Les fonctions quantiles jouent un rôle fondamental dans la caractérisation des distributions de probabilités et dans l’analyse des variables aléatoires. Lorsqu'une variable aléatoire XX est liée à une autre variable aléatoire YY via une fonction ff, les fonctions quantiles de XX et YY sont également liées de manière spécifique, en fonction de la nature de la fonction ff.

Prenons le cas où X=f(Y)X = f(Y) pour une fonction croissante ff et où qYq_Y est la fonction quantile de YY. Selon le lemme D.12, dans ce cas, la fonction quantile de XX peut être obtenue en appliquant ff à la fonction quantile de YY :

qX(t)=f(qY(t))pour presque tous t(0,1).q_X(t) = f(q_Y(t)) \quad \text{pour presque tous } t \in (0, 1).

Cela signifie que si ff est croissante, les quantiles de XX sont simplement les images des quantiles de YY sous la transformation ff. Cette relation est particulièrement utile pour les applications statistiques et probabilistes où l’on souhaite comprendre l’impact de la transformation de YY sur les quantiles de XX.

Inversement, si ff est décroissante, la situation se renverse : la fonction quantile de XX devient

qX(t)=f(qY(1t)).q_X(t) = f(q_Y(1 - t)).

Cette relation repose sur le fait que l’application d’une fonction décroissante inverse l’ordre des quantiles.

Dans les deux cas, ces résultats reposent sur des arguments probabilistes et sur l’utilisation du théorème de Fubini, qui permet de manipuler des intégrales doubles et de relier les probabilités jointes aux quantiles individuels.

Il est également important de noter que ces résultats peuvent être étendus aux situations où XX et YY sont des transformations d’une troisième variable ZZ, comme dans l’exercice D.2.3. Lorsque X=f(Z)X = f(Z) et Y=g(Z)Y = g(Z), où ff et gg sont croissantes, et si XX et YY sont comonotones, c'est-à-dire si ff et gg sont toutes deux croissantes ou toutes deux décroissantes, la somme des fonctions quantiles qX(t)+qY(t)q_X(t) + q_Y(t) donne la fonction quantile de la somme X+YX + Y. Ce résultat est très utile pour les modèles statistiques impliquant des variables aléatoires comonotones.

Au-delà de ces transformations simples, il existe des inégalités fondamentales qui permettent de lier les valeurs d'espérance des produits de variables aléatoires aux quantiles. Les inégalités de Hardy-Littlewood, telles que celles formulées dans le théorème D.13, donnent des bornes supérieures et inférieures sur l'espérance E[XY]E[XY] en termes des fonctions quantiles qXq_X et qYq_Y. En particulier, on a :

01qX(1s)qY(s)dsE[XY]01qX(s)qY(s)ds,\int_0^1 q_X(1 - s) q_Y(s) \, ds \leq E[XY] \leq \int_0^1 q_X(s) q_Y(s) \, ds,

ce qui fournit des bornes utiles dans l'analyse des relations entre les variables aléatoires. Ces bornes sont atteintes sous certaines conditions sur les fonctions ff et gg, en particulier lorsque ces fonctions sont croissantes ou décroissantes, ce qui garantit l'égalité dans les bornes respectives.

Lorsqu'une variable aléatoire est de la forme X=f(Y)X = f(Y), et que l'on suppose que la borne supérieure de l'inégalité est atteinte, cela implique que ff doit être une fonction croissante. Cette condition est cruciale dans les applications pratiques, car elle détermine le type de fonction ff à utiliser pour garantir que les inégalités de Hardy-Littlewood sont respectées.

En outre, les inégalités de Hardy-Littlewood trouvent des applications dans des contextes plus généraux, notamment dans l'analyse de la dépendance entre deux événements ou de la relation entre plusieurs variables aléatoires. Par exemple, pour deux événements AA et BB dans un espace de probabilité, les inégalités de Hardy-Littlewood prennent la forme suivante :

(P[A]+P[B]1)P[AB]min(P[A],P[B]).(P[A] + P[B] - 1) \leq P[A \cap B] \leq \min(P[A], P[B]).

Ces bornes, appelées bornes de Fréchet, sont fondamentales dans la théorie des probabilités et dans l’étude de la dépendance entre événements aléatoires.

De plus, il existe une extension de ces bornes aux cas impliquant plusieurs événements, ce qui permet d’étudier des situations de dépendance complexe entre plusieurs variables aléatoires ou événements. Cela est particulièrement utile dans des domaines comme les statistiques multivariées, l’analyse de la dépendance dans les portefeuilles financiers, ou encore l’étude de réseaux complexes.

Un aspect clé à comprendre pour le lecteur est que ces relations et inégalités entre quantiles et fonctions sont essentielles pour modéliser des situations réelles, où les variables aléatoires interagissent d'une manière complexe, soit par des transformations monotones, soit par des combinaisons de variables aléatoires. Le fait de connaître ces propriétés permet de mieux appréhender les structures sous-jacentes de données complexes, qu’il s’agisse de modèles de risque, de processus stochastiques, ou d'autres types d'analyses statistiques.

