Les États du Nord-Est de l'Inde, comprenant Assam, Arunachal Pradesh, Meghalaya, Tripura, Manipur, Nagaland, Mizoram et Sikkim, regorgent de découvertes archéologiques potentielles, mais leur étude nécessite une investigation plus approfondie. Bien que des artefacts en pierre aient été découverts en quantité, les données concernant les modes de subsistance restent rares. Plusieurs sites néolithiques ont été identifiés, notamment dans les régions montagneuses, mais, contrairement à d'autres parties du sous-continent, la transition vers le Néolithique n'a pas encore été clairement documentée sur le plan archéologique. Une grande partie des découvertes provient de trouvailles superficielles, bien que quelques sites aient fait l'objet de fouilles.

À Sarutaru, à 25 km au sud-est de Guwahati, les fouilles ont mis au jour des haches et des outils en pierre taillée, ainsi que de la poterie réalisée à la main, notamment des céramiques brunes, grises et jaunâtres, parfois décorées de lignes parallèles ou de motifs en croix. Toutefois, la phase "néolithique" de Sarutaru pourrait dater des premiers siècles de notre ère. À Marakdola, les fouilles ont révélé une couche de 1 mètre d'épaisseur contenant des poteries fabriquées au tour, en argile kaolin, parfois ornées d'impressions de corde. De la poterie similaire a été retrouvée à Ambari, près de Guwahati, dans des contextes datés entre les VIIe et XIIe siècles de notre ère.

Dans les collines du Cachar du Nord, à Daojali Hading, une couche de 1,5 mètre d'épaisseur a révélé des outils en pierre et en bois fossile : haches, herminettes, ciseaux, houes, meules et broyeurs. Les matériaux locaux utilisés pour fabriquer ces outils incluent l'argile schisteuse, le grès, le quartzite et le bois fossile. Trois types de poterie ont été trouvés : de la poterie rouge et grise décorée de motifs en corde, de la poterie rouge à estampillage mat et de la poterie rouge simple. Les meules et broyeurs suggèrent une activité de transformation alimentaire. Ces découvertes apportent des indices indirects sur les modes de vie de ces anciennes populations.

Dans le Nagaland, les premiers travaux sur l'agriculture ont récemment permis de recueillir des preuves archéobotaniques directes. Une étude menée par Anil K. Pokharia et ses collaborateurs, en analysant des restes végétaux provenant de six sites excavés entre 2008 et 2010, a révélé une grande quantité de riz sauvage ou domestiqué (Oryza sp.) et de divers types de millets, accompagnés de restes de blé, pois de cheval, coton et d'autres végétaux. Ces données suggèrent que les habitants de cette région étaient déjà familiers avec des plantes à des fins alimentaires et médicinales. Les dates radiocarbone calibrées des échantillons vont de la fin du Ier millénaire av. J.-C. au IIe millénaire de notre ère.

Des outils néolithiques et des poteries faites à la main ont été découverts à plusieurs endroits du Nagaland, notamment à Purakha et à Napachik, ce dernier ayant livré une datation thermoluminescente autour de 1650 ± 350 avant notre ère pour des céramiques décorées de motifs en corde. À Napachik, les fouilles ont également révélé des outils en pierre, des grattoirs et des meules, ainsi que des céramiques rouges, grises et blanches ornées de motifs en corde. Certaines poteries possédaient des pieds tripodes, un trait qui évoque des céramiques trouvées en Chine du Sud, en Thaïlande et en Malaisie. Ces similarités culturelles entre les différents sites archéologiques du Nord-Est et celles des régions d'Asie de l'Est et du Sud-Est soulignent les échanges et les influences potentielles à travers le temps.

En ce qui concerne Meghalaya, des fouilles à Selbalgiri, le long de la rivière Rongram, ont révélé un niveau microlithique, suivi d'un dépôt néolithique de 60 cm contenant des celtes en pierre et des poteries. À Pynthorlangthen, dans la région de Jowai, un dépôt néolithique d'1 mètre d'épaisseur a fourni des adzes, des haches, des ciseaux, des pointes, des lames et des grattoirs, ainsi que des fragments de poteries rouges, grossièrement fabriquées et décorées de motifs en corde. Ce site semble avoir été un centre de production. Dans le Arunachal Pradesh, le site de Parsi-Parlo a révélé des outils en pierre et des poteries néolithiques, comprenant deux phases de développement, avec des traces de meulage et de polissage sur certains outils.

