Le comportement d’un matériau élastoplastique lors de la déformation est marqué par une transition fondamentale : après l’atteinte de la contrainte limite, le matériau continue à se déformer sans augmentation de l’énergie de déformation élastique. Ce phénomène exige une règle complémentaire décrivant l’évolution des déformations plastiques en fonction des contraintes. Une telle règle, appelée règle de flux associée, impose que les déformations plastiques suivent la normale à la surface de charge. Cette association entre contrainte et déformation définit un comportement cohérent, respectant les symétries physiques de chaque type de sollicitation — traction uniaxiale, cisaillement pur, etc.
Lorsqu’une pièce est soumise à des sollicitations non uniformes, comme dans le cas de la torsion ou du flambement d’une poutre, les contraintes varient spatialement dans le corps. Le point le plus sollicité atteint en premier la limite élastique. À partir de ce moment, la contrainte en ce point cesse d’augmenter, et les charges se redistribuent dans la structure. Cette redistribution progressive, dite "progressive yielding", joue un rôle déterminant dans la capacité ultime de la structure.
Prenons le cas d’une barre circulaire en torsion, soumise à un moment de torsion croissant. Pour une barre de module de cisaillement et contrainte de cisaillement limite , la déformation dépend de la vitesse de rotation . Lorsque , la matière reste élastique et la contrainte suit la loi . Pour , la contrainte reste constante à , la matière ayant plastifié.
Le couple total s’obtient en intégrant la contrainte sur la section transversale, en séparant les zones élastiques et plastiques. L’analyse conduit à une relation entre le moment appliqué et la vitesse de rotation , qui devient non linéaire après le premier plastification. Le couple à la plastification initiale est défini par . La barre peut supporter un couple supérieur à , atteignant une valeur asymptotique , avant la rupture.
Ce gain apparent de résistance au-delà du point de plastification est une conséquence purement géométrique du mode de déformation, et non un renforcement du matériau. En réalité, la rupture se produit lorsque la déformation au niveau de la fibre externe dépasse la limite de rupture en cisaillement du matériau. Toutefois, au-delà d’un taux de rotation de l’ordre de , la barre a pratiquement atteint sa capacité portante maximale.
Dans le cas du flambement pur d’une poutre rectangulaire, la situation est analogue. Sous une courbure , les fibres situées à une distance restent dans le régime élastique, avec , tandis que les fibres plus éloignées ont atteint la contrainte limite (ou en compression). Le moment fléchissant se calcule alors en intégrant la distribution des contraintes sur la section.
La courbe moment-courbure montre une évolution semblable à celle du couple-vitesse de torsion : linéaire jusqu’à la plastification, puis non linéaire au-delà. À mesure que la plastification progresse, les zones à contrainte constante s’élargissent, réduisant la rigidité apparente de la poutre. L’accroissement de moment devient de moins en moins significatif avec l’augmentation de la courbure, atteignant asymptotiquement une valeur limite. La rigidité diminue, mais la capacité portante augmente temporairement grâce à la mobilisation de fibres supplémentaires dans le comportement plastique.
La plasticité ne signifie donc pas immédiatement la rupture, mais plutôt une transition de régime mécanique. Cette distinction est cruciale dans la conception des structures : le dépassement de la limite élastique ne doit pas automatiquement être interprété comme une défaillance. En fait, les structures métalliques sont souvent conçues pour exploiter la réserve de plasticité disponible avant la rupture.
Il est essentiel de noter que la progression de la plastification dans une section est influencée non seulement par la géométrie de la section, mais aussi par la loi constitutive du matériau et par les conditions de chargement. Dans les deux cas examinés — torsion et flexion —, le comportement post-élastique est prédictible et mathématiquement modélisable, ce qui permet de l'intégrer dans le calcul de structures avec un degré élevé de fiabilité.
Ce qu’il faut comprendre, au-delà de la mécanique proprement dite, c’est que la résistance ultime d’une pièce n’est pas atteinte au premier signe de plastification. La capacité portante continue d’augmenter grâce à la redistribution des efforts internes. Cette propriété offre aux ingénieurs la possibilité de concevoir des structures plus économes et plus sûres, à condition de maîtriser les mécanismes de plasticité et les critères de rupture. La connaissance fine du comportement élastoplastique, intégrée dans les modèles de calcul, permet de mieux anticiper les zones critiques, de prévoir le comportement global, et d’optimiser la sécurité tout en réduisant les marges excessives.
Comment résoudre les problèmes d'une barre axiale avec une variation de section transversale et des conditions aux limites variées ?