Comment optimiser la gestion des risques à travers les contrats d'assurance stop-loss et la maximisation de l'utilité robuste ?

Dans un cadre d'analyse des contrats d'assurance stop-loss, un aspect clé réside dans l'optimisation de la fonction d'indemnisation, définie par I(y)=(yd)+I^*(y) = (y - d)^+, où dd est un seuil de franchise qui détermine le montant de la couverture. Ce type de contrat est particulièrement pertinent pour les agents économiques souhaitant limiter leurs pertes dans des scénarios incertains. Un résultat important est que, pour toute indemnité III \in I, il existe un d0d \geq 0 tel que I(y)=(yd)+I^*(y) = (y - d)^+ soit optimal, garantissant que X I^* \succède \text{icv} X I pour tous les III \in I, où \succède \text{icv} représente une relation d'ordre stochastique.

L'optimalité du contrat stop-loss découle d'une condition fondamentale : la maximisation de l'utilité attendue. Dans le cas où la prime π\pi est supérieure ou égale à (1+ρ)E[Y](1 + \rho) \mathbb{E}[Y], il devient optimal de choisir d=0d = 0, c'est-à-dire que I(y)=yI^*(y) = y. Si π\pi est inférieur à (1+ρ)E[Y](1 + \rho) \mathbb{E}[Y], le seuil de franchise dd est ajusté de manière à satisfaire (1+ρ)E[(Yd)+]=π(1 + \rho) \mathbb{E}[(Y - d)^+] = \pi. Ce choix repose sur le fait que la fonction xE[(Yx)+]x \mapsto \mathbb{E}[(Y - x)^+] est décroissante, ce qui garantit l'existence d'un dd adapté.

La relation d'ordre stochastique X I^* \succède \text{icv} X I est essentielle pour démontrer l'optimalité du contrat. Cette condition implique que, pour tout t(0,1]t \in (0, 1], l'intégrale de qX(s)qI(s)qX(s) - qI(s) est non négatif, ce qui peut être compris comme une démonstration formelle que II^* minimise les risques pour l'assuré en garantissant un meilleur ajustement par rapport à toute autre stratégie d'indemnisation. Ce résultat s'avère important pour les assureurs, car il montre que le contrat stop-loss permet une meilleure gestion des risques, tout en respectant les principes fondamentaux de l'équité actuarielle.

Un autre élément clé réside dans le fait que le contrat stop-loss optimisé par II^* minimise également la variance du paiement des indemnités. En effet, si un contrat II satisfait E[XI]=E[XI]\mathbb{E}[XI] = \mathbb{E}[XI^*], alors var(XI)var(XI)\text{var}(XI^*) \leq \text{var}(XI). Ce résultat, bien qu'important dans le contexte de l'optimisation des risques, démontre que le contrat stop-loss offre un équilibre entre la réduction des pertes et le contrôle de la volatilité des paiements.

Au-delà des aspects purement techniques, il est crucial de comprendre que le contrat stop-loss représente une solution efficace dans des situations d'incertitude. Lorsqu'un agent économique est confronté à une incertitude de type Knightienne, c'est-à-dire lorsqu'il est avisé mais ne dispose pas de toutes les informations possibles sur le comportement futur des variables économiques, un contrat stop-loss peut constituer une réponse optimale pour minimiser l'impact de scénarios défavorables. En cela, ces contrats sont d'autant plus pertinents dans un contexte où les agents économiques doivent naviguer dans un environnement marqué par une forte volatilité et des risques incomplets.

Dans ce cadre, la maximisation de l'utilité robuste devient une problématique centrale. En effet, l'agent économique cherchant à maximiser sa fonction d'utilité robuste face à l'incertitude doit prendre en compte l'ensemble des mesures de probabilité possibles dans un ensemble QQ, comme le stipule le modèle de maximisation d'utilité robuste. La robustesse dans ce contexte est renforcée par le fait que l'agent ne connaît pas de manière précise la distribution des prix, mais peut néanmoins modéliser la situation en tenant compte de l'incertitude liée à la distribution du rendement de l'actif.

La maximisation de l'utilité robuste peut ainsi être vue comme une tentative d'optimisation dans un environnement d'incertitude, où l'agent cherche à minimiser les pertes potentielles tout en maximisant son utilité. Les mesures de probabilité QQ sont choisies pour refléter cette incertitude, et le choix du contrat d'assurance stop-loss, ou d'autres instruments financiers similaires, constitue un élément clé dans ce processus. Le problème posé par la maximisation de l'utilité robuste peut se formuler comme suit : maximiser infQQEQ[u(X)]\inf_{Q \in Q} \mathbb{E}_Q[u(X)], où XX est le profil de paiement et uu est la fonction d'utilité de l'agent. En considérant les mesures QQ comme un ensemble convexe et en imposant certaines propriétés sur la distribution de ces mesures, on peut parvenir à une solution optimale qui prend en compte à la fois le risque et l'incertitude de manière robuste.