Les découvertes récentes et les fouilles menées dans cette région montrent que les outils en pierre polie et la poterie à main ont continué à être utilisés longtemps après l'introduction du cuivre et du fer. Il est important de noter que les dates de ces sites varient considérablement. Par exemple, à Chungliyimti, dans le Nagaland, les restes archéologiques associés à des celtes polies ont donné une plage de dates allant de 980 à 1647 de notre ère, ce qui suggère que ces technologies étaient encore en usage bien après l'émergence des métaux.

Enfin, bien que les sites du Nord-Est de l'Inde aient révélé des outils et des poteries associés à des périodes pré-néolithiques et néolithiques, il reste un besoin crucial de mieux comprendre la chronologie de ces sites pour établir une image plus précise des horizons néolithiques et néolithiques-chalcolithiques dans cette partie du sous-continent. L'archéologie de cette région pourrait également bénéficier d'une exploration plus approfondie de la relation entre les cultures locales et les influences extérieures en Asie de l'Est et du Sud-Est.

Comment l’histoire ancienne de l'Inde et de ses régions voisines continue d’évoluer à travers les historiographies contemporaines ?

Les historiens sri-lankais ont remis en question la dépendance excessive aux chroniques pali pour construire l’histoire ancienne de l'île. Ils plaident en faveur d'une compréhension plus nuancée du passé, fondée sur une lecture critique des textes et l'incorporation de preuves épigraphiques et archéologiques. Cette réflexion s'inscrit dans un contexte plus large où la question de l’écriture de l’histoire est profondément influencée par des intérêts politiques et des enjeux identitaires. En Asie du Sud, et plus particulièrement au Pakistan et au Bangladesh, le nationalisme et la religion façonnent également les récits historiques. Les manuels scolaires sont souvent le reflet des dilemmes contemporains, notamment concernant le traitement du passé pré-islamique. L’utilisation de l’histoire à des fins politiques est un phénomène mondial, et il devient crucial de remettre en question toutes les constructions du passé, pour distinguer celles basées sur une analyse rigoureuse des sources et un raisonnement convaincant de celles qui ne le sont pas.

Le changement dans l’historiographie de l’Inde ancienne au cours des dernières décennies peut être appréhendé en mettant l’accent sur plusieurs de ses thèmes et caractéristiques spécifiques. Le volume croissant des données archéologiques et l’utilisation de techniques scientifiques ont modifié notre compréhension du passé indien ancien. L’analyse génomique a mis en lumière de nouvelles preuves concernant les migrations et les mélanges de populations à travers le monde. Les études paléo-environnementales, quant à elles, reconstruisent l’évolution des environnements et du climat, révélant ainsi leurs impacts sur la vie humaine. L’étude de la flore et de la faune anciennes apporte des éléments cruciaux pour une compréhension plus précise des pratiques alimentaires, de la santé, des maladies et de la nutrition. Les histoires des animaux ont également enrichi notre vision du passé humain. Parallèlement, l’analyse des textes anciens et des inscriptions s’est affinée. Ces sources sont désormais abordées comme des discours devant être compris à la lumière de leur époque, de leur genre, de la perspective de l’auteur et de l’audience visée.

Les historiens contemporains reconnaissent l’importance des sources visuelles au-delà de l’histoire de l’art. De nouveaux champs de recherche émergent, comme l’histoire des idées et des émotions, qui offrent des perspectives inédites sur le passé humain. Aujourd’hui, les historiens sont conscients de l’urgence de dépasser les frontières imposées par les périodisations conventionnelles et de rédiger des récits historiques qui traversent les siècles. La question des rapports de pouvoir et des inégalités sociales est également essentielle. L’histoire doit devenir plus inclusive pour avoir un sens pour un plus grand nombre de personnes, en particulier en prenant en compte les groupes subordonnés, souvent oubliés dans les récits traditionnels, tels que les classes laborieuses, les castes inférieures, les communautés tribales et ceux autrefois étiquetés « intouchables ».

Dans cette quête d’inclusivité, une petite frange d’historiens, principalement des femmes, a récemment marqué de façon significative l’histoire sociale de l’Inde ancienne. Ils ont posé de nouvelles questions, brisé la séparation artificielle entre le domaine privé et le domaine politique, et mis en lumière les hiérarchies de pouvoir au sein des familles et des foyers. Ils ont également montré l’interdépendance du genre, de la classe, de la caste et du pouvoir politique. L’intégration du genre et des relations sexuelles dans l’histoire sociale est aujourd’hui une composante incontournable de la compréhension de la société ancienne. Dans un avenir proche, il est probable que la prise de conscience que le genre ne se limite pas aux binarités de l’homme et de la femme permettra de faire avancer cette compréhension dans des directions nouvelles et intéressantes.

