aurait remporté le New Hampshire si des milliers d’électeurs frauduleux, venus du Massachusetts, n’avaient pas influencé les résultats en faveur d’Hillary Clinton (Stokols 2017). Trump ne se contenta pas de ces accusations, mais engagea également une commission présidentielle sur l’intégrité des élections, dirigée par le vice-président Mike Pence et Kris Kobach, un défenseur acharné des lois électorales strictes. L'objectif officiel de cette commission était de vérifier la sécurité des élections américaines, mais en réalité, elle visait à promouvoir des politiques restrictives censées « sécuriser » les élections en rendant le vote plus difficile (Watkins 2018).
L’implication de Bill Gardner, secrétaire d'État du New Hampshire, dans cette commission allait ternir sa réputation, solidement ancrée dans la politique de l'État depuis des décennies. Bien que Gardner ait été reconnu comme une figure apolitique, ses choix, en particulier son acceptation de la commission Kobach, provoquèrent une réaction forte, non seulement des démocrates, mais également de nombreux républicains locaux. Lors d'une réunion de la commission au New Hampshire Institute of Politics, Gardner s’opposa vigoureusement à Kobach, soulignant l'ignorance de ce dernier concernant la législation électorale du New Hampshire. Ce confrontation symbolique, applaudie par des militants présents, marqua un moment clé où le respect de l'intégrité électorale fut mis à l'épreuve dans cet État traditionnellement considéré comme un bastion de la démocratie locale (Gerstein et Dezenski 2017).
Au-delà de l’impact immédiat de ces événements sur la réputation de Gardner, un autre aspect crucial de la politique de l’État émergea avec les élections de mi-mandat de 2018. Le New Hampshire, avec sa législature particulièrement large et composée de 424 membres, offrait un terrain fertile pour des élections spéciales fréquentes. Celles-ci furent, pour de nombreux observateurs, un test de la capacité des démocrates à mobiliser l’électorat face à l’offensive conservatrice de Trump. Tandis que les républicains, avec leur gouverneur et leur majorité à la législature, tentaient de faire avancer des réformes telles que la réduction des impôts pour les entreprises ou l’introduction de restrictions sur le droit de vote des étudiants, les démocrates renforçaient leur position par des victoires successives lors des élections spéciales (Landrigan 2018a).
Ces dynamiques illustrent non seulement le caractère polarisé de la politique de l'État en période de domination républicaine, mais aussi la capacité des mouvements populaires à remettre en question des politiques jugées injustes. La résilience des démocrates et des militants progressistes, alimentée par la résistance à l'administration Trump, fut déterminante dans les succès électoraux de 2018, qui virent un renversement notable dans la composition de la législature du New Hampshire.
Au cœur de cette lutte, une vérité se dessine clairement : dans un système démocratique, la participation citoyenne, qu’elle soit sous forme de manifestations, de grèves ou de mobilisations électorales, est essentielle pour rétablir l’équilibre lorsque le pouvoir semble concentré entre les mains d’un petit groupe de décideurs. Le New Hampshire, à travers ces événements, devient un exemple de la manière dont un État peut servir de microcosme pour les dynamiques politiques nationales. L'engagement direct des citoyens dans le processus démocratique, même lorsqu'il semble insignifiant face à la puissance des institutions, joue un rôle déterminant dans l'orientation des politiques à venir.
Comment la politique de New Hampshire a été redéfinie par les tensions partisanes de 2017 à 2018
En 2018, le climat politique de New Hampshire s'est retrouvé au centre d'une bataille acharnée, révélant les tensions croissantes au sein des partis et des institutions locales. Le principal enjeu fut l'élection du secrétaire d'État, un poste traditionnellement perçu comme apolitique mais qui, en raison des développements récents, a pris une tournure nettement partisane. Le candidat principal, Bill Gardner, un républicain vétéran, se présentait pour un nouveau mandat, fort du soutien de cinq anciens gouverneurs et d'une partie importante des républicains du législatif. Cette stabilité d’appui s’expliquait par son rôle historique en défendant la primaire présidentielle de New Hampshire, première du pays, un titre qu'il avait su préserver tout au long de sa longue carrière.
À l'inverse, son rival Colin Van Ostern, soutenu par une faction progressiste au sein du Parti Démocrate, s’appuyait sur un financement important et une stratégie de campagne plus moderne. Il représentait un renouvellement générationnel et idéologique au sein du parti, appelant à un changement, notamment dans la gestion des élections et dans l'adaptation des lois aux réalités actuelles. Ce fossé entre un gardien du système et un réformateur avait profondément marqué l'élection.
