Les caractéristiques de sous-estimation et les écarts observés dans la partie avant du cylindre peuvent être attribués à la solution du flux complètement turbulent, car le logiciel CFD++ ne prend pas en compte le flux transitionnel, contrairement à l'intégrale proposée par Stefanini et al. (2010). Cette différence de traitement met en évidence l'importance de prendre en compte la transition entre les régimes laminaire et turbulent dans les simulations de flux, notamment en ce qui concerne la modélisation des transferts thermiques et les phénomènes de givrage.

L'un des enseignements majeurs tirés de la comparaison des résultats présentés dans la figure 16 est que l'ensemble de données expérimentales d'Achenbach (1977) peut être utilisé pour le développement de modèles de transfert de chaleur et de fonctions de paroi. Cependant, en raison de l'absence de publication sur les niveaux de température de surface, ces données ne peuvent pas être utilisées comme base de calibration fine, notamment en ce qui concerne la définition des constantes, ce qui limite leur précision pour les calculs détaillés.

Dans un cadre plus approfondi, Rafael, Pio et Silva (2015) proposent un second modèle mathématique pour les couches limites de moment, utilisé dans les codes de calcul de givrage et anti-givrage. Ce modèle représente la couche limite à l'aide des équations de Walz pour le régime laminaire (Walz 1969) et des équations de Head pour le régime turbulent (Head 1958). Ce modèle constitue une avancée dans la prévision de la transition des flux, mais il n’a pas encore trouvé une application étendue dans la littérature existante.

Le modèle de Walz, applicable aux couches limites laminaires, repose sur une estimation de l'épaisseur de la couche limite en fonction de la vitesse d'écoulement et des gradients de pression. À l'inverse, le modèle de Head pour le régime turbulent prend en compte des paramètres tels que le facteur de forme de la vitesse et l'épaisseur de la couche limite pour décrire les comportements complexes du flux au sein de ce régime. Les équations proposées par Head permettent ainsi de prédire la friction de peau turbulente en fonction des caractéristiques du flux et de l'extension de la couche limite.

Dans un contexte de givrage, ces modèles sont utilisés pour calculer le transfert thermique par convection et pour déterminer des paramètres critiques comme le nombre de Nusselt, essentiel pour estimer les échanges thermiques entre l'air et une surface givrée. L’un des principaux défis dans ce domaine réside dans la prise en compte de l'irregularité des surfaces givrées, souvent modélisées par des couches de rugosité thermique. Ces couches introduisent une résistance thermique supplémentaire qui complexifie la prédiction des phénomènes de givrage.

Les auteurs de l’étude soulignent que, bien que des équations classiques comme celles de Kays et Crawford (1993) soient souvent utilisées dans les codes de givrage pour estimer la friction de peau turbulente, ces approches ne sont pas toujours adaptées à la modélisation des surfaces rugueuses. Par exemple, la modélisation de la friction de peau turbulente sur des surfaces rugueuses nécessite l’introduction de paramètres comme l’épaisseur de la couche limite turbulente et des facteurs de forme spécifiques à la rugosité de la surface.

Les résultats numériques présentés montrent comment les différences dans les régimes de transition influencent les échanges thermiques, avec des calculs de Frössling (Fr) dans des configurations de cylindre rugueux. Ces résultats permettent de mieux comprendre l'impact de la transition laminaire-turbulent sur le transfert thermique et la formation de givre, offrant ainsi des perspectives pour améliorer les simulations numériques de givrage, notamment en optimisant les modèles de transition.

Pour ce qui est de l’estimation du transfert thermique dans les conditions de givrage, il est primordial de prendre en compte la dynamique de la couche limite et la manière dont les régimes laminaire, transitionnel et turbulent se succèdent ou coexistent. L'un des facteurs clés est la détermination du nombre de Nusselt (Nu), qui représente l'efficacité du transfert thermique. Il est important de noter que ce paramètre dépend non seulement du régime de flux (laminaire, transitionnel ou turbulent), mais aussi de la rugosité de la surface et des effets thermiques spécifiques liés au givrage. Un modèle robuste de givrage doit donc intégrer ces différents aspects pour fournir des prévisions plus réalistes des processus de transfert thermique dans des conditions réelles de vol.

Modélisation des flux internes dans un tube piccolo pour systèmes de dégivrage des aéronefs

Le modèle du tube piccolo présenté ici concerne une configuration typique utilisée dans les systèmes de dégivrage des aéronefs, où l'air chaud pénètre dans le tube piccolo à partir d'une entrée unique. À cet emplacement, le flux principal du piccolo peut se diviser en plusieurs branches, comme illustré dans l'exemple d'un système à deux branches. Lorsque le nombre de branches dépasse une, le partage du flux est calculé par le modèle en fonction du débit massique total fourni à l'entrée. Le mécanisme itératif utilisé dans ces calculs repose sur la différence de pression à l'entrée requise par chaque branche, en fonction du partage de flux estimé à chaque itération. Les pertes de charge individuelles au point de ramification sont calculées à l'aide d'une adaptation des données expérimentales sur les connexions en T (Idel'cik, 1969). Ce modèle permet de prendre en compte des variations dans la longueur de chaque branche, le diamètre des tubes, ainsi que dans l'espacement et le diamètre des orifices, même si ces dernières modifications ne sont pas explicitement montrées dans les figures.