L’un des aspects les plus marquants de l’historiographie de la période médiévale précoce est l’étude détaillée de l’évolution des régions et des sous-régions. Ces recherches, fondées sur l’analyse empirique minutieuse des sources épigraphiques et textuelles, ont mis en évidence des transformations des structures politiques, économiques et sociales, avec une attention particulière portée aux relations agraires et à la légitimation du pouvoir politique. Ces études ont également été accompagnées par l’étude de l’émergence et du développement des langues régionales, de la littérature et des traditions culturelles. Elles ont ainsi révélé les trajectoires historiques variées à travers les différentes parties du sous-continent indien à l’époque médiévale précoce.

Pourtant, les histoires de l’Inde ancienne doivent encore mieux refléter la diversité des régions et des communautés du sous-continent. Bien que les cœurs des grands empires et royaumes soient bien représentés, de nombreuses régions, comme le Nord-Est de l’Inde, demeurent marginalisées. Il est essentiel de redresser cet équilibre en accordant davantage d’attention aux régions qui forment aujourd’hui les États-nations du Sri Lanka, du Pakistan, du Népal, du Bhoutan et du Bangladesh. De même, les relations entre les différentes régions du sous-continent et d’autres parties du monde doivent être davantage explorées. Au-delà des réseaux commerciaux, de nombreux aspects culturels relativement inexplorés, comme les échanges culturels entre les régions du monde antique, permettent de mieux situer l’histoire de l’Asie du Sud dans un contexte global.

L’histoire est un domaine en perpétuelle évolution, et il ne peut jamais y avoir de « dernier mot ». Les historiens ont fait d’innombrables avancées au fil des années, mais de nombreux défis demeurent pour approfondir et étendre notre compréhension des processus historiques complexes et des diversités de chaque région du sous-continent indien. Il reste essentiel d’intégrer les expériences des groupes ordinaires et marginalisés dans notre compréhension du passé ancien. L’étude critique de l’historiographie permet de situer l’histoire de l’Inde ancienne et médiévale dans un cadre contemporain. Toutefois, les avancées futures découleront probablement de l’interrogation de nouvelles questions, de la recherche de nouvelles réponses à des interrogations anciennes, de l’exploration de nouveaux thèmes et d’une réflexion audacieuse et créative au-delà des cadres historiques existants. L’histoire, dans sa diversité infinie et son caractère ouvert, reste une discipline fascinante.

Le plus grand défi demeure cependant de comprendre comment les pratiques sociales, les institutions et les idées du présent ont des racines dans le passé. L’histoire nous apprend à penser de manière historique et à percevoir la diversité et la complexité des expériences humaines à travers les cultures et le temps. Mais il ne faut pas attendre du passé qu’il reflète uniquement le présent. Ce sont précisément les aspects qui nous semblent radicalement différents de notre expérience qui méritent toute notre attention. L’histoire regorge de découvertes surprenantes, et c’est là toute sa richesse.

L'influence et les dynasties du Rajasthan et de l'Inde du Nord : Une exploration des royaumes et de leur héritage monétaire

Le Rajasthan et ses environs ont été le berceau de nombreuses civilisations et dynasties qui ont marqué l'histoire de l'Inde ancienne. Parmi ces peuples, les Malavas, les Yaudheyas et les rois Naga occupent une place prépondérante, non seulement par leurs conquêtes, mais aussi par leur riche héritage monétaire, qui nous éclaire sur la diversité culturelle et religieuse de la région à cette époque.

Les Malavas, avec leur capitale à Malavanagara, aujourd'hui identifiée à Nagar, ont laissé un témoignage significatif à travers leurs pièces de monnaie, dont certaines portent des légendes comme jayo Malavanam ou Malavanam jayah, soulignant leur fierté et leurs victoires. Ce peuple a également eu une influence notoire sur les pratiques religieuses et politiques de la région. La découverte d'un sceau en plomb à Rairh, portant des inscriptions en lettres Brahmi datant du IIe siècle avant notre ère, atteste de l'importance du Malava janapada. Ce sceau est une preuve tangibles du système administratif et de la hiérarchie de ce peuple, qui semble avoir joué un rôle clé dans la formation des premiers royaumes de la région.