Les problèmes relatifs aux barres axiales sont souvent rencontrés dans la mécanique des structures, où la solution du déplacement et de la force interne dans la barre dépend de plusieurs paramètres tels que la distribution des charges et la configuration des conditions aux limites. Lorsqu'une barre présente des changements dans sa section transversale ou des conditions aux limites complexes, la résolution devient plus délicate, mais reste essentielle pour déterminer les déformations et les forces internes. La solution typique passe par l'utilisation de conditions de continuité et de contraintes aux bornes, afin d’assurer une résolution précise.
Prenons, par exemple, le cas d'une barre de longueur 3L, soumise à une charge ponctuelle P. Les conditions aux limites sont définies de la manière suivante : , , , et . Ces conditions dictent le comportement de la barre aux points de transition entre ses différentes sections. Bien que nous ne connaissions pas les valeurs exactes du déplacement en et , il est crucial que les fonctions composantes respectent la continuité à ces points.
Le processus de résolution commence par l’application des conditions aux limites à chaque section de la barre. Par exemple, à , en imposant la condition , on obtient une expression pour la constante d'intégration . À , la condition permet de relier les forces internes dans la première et la deuxième section de la barre. En appliquant les équations d'équilibre, on peut déterminer les constantes d'intégration restantes, telles que , , et la force de réaction . Ces valeurs nous permettent ensuite de calculer les expressions de la force axiale interne et du déplacement dans chaque segment de la barre.
Une fois ces constantes déterminées, les résultats sont présentés sous forme de fonctions linéaires pour chaque segment de la barre. Cela signifie que, dans chaque section, la déformation est linéaire, mais que la dérivée du déplacement (c'est-à-dire la déformation) est discontinue au niveau des points de transition. Ce phénomène est courant lorsque la barre subit un changement brusque de section, comme dans le cas des barres à sections non uniformes. Les diagrammes des forces internes, de la contrainte axiale et des déplacements montrent que la contrainte diminue dans la section avec une surface plus grande, bien que la force interne reste la même.
Il est essentiel de comprendre que dans un tel système, les champs de contrainte et de déformation peuvent devenir complexes dans la zone où la transition de la section a lieu. Cela est dû aux concentrations de contraintes qui se forment à ces points, ce qui peut conduire à une défaillance du matériau si la transition n’est pas suffisamment adoucie. Par conséquent, dans la pratique de la conception, il est crucial de veiller à ce que les transitions de section soient lisses pour éviter ces concentrations de contraintes et améliorer la performance de la structure.
Pour la résolution numérique de ces problèmes, une stratégie basée sur des intégrales numériques est utilisée. La méthode consiste à résoudre les équations différentielles du système en utilisant des méthodes d'intégration, telles que la règle des trapèzes généralisée, pour obtenir les valeurs de la force interne et du déplacement dans toute la barre. Ce processus permet de modéliser et de visualiser l'impact des différentes conditions aux limites et des distributions de charge sur la structure.
Les équations fondamentales du problème sont données par pour la force axiale et pour le déplacement. L'intégration de la première donne une expression pour la force interne en fonction de la charge appliquée, et l'intégration de la deuxième fournit l'expression du déplacement. Cette approche permet de convertir un problème aux conditions aux limites en un problème aux valeurs initiales, qui peut ensuite être résolu par des méthodes numériques.
Le résultat de cette méthode peut être affiché sous forme de graphiques des forces internes, des contraintes et des déplacements à travers la barre. Ces courbes permettent de visualiser le comportement de la barre sous les effets de différentes charges et configurations de conditions aux limites, ce qui est essentiel pour les ingénieurs et concepteurs afin de garantir la sécurité et l'efficacité des structures.
En fin de compte, bien que la méthode numérique soit puissante, il est crucial de comprendre que la modélisation de la barre axiale avec des variations de section et des conditions aux limites complexes peut encore comporter des défis, en particulier en ce qui concerne la gestion des concentrations de contraintes et des transitions géométriques. La solution optimale dans la pratique consiste à concevoir des transitions de section progressives et à utiliser des logiciels de calcul avancés qui permettent de simuler et d'optimiser les performances des structures.
Comment déterminer la déformation et la contrainte à partir du gradient de déplacement ?
Le comportement mécanique d’un matériau soumis à une déformation est décrit à partir d’une fonction de déplacement, qui associe à chaque point initial sa nouvelle position dans l’espace déformé. Cette fonction, notée généralement ϕ, s’exprime souvent sous la forme ϕ(z) = z + u(z), où z représente la position initiale et u(z) le déplacement subi par ce point. Le gradient de cette transformation, le tenseur de déformation ou gradient de déformation F, se définit par la matrice des dérivées partielles des composantes de ϕ par rapport aux coordonnées initiales. Plus précisément, F = I + ∇u, où I est la matrice identité et ∇u le gradient du déplacement.
Dans le cas d’une déformation homogène, toutes les régions du corps subissent une déformation identique. La matrice F devient alors constante et ses composantes peuvent s’écrire explicitement, par exemple :

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