Malgré l’avantage financier et l’étoffement de sa campagne, Van Ostern n’a pas pu renverser l'équilibre. Lors de la première session de vote, Gardner a été réélu avec une mince majorité, soutenu principalement par les républicains et quelques démocrates modérés, comme Lou D'Allesandro. Bien que Van Ostern ait fait preuve de dynamisme, notamment en dénonçant les relations de Gardner avec le président Trump, il a échoué à convaincre une majorité des législateurs, malgré la mobilisation populaire autour de sa candidature.
L’élection a révélé un autre phénomène marquant : l'impact direct des tensions politiques nationales, notamment l'ombre de Donald Trump, sur les élections locales. Alors que Gardner bénéficiait d’un capital de confiance dû à son impartialité perçue dans la gestion des élections, l'association de sa figure à celle du président Trump a entaché cette image. Au-delà de la simple question de l’élection du secrétaire d’État, c’est une dynamique plus large, celle de la politisation de l'État de New Hampshire, qui se dessinait. Si Gardner avait été un candidat républicain plus traditionnel, il est probable que la campagne n’aurait pas pris une tournure aussi marquée par des débats idéologiques.
L’influence de Trump a également exacerbé les fractures internes du Parti Démocrate. La montée en puissance de Van Ostern et la résistance à Gardner ont mis en lumière les difficultés pour les démocrates de concilier différentes factions au sein de leur propre camp. Ce fossé a été alimenté par l’effervescence politique générée par les manifestations contre Trump, notamment la Women's March, qui a vu de nombreux jeunes et femmes s’engager pour la première fois en politique. Leur implication a donné lieu à une dynamique de changement au sein du Parti Démocrate, mais celle-ci n’a pas suffi à inverser les résultats des élections locales, notamment pour le poste clé de secrétaire d'État.
Si cette élection a montré la forte polarisation croissante, elle a également mis en lumière l'importance du rôle de secrétaire d'État dans la préservation des institutions démocratiques. Un secrétaire d'État plus partisan pourrait tenter de manipuler les règles électorales en faveur de son camp, modifiant ainsi l'équilibre politique de l'État de manière plus marquée. Par exemple, un secrétaire d'État républicain pourrait soutenir des initiatives visant à limiter le droit de vote ou restreindre l'accès aux urnes, tandis qu'un secrétaire d'État démocrate pourrait tenter d'étendre ces droits et assouplir les réglementations existantes.
Cela soulève une question fondamentale : à mesure que les fonctions autrefois apolitiques deviennent de plus en plus partisanes, quel impact cela aura-t-il sur l'intégrité des élections dans un État où la primaire présidentielle occupe une place centrale dans le processus électoral américain ? La montée de la politisation pourrait engendrer des conséquences imprévues, non seulement pour les élections locales mais aussi pour la stabilité de la primaire présidentielle de New Hampshire, un événement crucial pour les partis nationaux.
Enfin, au-delà des résultats immédiats, il est important de comprendre que l'affrontement entre Gardner et Van Ostern illustre les transformations profondes du paysage politique américain, où l'alignement sur des figures comme Trump a modifié les perceptions des institutions locales. Les électeurs et législateurs, face à un environnement de plus en plus polarisé, devront naviguer dans un espace où les choix de leadership au niveau local peuvent avoir des répercussions bien au-delà des frontières de l'État, influençant notamment les primaires présidentielles et la politique nationale.
Comment Donald Trump a Conquis le New Hampshire et Défini sa Route vers la Maison Blanche en 2016
L’ascension de Donald Trump à la tête du Parti républicain en 2016 reste un phénomène fascinant, qui bouleverse les concepts traditionnels de la politique américaine. Si l’on considère le rôle déterminant du New Hampshire dans sa campagne, il devient évident que cet État a été le terrain de lancement indispensable de son chemin vers la Maison Blanche. La victoire de Trump dans ce petit État a précipité une série d’événements qui ont vu un homme autrefois perçu comme une curiosité médiatique se transformer en un véritable prétendant à la présidence. Mais comment un candidat aussi atypique a-t-il pu triompher dans un environnement où les leaders républicains le considéraient comme une menace pour le Parti et l'avenir de la politique américaine?
