L’évolution de la cosmologie contemporaine s’est appuyée sur un socle d’approches idéalement homogènes et symétriques, capables de formuler des lois simples à partir d’un univers dont la structure réelle est pourtant fortement inhomogène. Parmi les piliers fondamentaux de cette construction conceptuelle, les modèles cosmologiques homogènes—tels que ceux étudiés par W. Kundt ou par MacCallum et Ellis—offrent des cadres de compréhension dans lesquels les propriétés géométriques de l’espace-temps s’appliquent uniformément à chaque point de l’univers. Cette homogénéité spatiale permet de formuler des équations simplifiées de la relativité générale, rendant possible la modélisation analytique de l’expansion cosmique.

Cependant, une telle idéalisation est insuffisante lorsqu’il s’agit d’interpréter les données observationnelles précises, notamment celles issues des relevés de décalage vers le rouge. Kurki-Suonio et Liang ont montré que dans des univers à symétrie sphérique remplis de poussière, la distribution de la matière observée à travers ces relevés peut s’écarter de manière significative de celle prédite par les modèles strictement homogènes. Cela révèle la nécessité d’intégrer les inhomogénéités dans les descriptions cosmologiques, non comme simples perturbations, mais comme constituants actifs de la dynamique gravitationnelle à grande échelle.

Cette perspective s’enrichit lorsque l’on considère la formation de vides cosmiques, étudiée notamment par Lake et Pim dans le cadre de l’approximation à parois minces. Les vides sphériques, en expansion, possèdent des caractéristiques dynamiques propres, souvent négligées dans les approches FLRW classiques. Leurs interfaces avec la matière environnante créent des effets gravitationnels non triviaux qui influencent l’évolution locale et globale de l’univers. Maeda et Sato, en poursuivant cette voie, ont démontré comment l’expansion de coquilles minces autour de ces vides s’intègre dans un univers globalement en expansion, tout en modifiant localement le comportement géométrique de l’espace-temps.

La conception de ces structures trouve un fondement théorique dans les solutions exactes de la relativité générale, notamment celles à symétrie sphérique. De Nariai à Lemaître, en passant par les contributions fondamentales de Lense et Thirring sur l’effet de rotation des masses centrales, ces travaux composent un arrière-plan mathématique d’une richesse remarquable. Ils montrent que la dynamique cosmique ne peut être réduite à une simple expansion isotrope, mais qu’elle résulte de l’interaction complexe entre l’expansion globale et les structures locales, telles que les vides, les amas et les anisotropies fluides.

L’apport décisif de Lemaître, en particulier, ne réside pas seulement dans sa formulation d’un univers en expansion homogène, mais aussi dans sa prise en compte de la formation des nébuleuses dans un tel contexte dynamique. Cette prise en compte des effets structurels de l’expansion fait écho aux modèles contemporains cherchant à intégrer la formation des grandes structures sans perdre de vue le cadre général de la relativité générale.

La validation observationnelle de ces modèles repose de plus en plus sur des mesures directes du décalage cosmologique, comme le propose Loeb, ou sur les dérivées temporelles de celui-ci, étudiées récemment par Lazkoz et al. Ces approches marquent un tournant : elles ne s’appuient plus uniquement sur des mesures de luminosité apparente ou de taille angulaire, mais sur l’évolution dynamique mesurable du redshift. Cette dérive du redshift devient alors une sonde directe de l’histoire de l’expansion, indépendante des modèles géométriques a priori.

Il est essentiel de comprendre que le formalisme mathématique utilisé dans la modélisation—des équations exactes aux solutions numériques—repose sur une interaction constante entre les symétries supposées et les anomalies observées. Ainsi, les travaux de Letelier sur les fluides anisotropes composés de deux composantes parfaites indiquent la diversité des comportements possibles du contenu matériel de l’univers, au-delà des hypothèses simplificatrices d’un fluide parfait unique.

Enfin, l’étude des effets relativistes subtils, tels que ceux évoqués par Langevin dans le contexte de l’expérience de Sagnac, ou encore ceux développés par Misner, Thorne et Wheeler dans leur traité monumental Gravitation, démontre que l’analyse fine des effets locaux est indispensable à une compréhension complète du cosmos. Il ne suffit pas de considérer les grandes structures : la relativité impose une cohérence des comportements gravitationnels à toutes les échelles.

Le lecteur attentif devra garder à l’esprit que toute modélisation cosmologique est une balance entre simplicité et fidélité. Les modèles homogènes constituent un point de départ, mais la réalité cosmique impose d’aller plus loin : intégrer les effets des inhomogénéités, évaluer leur impact dynamique, confronter les modèles aux relevés observationnels les plus récents, et réévaluer les hypothèses de symétrie à la lumière des données empiriques. Ce n’est qu’à cette condition que la cosmologie pourra prétendre à une véritable compréhension de l’univers réel.