Un autre concept clé dans ce cadre est celui de la mesure "least-favorable", qui permet de définir une mesure Q0QQ_0 \in Q qui est la moins favorable par rapport à PP^*, la mesure de prix. Cette mesure Q0Q_0 est utilisée pour déterminer une densité optimale φ0\varphi_0 qui minimise l'espérance de l'utilité sous la contrainte d'incertitude. Cela permet de mieux comprendre les choix optimaux en matière d'investissement et de gestion des risques dans un environnement incertain.

Ainsi, l'optimisation des contrats stop-loss et la maximisation de l'utilité robuste ne se limitent pas à des considérations théoriques mais sont également des outils pratiques pour la gestion des risques dans des situations d'incertitude élevée, comme celles auxquelles sont confrontés de nombreux acteurs économiques dans le monde moderne.

Comment les mesures de risque cohérentes sont-elles formulées dans un cadre de marché financier?

Nous considérons ici un cadre de mesures de risque où l'on cherche à représenter les risques associés à des positions financières par le biais de mesures cohérentes, tout en prenant en compte un ensemble d'acceptation spécifique. L'approche adoptée repose sur la modélisation mathématique des risques associés à des positions d'actifs financiers en utilisant des mesures de probabilité compatibles avec l'environnement du marché.

En premier lieu, nous rappelons que la notion de cohérence des mesures de risque repose sur l'idée qu'une mesure de risque doit être monotone, subadditive, homogène et transitive, afin de garantir que les décisions prises par les acteurs financiers reflètent les principes de gestion du risque sans contradictions internes. Nous abordons ici une forme particulière de mesure de risque cohérente, fondée sur un ensemble d'acceptation spécifique, noté ASA_S, et un ensemble plus large A\overline{A} qui inclut des positions admissibles en termes de couverture par rapport à une mesure de risque donnée.

Supposons que nous disposions d'un ensemble SS d'actifs et de positions financières dans lequel la fonction αS\alpha_S désigne la pénalité minimale associée à une position XX dans cet ensemble. Une propriété importante est que, si XkX_k appartient à ASA_S, alors minαS(Q)\min \alpha_S(Q) peut être écrit comme une espérance d'une fonction (ξY)k( \xi \cdot Y ) \wedge k. Cette relation montre que le calcul de la mesure de risque est directement lié à l'espérance des valeurs prises par la fonction d'évaluation des actifs sous les mesures de probabilité admissibles. Le calcul de αminS(Q)\alpha_{\text{min}}^S(Q) repose ainsi sur des techniques de convergence monotone pour donner une estimation précise de la mesure de risque associée à une position donnée.

Une partie fondamentale de cette formulation repose sur la condition selon laquelle les mesures QQ doivent appartenir à l'ensemble M1(P)M_1(P), l'ensemble des mesures de probabilité absolument continues par rapport à la mesure PP. Cela signifie qu'un modèle de mesure de risque doit prendre en compte uniquement les probabilités qui peuvent être représentées par rapport à un certain ensemble de probabilités de référence PP, garantissant ainsi la robustesse de la mesure de risque vis-à-vis des changements dans les conditions du marché.

Pour établir une représentation explicite de la mesure de risque associée à l'ensemble d'acceptation ASA_S, on peut utiliser la méthode de convolution d'infimum, comme le montre le cas particulier des mesures de risque associées à des ensembles de positions admissibles ASA_S. Dans ce cas, la mesure de risque cohérente peut être obtenue par l'infimum de l'addition de deux mesures de risque distinctes, une associée à la couverture initiale et une autre à la position de risque plus élevée.

De plus, en considérant des ensembles d'acceptation plus larges, comme l'ensemble A\overline{A}, qui permet de prendre en compte les risques de couverture, on étend la possibilité d'accepter des positions qui, bien qu'initialement non admissibles, peuvent devenir acceptables sous certaines conditions de couverture. Dans ce cadre, il est essentiel de comprendre que l'extension de l'ensemble d'acceptation permet d'élargir la capacité des gestionnaires de risques à naviguer dans des marchés instables ou incertains, tout en maintenant un contrôle sur l'acceptabilité des positions.

À partir de cette formulation, il est possible de démontrer que sous certaines hypothèses de non-arbitrage et de conditions spécifiques sur les positions de risque, les mesures de risque associées à ces ensembles peuvent être exprimées comme un maximum sur l'ensemble des mesures équivalentes de martingale PP^* associées aux instruments financiers considérés. L'absence d'opportunités d'arbitrage garantit l'existence de telles mesures, ce qui est crucial pour la stabilité des modèles de prix dans un marché complet.

Dans un cadre dynamique, cette approche s'étend naturellement aux modèles qui prennent en compte les ajustements de portefeuille et les stratégies de couverture au fil du temps. Le cadre mathématique permet une formulation robuste des risques associés à des actifs sous des hypothèses d'évolution stochastique, ce qui est essentiel pour la modélisation de la gestion du risque en temps réel sur les marchés financiers.

Enfin, bien que la formulation ici proposée repose sur des techniques avancées de théorie des probabilités et de mesure de risque, il est important de noter que les résultats obtenus sont applicables à un large éventail de marchés financiers et de stratégies de couverture. Ces approches trouvent des applications pratiques dans la gestion de portefeuilles, les évaluations de risques de crédit, et la modélisation des risques liés aux dérivés financiers.