Pour comprendre l’impact de Trump sur la primaire du New Hampshire, il faut d’abord considérer le contexte dans lequel la campagne s’est déroulée. En 2016, Trump était perçu par beaucoup comme un personnage extrême, une figure de la télévision plus qu’un homme politique sérieux. La couverture médiatique, loin de le discréditer, a en réalité contribué à renforcer sa visibilité. Les journalistes, fascinés par son style flamboyant et ses déclarations chocs, ont souvent abordé ses discours avec un scepticisme à peine dissimulé, ne le considérant pas comme un prétendant sérieux, mais comme un produit de l’entertainment qui finirait par s’effondrer sous la pression des débats politiques. Ce scepticisme des médias a créé un cercle vicieux où Trump, loin de se faire diminuer, a continuellement alimenté son image de "hors-la-loi", ce qui, paradoxalement, a renforcé son attrait pour une large portion de l’électorat.
Dans le même temps, la compétition au sein du Parti républicain était marquée par une fragmentation. Le champ des candidats était particulièrement large, avec plusieurs figures populaires – comme Ted Cruz, Marco Rubio et Jeb Bush – se battant pour l'attention des électeurs. Cependant, plutôt que de concentrer leurs attaques sur Trump, ces candidats se sont déchirés entre eux, ce qui a permis à Trump de se présenter comme une alternative cohérente et unifiée, malgré son absence de véritable alignement avec les valeurs traditionnelles du Parti. La grande majorité des attaques étaient dirigées contre Cruz ou Rubio, mais non contre l'imprévisible Trump, qui, dans son rôle de non-conformiste, semblait chaque jour plus fort.
Trump a également su profiter de l’absence d’une position claire de la part des leaders du Parti républicain. Pendant des mois, le Parti a oscillé entre l’option de soutenir un candidat modéré, comme Rubio, ou d’embrasser les idées plus radicales de Cruz. Ce manque de direction a créé un vide que Trump a habilement comblé, se présentant comme l'unique outsider capable de défier les règles du système politique traditionnel et d’incarner le désir de changement radical au sein de la base républicaine.
Un autre aspect crucial de sa victoire au New Hampshire réside dans sa capacité à toucher à la fois les conservateurs purs et durs et les électeurs plus modérés. En s’attaquant frontalement à des questions clés telles que l’immigration, le commerce extérieur et le nationalisme, Trump a su plaire à une large palette d’électeurs. Sa rhétorique populiste et son mépris des élites politiques ont résonné profondément auprès des travailleurs blancs des banlieues et des zones rurales, tout en faisant écho aux frustrations d’une partie de l’électorat plus urbain et plus éduqué.
La nature de ses positions sur les grands enjeux – comme son opposition à l'accord de Paris, son discours sur la construction d'un mur à la frontière mexicaine, ou encore sa critique de l'OTAN – a également galvanisé les électeurs républicains en quête de réponses claires face à ce qu’ils percevaient comme une direction incertaine de la politique extérieure et intérieure des États-Unis. Trump a redéfini l’idée même du conservatisme, le rendant plus brutal, plus direct, et parfois même déstabilisant, tout en s’attaquant au cœur des peurs et des frustrations de l’électorat républicain.
Sa performance au New Hampshire, où il a finalement remporté une victoire décisive, a été le tournant de sa campagne. Elle a non seulement confirmé sa légitimité en tant que candidat sérieux, mais a aussi mis en lumière l’influence croissante de sa candidature dans le processus électoral. En remportant cet État, Trump a non seulement consolidé sa position de leader, mais a également signé un revers significatif pour ses rivaux qui avaient espéré qu’un bon résultat dans le New Hampshire leur offrirait un élan pour les primaires à venir.
L'impact de cette victoire s’est fait sentir au-delà des frontières de l’État. Elle a confirmé que Trump était plus qu’un phénomène médiatique, mais un acteur capable de redéfinir les règles de la politique américaine. Ce succès a précipité la scission du Parti républicain et a transformé la primaire de 2016 en un affrontement qui allait redéfinir l'identité même du conservatisme américain.
Il est essentiel de comprendre que, pour Trump, le New Hampshire n’a pas seulement été une victoire électorale ; c’était un test de crédibilité, un point tournant où son message a trouvé un écho dans une large partie de l’électorat. Cette primaire a illustré l’efficacité de sa stratégie de communication, qui reposait sur une rupture totale avec les méthodes traditionnelles des campagnes politiques. La dynamique qu’il a instaurée s’est ensuite propulsée sur le reste du pays, lui permettant d’attirer un soutien populaire suffisant pour décrocher l’investiture républicaine et, éventuellement, remporter la présidence.

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