Comment les particules chargées réagissent-elles face aux singularités et horizons dans un champ gravitationnel électromagnétique ?

Dans l’analyse des trajectoires des particules chargées dans un champ gravitationnel électromagnétique, il apparaît que la singularité située en r=0r = 0 joue un rôle fondamental. Cette singularité, souvent associée à un trou noir de Reissner-Nordström (R–N), pose une série de questions essentielles sur la dynamique des particules. L'étude du mouvement des particules dans de tels champs gravitationnels et électromagnétiques révèle que les objets en mouvement, qu'ils soient chargés ou non, sont affectés de manière significative par la présence de ces singularités et horizons.

L’équation du mouvement d’une particule chargée dans un champ gravitationnel et électromagnétique est donnée par :

d2xγds2+Γαβγdxαdsdxβds=qμFνγdxνds\frac{d^2 x^\gamma}{ds^2} + \Gamma^\gamma_{\alpha \beta} \frac{dx^\alpha}{ds} \frac{dx^\beta}{ds} = \frac{q}{\mu} F^\gamma_{\nu} \frac{dx^\nu}{ds}

μ\mu est la masse de la particule et FνγF^\gamma_{\nu} est le tenseur électromagnétique associé au champ. Ce dernier dans le cas du champ de Reissner-Nordström présente seulement deux composantes non nulles, F01=F10=8πer2F_{01} = -F_{10} = \frac{8 \pi e}{r^2}, ce qui permet de réduire l'équation à une forme simplifiée pour certaines trajectoires, notamment celles où les composantes correspondant aux coordonnées angulaires se réduisent.

Les équations du mouvement des particules chargées peuvent alors être intégrées, menant à une relation du type :

d2tds2+qeμr2dtds=1r2(12mr)drds\frac{d^2 t}{ds^2} + \frac{q e}{\mu r^2} \frac{dt}{ds} = \frac{1}{r^2} \left( 1 - \frac{2m}{r} \right) \frac{dr}{ds}

Cela montre que les trajectoires des particules peuvent être considérablement influencées par les propriétés électromagnétiques et gravitationnelles du champ, qui, selon la charge et la masse de la particule, dépendent de la distance à la singularité.

Une des caractéristiques les plus intéressantes de cette dynamique est que, selon la valeur de J0J_0, les particules ne peuvent pas atteindre la singularité en r=0r = 0. Pour J00J_0 \neq 0, les termes dominants dans l'équation deviennent négatifs au voisinage de r=0r = 0, rendant ce voisinage inaccessible aux particules en mouvement. Ainsi, même une particule chargée, bien que théoriquement attirée vers la singularité, est repoussée par cette dernière, tant que sa charge n’est pas trop grande par rapport à sa masse. Ce phénomène est encore plus marquant pour les particules neutres, pour lesquelles l'effet répulsif est également observé, bien qu’il soit d’origine électromagnétique.

Plus précisément, l’analyse montre qu'aucune particule, qu'elle soit chargée ou neutre, ne peut atteindre la singularité centrale, quel que soit le signe de la charge, tant que certaines conditions sont respectées, telles que q2<μ2q^2 < \mu^2. Ce résultat est d'autant plus frappant qu'il indique une forme d'anti-gravitation, où les forces électromagnétiques repoussent même les particules sans charge, un phénomène contre-intuitif mais bien réel dans le cadre du champ gravitationnel de Reissner-Nordström.

Lorsqu'on étudie les points de retournement des trajectoires, on observe qu’ils ne peuvent exister qu’en dehors de l’horizon extérieur r>r+r > r+ ou à l’intérieur de l’horizon interne r<rr < r-, là où φ>0\varphi > 0. Les conditions aux frontières de ces horizons sont d’une importance capitale dans l'étude des trajectoires, car elles déterminent les régions accessibles aux particules, qui dépendent directement de la forme de φ\varphi, le potentiel gravitationnel.

La conclusion la plus significative à tirer de ces équations est que la dynamique des particules dans un champ gravitationnel électromagnétique révèle une géométrie extrêmement complexe, où les notions de distance et de temps se redéfinissent à proximité des horizons. Ce phénomène est particulièrement pertinent pour comprendre le comportement des particules dans les trous noirs chargés de type Reissner-Nordström, où les horizons interne et externe jouent un rôle crucial dans la déviation ou l’isolement des particules.

Enfin, il est essentiel de noter que, même si la distance vers l’horizon semble infinie dans certaines coordonnées de la métrique, le temps propre mesuré le long d'une géodésique temporelle reste fini. Cela signifie que la structure du temps et de l’espace dans ces régions extrêmes reste fondamentalement différente de notre intuition classique, soulignant l’importance des paramètres relatifs à l’électromagnétisme et à la gravitation dans l’étude des trous noirs.