Lors de la modélisation, il est essentiel de considérer que l’interaction du flux interne d'air chaud avec l'air ambiant dans la cavité du système de dégivrage est limitée, excepté par l’effet de la pression de retour (Pamb) et la température moyenne de l’air dans la cavité (Tamb). Ces deux paramètres sont utilisés dans les calculs du débit massique de chaque jet d'air ainsi que pour la perte de chaleur à travers la paroi du piccolo. Ils sont supposés homogènes tout au long du tube, chaque volume de contrôle étant soumis à des valeurs fixes de Pamb et Tamb. Il est aussi important de noter que le phénomène de constriction vena contracta dans les jets d'air proches de leur origine est pris en compte via le coefficient de décharge, ce qui évite la nécessité de modéliser l’interaction entre l’air chaud et l’air ambiant au-delà de ces effets spécifiques.

La distribution du débit d'air à l'origine des jets devient rapidement comprimée sous certaines conditions de débit massique et de taille d’orifice. Le modèle simplifie le calcul des pertes thermiques à travers les parois du piccolo en supposant que les pertes thermiques sont homogènes et réparties le long de l'axe du tube, en prenant en compte la conductivité thermique de la paroi et le coefficient de transfert de chaleur convectif à la surface extérieure du tube. Toutefois, les effets de conduction thermique au niveau des points de fixation du tube et du rayonnement thermique net à la surface externe du piccolo sont négligés dans cette simplification, afin de réduire la complexité du calcul.

La modélisation de la chute de pression statique le long de la direction axiale du flux est également influencée par la rugosité apparente de la paroi interne du piccolo. Bien que les tubes piccolo soient généralement fabriqués avec une finition de surface lisse, la présence d'orifices modifie cette surface interne, créant des perturbations dans les lignes de flux près de chaque orifice. Ces perturbations sont prises en compte sous la forme d'une augmentation de la rugosité apparente de la paroi. Cette approximation est utilisée pour limiter l’effort de calcul tout en maintenant un niveau de précision acceptable, comme le confirment les comparaisons avec les données expérimentales. Toutefois, la rugosité apparente joue un rôle crucial dans la variation de pression à travers le tube, et sa valeur doit donc être déterminée avec soin, de préférence par expérimentation.

Les deux variables finales inconnues dans le modèle présenté sont le débit massique de l'air et la température à chaque orifice du piccolo. Une fois ces propriétés déterminées, elles peuvent être utilisées comme entrées pour des analyses ultérieures, telles que le calcul des coefficients de transfert de chaleur convectifs à la surface interne de l'aile. Ces coefficients de transfert sont cruciaux pour l’analyse de la formation de glace dans les systèmes de dégivrage à air chaud. La modélisation permet également de calculer la distribution axiale de la vitesse, de la pression et de la température de l'air dans le flux principal du piccolo, des variables essentielles pour le design du tube piccolo, en particulier pour les critères d'expansion thermique et de pression de rupture.

Un autre paramètre important est la pression d'air nécessaire à l'entrée du tube piccolo pour un débit massique total donné, une température d'entrée spécifique et un environnement de décharge déterminé. Cette approche permet d'utiliser une pression d’entrée comme paramètre de sortie plutôt que de se concentrer sur un débit massique fixé, car en général, l'ingénieur de calcul dispose d'un budget étroit pour le débit massique, tandis que la pression disponible à partir de l'air de soufflage peut largement excéder celle nécessaire à l’entrée du piccolo. Cette différence peut être régulée facilement en pratique à l'aide d'une vanne de régulation de pression.

Les variables inconnues dans cette modélisation sont cruciales pour le bon fonctionnement et l’efficacité du système de dégivrage. Elles sont également importantes pour définir des seuils de surveillance pour la pression et la température dans le système, garantissant ainsi une gestion optimale du système en termes de sécurité et d'efficacité énergétique.

Comment optimiser l'anti-givrage et le dégivrage électrothermique en utilisant des simulations thermiques

L’équation de bilan thermique appliquée à la surface d’un matériau prend en compte l'impingement des gouttelettes comme source de chaleur, tandis que l'évaporation et l'accrétion de glace sont considérées comme des puits de chaleur. De plus, l'équilibre énergétique inclut la chaleur transférée par ces processus, ainsi que la convection, le rayonnement, et la conduction thermique à travers la peau métallique de l'aile. L’important est que le transfert de chaleur à travers l'aile ne soit pas seulement influencé par la température de surface, mais aussi par des facteurs complexes comme la masse de liquide collectée, l'efficacité de la collecte de l'eau, et les taux de transfert massique de l’évaporation et de l’accrétion de glace.