Les Yaudheyas, quant à eux, ont dominé l'est du Punjab ainsi que certaines parties de l'Uttar Pradesh et du Rajasthan. Leurs pièces de monnaie, retrouvées de Multan à Saharanpur, et un sceau d'argile trouvé à Sunet près de Ludhiana, illustrent leur puissance militaire et leur ferveur religieuse. Sur ce sceau, un motif de taureau et la légende Yaudheyanam jaya-mantradharanam (des Yaudheyas, les détenteurs du charme secret de la victoire) témoignent de l'importance des divinités protectrices, telles que Karttikeya, pour ces guerriers.

En outre, la période de domination des rois Naga dans les régions du Nord de l'Inde, particulièrement dans des lieux comme Mathura et Padmavati, est marquée par des inscriptions, des pièces de monnaie et des sceaux, qui attestent de la popularité de la dévotion envers les nagas (divinités serpents). Cette vénération des nagas a donné naissance à une lignée de rois Naga, dont les noms portent souvent le suffixe « naga ». Ces rois, dont certains régnaient depuis Padmavati, sont connus grâce à des pièces de monnaie et des inscriptions retrouvées à Mathura et Vidisha.

Les rois Naga de cette époque, souvent appelés « rois naga » en raison de l'influence culturelle et religieuse des nagas, étaient très présents à Mathura et ailleurs. Une caractéristique marquante des pièces de cette époque est la présence des suffixes « mitra » ou « datta », qui, selon certains historiens, indiquent une association avec des alliances dynastiques, ou encore un reflet de la structure sociale et religieuse complexe de l’époque.

Dans les régions de l'ouest de l'Inde, les Kshatrapas, vassaux des Indo-Scythes (ou Shakas), ont joué un rôle central dans l'histoire du sous-continent. Leurs pièces de monnaie, notamment celles des dynasties Kshaharata et Kardamaka, reflètent non seulement l’essor économique de la région, mais aussi l’évolution des pratiques administratives et de la stratégie militaire. Parmi ces souverains, Nahapana se distingue particulièrement, connu à la fois par ses pièces et par les inscriptions de son gendre Ushavadata. Les monétaires de Nahapana ont été retrouvées dans des sites aussi éloignés que l'Ajmer et le district de Nashik, ce qui témoigne de l'étendue de son pouvoir. Il semble qu'à son apogée, son royaume ait englobé des régions telles que Malwa, le Gujarat, et même certaines parties du Rajasthan et de la vallée inférieure de l'Indus.

L'influence des Shakas, notamment à travers leurs Kshatrapas, est particulièrement évidente dans les zones contestées entre le royaume de Satavahana et les Kshaharatas. Les conflits, notamment entre le roi Gautamiputra Satakarni et Nahapana, soulignent l'importance stratégique de ces régions, qui permettaient un accès privilégié à la mer. Après la défaite de Nahapana par Gautamiputra, le royaume des Kshaharatas s'effondre et fait place à une nouvelle lignée de Shakas, les Kardamaka, qui, sous la direction de Chashtana, récupèrent certains territoires perdus, notamment ceux du Gujarat et de Saurashtra.

Le roi Rudradaman I des Kardamaka, par son inscription de Junagarh, nous raconte l'histoire de la restauration d'un réservoir d'eau, le lac Sudarshana, qui a survécu pendant plusieurs siècles, passant de la période de Chandragupta Maurya à l'Empire de Rudradaman. Cette inscription est non seulement un témoignage historique de la grandeur du royaume, mais aussi le premier long texte en sanskrit inscrit dans le sous-continent. Il raconte comment Rudradaman, après une violente tempête, restaura ce lac, soulignant l’importance de l'infrastructure hydraulique dans le maintien du pouvoir et de la prospérité de son empire.

Les dynasties Kshatrapa, en particulier les Kardamaka, continuent de fasciner par leur persistance et leur résilience dans un contexte de guerre incessante. Leur influence se mesure non seulement par leurs conquêtes militaires, mais aussi par leur capacité à gérer des territoires aussi divers et stratégiquement importants.

Enfin, au-delà des guerres et des conquêtes, ces dynasties illustrent l'interaction complexe entre le pouvoir politique et la religion. L'iconographie des pièces de monnaie, les légendes inscrites sur les sceaux et les dédicaces trouvées dans les temples témoignent de l'importance des divinités, comme Karttikeya et les nagas, qui assuraient la protection divine des souverains. Cela montre que la politique et la religion étaient indissociables dans la gestion des royaumes anciens, un phénomène qui se retrouvera dans de nombreuses autres dynasties indiennes à travers les âges.