Les opportunités d'éducation technique et professionnelle (ETP) dans les écoles secondaires sont souvent négligées par les élèves, faute d'une information claire sur leur disponibilité et leur calendrier. Or, ces programmes sont essentiels pour les élèves désireux de se lancer dans le domaine de la santé mentale scolaire, dès leurs années au collège. En effet, l'application aux programmes d'ETP se fait généralement à la fin du collège, et un manque de connaissance des délais et des conditions pourrait empêcher de nombreux étudiants d'en bénéficier. Mais, au-delà de cela, il existe d'autres possibilités cruciales qui devraient être intégrées dans la réflexion des élèves dès leur plus jeune âge, notamment les cours en double inscription et les opportunités de crédits universitaires accessibles dès le lycée.

Les programmes ETP et les cours en double inscription constituent les premiers niveaux dans la construction d'une carrière en santé mentale scolaire, offrant aux étudiants une porte d'entrée vers le secteur. Ce premier échelon, bien que fondamental, n'est que le début d'un parcours qui peut déboucher sur des opportunités professionnelles de plus en plus rémunératrices. Par exemple, les programmes ETP de santé mentale scolaire, combinés aux cours en double inscription, permettent aux élèves de commencer à obtenir des certifications professionnelles, tout en se construisant une solide base académique. Cette approche leur permettra d'évoluer rapidement vers des formations et certifications plus avancées, augmentant ainsi leurs chances de trouver des opportunités d'emploi intéressantes.

L'un des grands avantages des cours en double inscription est qu'ils offrent une expérience préalable de l'enseignement supérieur, et ce, souvent à un coût réduit, voire financé par les établissements scolaires ou universitaires. En permettant aux lycéens d'obtenir des crédits universitaires tout en restant à l'école secondaire, ces cours favorisent non seulement la réussite académique, mais renforcent aussi la confiance des élèves dans leur capacité à réussir dans un environnement universitaire. Cela est particulièrement important pour les élèves de première génération, qui peuvent ne pas avoir de modèles familiaux ou sociaux dans le milieu académique, et qui pourraient autrement percevoir l'université comme inaccessible.

En outre, les élèves qui suivent ces cours en double inscription sont plus susceptibles de poursuivre des études supérieures, avec une plus grande efficacité et une meilleure confiance en eux. Ce type d'expérience leur permet de tester l'environnement universitaire sans quitter le système scolaire secondaire, tout en leur donnant un avant-goût des exigences académiques, ce qui augmente leurs chances de persévérer et d'obtenir leur diplôme universitaire. L'effet cumulatif de ces réussites académiques conduit à une augmentation des taux d'obtention de diplômes de baccalauréat et à un taux de rétention plus élevé parmi les étudiants qui prennent part à ces programmes.

Il est donc crucial d'introduire ces opportunités de manière proactive, à travers des campagnes de sensibilisation sur la santé mentale scolaire dans les écoles, et d'inciter les élèves à participer à des programmes ETP dès leurs premières années au lycée. De même, la création de partenariats entre les établissements secondaires et les institutions d'enseignement supérieur pourrait permettre de développer des programmes d'inscription en double ou de crédits multiples, facilitant ainsi l'accès à des formations spécialisées en santé mentale scolaire.

Enfin, pour les diplômés du lycée, l'accompagnement et l'orientation doivent être renforcés. Les élèves qui obtiennent leur diplôme de secondaire sont un pilier important dans l'intégration au système de santé mentale scolaire. L'objectif est d'attirer activement ces jeunes diplômés vers des parcours universitaires spécifiques, comme des majeures ou mineures en santé mentale scolaire, et de les maintenir sur cette voie en leur offrant des récompenses tangibles à chaque étape de leur formation. Ce soutien continu est essentiel pour garantir qu'ils ne se découragent pas et qu'ils poursuivent leur développement professionnel jusqu'à l'obtention de leur licence.

Il est donc nécessaire de mettre en place des politiques qui soutiennent non seulement l'accès à l'éducation technique et professionnelle en santé mentale scolaire, mais aussi des stratégies de recrutement actives pour attirer ces jeunes dans les programmes universitaires spécialisés. L'intégration de diverses initiatives de soutien aux étudiants, comme les partenariats avec des organisations comme TRIO Upward Bound ou Sankofa, peut favoriser l'accès à ces formations pour les étudiants issus de milieux défavorisés, enrichissant ainsi la diversité des professionnels dans le domaine de la santé mentale scolaire.

Le modèle de « double inscripton » en ETP, couplé avec une approche de recrutement actif et d'accompagnement personnalisé, constitue la clé d'une politique éducative cohérente et inclusive pour le développement des futures générations de professionnels de la santé mentale scolaire. Ce système peut être la base sur laquelle les étudiants feront croître leurs compétences et leur engagement envers des carrières de plus en plus spécialisées, avec l'ambition de devenir des psychologues scolaires, conseillers ou autres professionnels spécialisés dans le soutien psychologique en milieu scolaire.