Les simulations utilisées pour ces analyses intègrent des modules sophistiqués tels que le C3D du système FENSAP-ICE, qui résout le problème de conduction thermique dans les solides. Ce système utilise une méthode de Galerkin implicite pour linéariser les équations de Newton. En parallèle, le module CHT3D résout les problèmes de transfert de chaleur conjugué entre le fluide et le solide. Ce processus implique une itération des différentes disciplines par l'échange des conditions thermiques aux frontières (températures et flux thermiques) entre l'écoulement extérieur, le film d'eau et la peau métallique de l'aile.

Cependant, cette approche présente un coût computationnel élevé, surtout dans le domaine de l’écoulement fluide, où la convergence peut être lente. Pour réduire ce coût, deux alternatives ont été proposées : la première, dite "CFD gelé", consiste à résoudre de manière répétée l’équation de l’énergie pour le champ de flux externe sans effectuer une simulation CFD complète. Cette approximation est valable car les effets de compressibilité sont généralement insignifiants dans les cas de givrage à faible nombre de Mach. La deuxième alternative, appelée "HTC gelé", consiste à utiliser le coefficient de transfert de chaleur de la solution initiale de Navier-Stokes, ce qui permet d'éviter de répéter le calcul complet de la dynamique des fluides. Cette approche réduit significativement les coûts de calcul tout en maintenant une précision acceptable.

Une validation de ces approches a été réalisée sur un modèle NACA 0012 à partir d’expériences menées dans le tunnel de recherche sur le givrage de la NASA. Cette validation permet de comparer la distribution de la température de surface obtenue par les trois stratégies de simulation. Les résultats montrent que les différences entre les approches sont minimes, bien dans les limites d'incertitude des mesures expérimentales.

La simulation de dégivrage, quant à elle, se distingue par sa nature transitoire. À chaque étape de l'accumulation de glace, une solution CHT convergée est obtenue et la forme de la glace ainsi que la grille de calcul sont mises à jour. Ce processus, bien que complexe, permet de simuler des conditions de vol et de givrage variées. L’activation des éléments chauffants suit un modèle cyclique, où différents chauffages sont activés successivement pour maximiser l'efficacité du dégivrage tout en minimisant la consommation énergétique.

Lors de la simulation de dégivrage, une série d’étapes est réalisée avec des périodes de chauffage successives. Par exemple, dans la première étape, un chauffage spécifique est activé pendant 100 secondes, puis d'autres chauffages sont ajoutés dans les étapes suivantes, chaque cycle visant à faire fondre la glace accumulée. Les résultats montrent que, sous cette approche, la température des éléments chauffants suit une courbe prévisible qui est en bon accord avec les résultats expérimentaux.

L'optimisation du système, pour maximiser l'efficacité de l'anti-givrage et du dégivrage, implique de résoudre des problèmes complexes, où il faut minimiser une fonction objective soumise à plusieurs contraintes. L’algorithme utilisé pour résoudre ce problème est basé sur une méthode de recherche directe adaptative de maillage (MADS), qui est particulièrement adaptée lorsque les fonctions objectives et de contraintes sont considérées comme des "boîtes noires", comme dans le cas des simulations CHT. Toutefois, le coût prohibitif des simulations transitoires, en particulier celles liées au dégivrage, rend leur utilisation directe dans un processus d'optimisation peu pratique.

Il est important de comprendre que, bien que ces approches numériques permettent des optimisations significatives, elles reposent sur des compromis entre la précision des simulations et les coûts computationnels. L’utilisation de stratégies comme "CFD gelé" ou "HTC gelé" permet de réduire ces coûts tout en conservant une certaine exactitude. Néanmoins, il demeure essentiel de comprendre que chaque méthode d'approximation présente des limitations et des marges d'erreur qu'il convient de prendre en compte dans l’interprétation des résultats. La précision des simulations doit être validée régulièrement par des essais expérimentaux pour s’assurer que les conditions réelles de vol et de givrage sont bien représentées.

Comment les méthodes Lagrangiennes améliorent-elles la simulation des gouttes d'eau en collision ?

Les techniques de simulation des gouttes d'eau par les méthodes Lagrangiennes sont devenues incontournables dans le domaine de la dynamique des fluides, en particulier pour les études liées à l'impact des gouttes sur des surfaces. Ces méthodes visent à modéliser la trajectoire de chaque goutte et à analyser son comportement sous l'influence d'un champ de flux local. La vitesse des gouttes au cours de l'impact peut varier considérablement en fonction de divers facteurs, dont la réponse dynamique du système à chaque pas de temps. Ainsi, comprendre la relation entre la vitesse du fluide et la vitesse de la goutte est essentiel pour affiner la précision des simulations.