Comment mettre en place des systèmes de soutien en santé mentale dans les écoles ?

Dans le domaine de la santé mentale scolaire, les écoles jouent un rôle essentiel dans la prévention, l’identification et l’intervention auprès des élèves confrontés à divers défis. Les systèmes de soutien multi-niveaux (MTSS) offrent une approche structurée pour répondre à ces besoins variés, mais leur succès dépend de l'engagement de chaque établissement à promouvoir des politiques efficaces et une mise en œuvre cohérente. Les politiques d’MTSS sont déjà en place dans de nombreux États, ce qui offre une excellente opportunité pour les écoles d’élargir ces cadres et d’y intégrer des services de santé mentale adaptés aux besoins de leurs élèves.

Les districts scolaires peuvent disposer de documents de guidance ou de supports pour faciliter cette mise en œuvre. En cas d’absence de tels outils, il peut être nécessaire de plaider en faveur de l’amélioration des services au niveau du district. Le soutien à la création de relations solides au sein des établissements scolaires est primordial pour améliorer les résultats comportementaux des élèves. Le Dr. Robbins, principal de lycée, souligne qu’il est impératif d’avoir des structures en place pour répondre aux défis auxquels sont confrontés les élèves et leurs familles. Selon lui, il est impossible de restaurer ce que l’on n’a pas construit. Il ajoute que pour éviter la discipline punitive, des mécanismes doivent exister pour détourner les élèves des comportements qui entraînent des sanctions. Cela nécessite une approche délibérée, un plan d’intervention ciblé et des soutiens thérapeutiques adéquats.

Il ne faut pas supposer que tous les élèves ont reçu la même éducation sur les comportements à adopter. Des structures nouvelles sont nécessaires pour aborder les besoins comportementaux des élèves. En outre, les écoles devraient militer en faveur de programmes de prévention du suicide, de lignes de signalement anonymes et de financements pour soutenir les services et programmes de santé mentale dans les établissements scolaires.

L’élaboration d’une politique efficace passe par l’utilisation du modèle de la politique Boomerang, qui permet de comprendre les leviers clés, d’identifier les raisons de l’audience cible et de construire un message en conséquence. Il est essentiel de persévérer dans l’advocacy, car la réponse négative n’est jamais définitive : avec de la persistance, un « oui » finira par arriver, sous une forme ou une autre.

Si les efforts d'advocacy pour certains services sont rejetés sous prétexte qu’ils existent déjà, le problème ne réside probablement pas dans la politique elle-même, mais dans sa mise en œuvre. Il serait alors pertinent de réexaminer la manière dont cette politique a été traduite en pratiques concrètes, et comment ces pratiques ont été mises en œuvre sur le terrain. Une fois cette analyse effectuée, une nouvelle phase d’advocacy peut être lancée pour garantir que les services existants sont réellement accessibles et efficaces.

Les écoles ont un pouvoir considérable dans le processus décisionnel concernant les services offerts aux élèves. Bien que les politiques de l'État ou du district déterminent souvent les services disponibles, cela n’est pas toujours le cas. Dans certaines situations, s’il n’existe pas de règle spécifique interdisant un service, toute forme de soutien devient envisageable. Cela ouvre un large éventail de possibilités pour soutenir la santé mentale des élèves.

Les systèmes de soutien multi-niveaux (MTSS) doivent être une priorité pour les écoles. Ils permettent de fournir des interventions différenciées et adaptées aux besoins des élèves à chaque niveau. Dans ce cadre, l’advocacy pour des changements de politique visant à imposer la mise en place de ces modèles de service constitue un premier pas vers un changement systémique durable. Toutefois, une politique n’est aussi efficace que sa mise en œuvre. Suivre les politiques jusqu'à leur exécution réussie est donc un élément clé du processus.

Le développement de la main-d’œuvre en santé mentale scolaire est également un enjeu crucial. Pour que ces services soient réellement accessibles et efficaces, il est nécessaire d'augmenter le nombre de professionnels qualifiés dans les écoles, notamment les psychologues scolaires, les conseillers et les travailleurs sociaux. Une planification rigoureuse du développement de la main-d'œuvre et l’établissement de pipelines professionnels efficaces pour former et recruter ces spécialistes sont essentielles.

En somme, plaider en faveur de services de santé mentale dans les écoles nécessite à la fois une stratégie de politique solide et une mise en œuvre attentive. Le processus d’advocacy doit être mené avec ténacité, en créant des relations, en formulant des demandes précises et en assurant un suivi constant. Les histoires et les témoignages des élèves sur leurs expériences quotidiennes peuvent renforcer le message et convaincre les décideurs de l’importance d’une intervention rapide et adaptée.