Lorsque le temps de réponse des gouttes, noté τp, est suffisamment grand, la vitesse de la goutte à l'étape suivante de la simulation est pratiquement identique à celle du pas de temps précédent. En revanche, si τp est faible, la vitesse de la goutte est plus directement influencée par celle du champ de flux à l'instant précédent. Toutefois, un petit τp peut entraîner une erreur de simulation si le pas de temps est trop grand. Barton et al. (1996) ont souligné que, dans ce cas, la vitesse de la goutte peut être en retard par rapport à celle du flux, ce qui peut nuire à la précision du calcul. Pour pallier cela, ils ont proposé une méthode prédicteur-correcteur d'ordre supérieur, qui améliore la précision numérique en ajustant les vitesses de la goutte et du fluide à chaque étape.

Une autre question cruciale dans la simulation des impacts de gouttes d'eau est l'efficacité de la collecte de l'eau. Celle-ci peut être quantifiée par le rapport de la masse d'eau collectée sur une surface par rapport à celle de l'écoulement principal. Cette définition, basée sur le concept de "tube de flux", reste valable sous des conditions d'écoulement uniforme et stationnaire. Néanmoins, dans des conditions non stationnaires, où les trajectoires des gouttes peuvent se croiser, cette méthode perd de sa validité. Pour surmonter cette limitation, deux approches ont été développées : la méthode du "tube de flux local" et la méthode statistique.

La méthode traditionnelle du "tube de flux" suppose que les trajectoires des gouttes ne se croisent pas, ce qui permet de conserver la masse à travers le tube formé par les trajectoires. Toutefois, cette méthode ne permet de capturer que des moyennes d'efficacité de collecte, négligeant ainsi certains points extrêmes locaux. Pour remédier à cela, la méthode du "tube de flux local" a été introduite, permettant de modéliser de manière plus détaillée la collecte de l'eau en tenant compte des micro-tubes formés par chaque goutte. Cependant, cette approche reste limitée dans les conditions d'écoulement instationnaire, où les trajectoires peuvent se croiser. C'est ici qu'intervient la méthode statistique, qui consiste à compter le nombre de gouttes percutant un élément local de calcul pour obtenir une estimation de l'efficacité de collecte. Cette méthode est bien plus adaptée aux phénomènes complexes tels que l'intersection des trajectoires ou la fragmentation des gouttes, bien qu'elle soit moins efficace sur le plan computationnel. Avec les progrès rapides de la technologie de calcul parallèle, cette méthode devient de plus en plus compétitive.

Un aspect clé de l'implémentation de ces méthodes Lagrangiennes réside dans l'interpolation des résultats du champ de flux. En effet, les vitesses de l'air, obtenues par la simulation du champ de flux, sont généralement distribuées de manière discrète sur une grille, tandis que les gouttes peuvent se situer à des positions non définies par cette grille. Pour résoudre cette problématique, plusieurs méthodes d'interpolation sont utilisées, telles que l'interpolation bilinéaire, l'interpolation par moyenne pondérée et la projection du gradient du champ. L'interpolation bilinéaire est couramment utilisée pour sa simplicité et son efficacité dans des grilles structurées. Cependant, elle présente des limites lorsqu'il s'agit de grilles non structurées. L'interpolation par moyenne pondérée, en revanche, est plus flexible et peut être appliquée aussi bien sur des grilles structurées que non structurées. Elle utilise des méthodes comme le "Inverse Distance Weighting" (IDW) ou le "Radial Basis Function Weighting" (RBFW). L'avantage de la méthode RBFW réside dans sa capacité à traiter des données éparses dans des espaces multidimensionnels, ce qui en fait une option puissante pour des simulations plus complexes.

Ces techniques d'interpolation permettent d'ajuster la vitesse de l'air à la position de la goutte à chaque pas de temps, assurant ainsi une simulation plus précise du comportement de la goutte d'eau pendant l'impact. Néanmoins, la méthode RBFW, bien que flexible, est particulièrement sensible à la distribution des points d'échantillonnage, et son efficacité dépend de la manière dont les données sont normalisées.

Dans le cadre de l'application de ces méthodes dans des simulations complexes, il est crucial de prendre en compte non seulement la précision des calculs, mais aussi la capacité de traitement de ces méthodes dans un environnement parallèle. Avec l'augmentation continue de la capacité de calcul, ces approches statistiques et d'interpolation deviendront des outils encore plus puissants pour simuler les phénomènes de collecte d'eau et les impacts des gouttes dans des contextes variés, allant de l'ingénierie des matériaux à la modélisation climatique.