Le jargon académique, qu’il soit volontaire ou inconscient, occupe une place prépondérante dans les écrits spécialisés, notamment dans les domaines des sciences sociales et humaines. Il devient souvent un obstacle invisible à la compréhension, une manière de cloisonner l’accès au savoir derrière des termes techniques, des concepts obscurs et des constructions linguistiques alambiquées. Si ce phénomène permet à certains chercheurs de s’identifier à des communautés de pensée spécifiques, il crée également une barrière invisible pour ceux qui ne partagent pas ce vocabulaire ou cette culture académique. Ce processus d’inclusion et d’exclusion mérite une réflexion approfondie, tant dans sa forme que dans ses implications sociales.

Prenons un exemple tiré des écrits académiques pour mieux comprendre ce mécanisme. Lorsqu’un auteur parle de l’expérience des étudiants en cycle supérieur, des séminaires, et des évaluations qu’ils reçoivent, il utilise des termes comme « pratiques discursives », « structures sociales disciplinaires », ou encore « reproduction des structures sociales ». Si ces mots et expressions peuvent sembler familiers pour un spécialiste du domaine, ils deviennent rapidement des obstacles pour un lecteur extérieur. En effet, ces termes ne sont pas des mots de tous les jours ; ils sont chargés d’un sens spécifique et nécessitent une familiarité préalable avec le cadre académique dans lequel ils sont employés. Ce type de jargon ne permet pas seulement de définir une discipline, il forge un langage de groupe, une manière d’être et de penser qui reste opaque pour ceux qui n’en font pas partie.

Le problème ne réside pas seulement dans l’utilisation de mots techniques, mais dans leur abus. Il ne s’agit pas simplement de recourir à des termes spécialisés, mais de faire usage d’un langage qui semble volontairement élitiste. Le recours systématique à ce vocabulaire complexe, parfois redondant ou inutilement abstrait, a pour effet de rendre le texte hermétique. Prenons l’exemple d’un extrait de texte où l’on parle d’un tueur en série : l’auteur nous présente des descriptions fantasmatiques de son comportement, usant de termes comme « trou noir de violation et de pollution », qui ne sont pas seulement peu clairs, mais qui cherchent aussi à éloigner le lecteur par leur densité abstraite. De même, des phrases telles que « communautés imaginées », pour décrire des entités nationales, tombent dans un excès de théorie sans offrir de liens concrets, ce qui rend l’argument difficile à saisir.

Or, la principale critique du jargon académique ne réside pas seulement dans son absence de clarté, mais aussi dans son effet social. En effet, un langage compliqué peut avoir pour fonction d’élargir la distance entre l’auteur et son public. Comme l’explique George Orwell dans son essai Politique et la langue anglaise, l’usage du jargon a souvent pour objectif d’empêcher une réflexion claire et concise. Il masque l’incapacité à penser clairement et empêche le lecteur d’atteindre la compréhension complète de l’idée de l’auteur. Ce phénomène est particulièrement flagrant dans le domaine académique où l’on attend des chercheurs qu’ils soient à la fois clairs et rigoureux dans leurs écrits. Pourtant, ces derniers, en particulier les jeunes chercheurs, tombent parfois dans le piège de la complexité excessive par crainte de paraître superficiels ou incomplets. Ils utilisent alors des termes qui, au lieu de clarifier, obstruent la compréhension.

Dans certains cas, le jargon devient une sorte de "protection" pour l’auteur, une manière de se défendre contre une lecture trop critique ou trop superficielle. C’est une manière de masquer ses incertitudes sous une couche de complexité. Mais cette tendance ne fait que nuire à la communication. Lorsque le texte devient inaccessibile, il exclut son lecteur potentiel, crée un fossé entre ceux qui "savent" et ceux qui "ignorent". Le jargon fonctionne ainsi comme une forme de séparation sociale, souvent injustifiée, car il repose sur l’idée qu’un groupe restreint, composé d’initiés, mérite une communication claire et précise, tandis que les autres sont laissés à se débattre avec des significations floues.

Ce phénomène d'exclusion n'est pas simplement un défaut d’écriture, il a des conséquences plus profondes. Il est essentiel que les écrivains académiques, même s’ils se sentent responsables de leur spécialité, considèrent l'impact de leur langage sur l’ensemble de leur lectorat. La clarté devrait être un objectif central de la communication académique. Une pensée claire mérite une expression claire. Le chercheur doit se rappeler que le véritable but de l’écriture académique n’est pas de montrer sa maîtrise des concepts complexes, mais bien de transmettre une idée d’une manière que d’autres puissent comprendre et développer à leur tour. C’est dans cette idée de transmission et de partage que réside le vrai pouvoir de l’écriture, et non dans l’élitisme créé par un langage fermé.

Il est également crucial de se rappeler que l’académisme n’est pas un monde à part, coupé du reste de la société. Les textes académiques ont un pouvoir de structurer notre compréhension du monde, d’influencer les décisions politiques et sociales, de redéfinir nos valeurs culturelles et éthiques. Par conséquent, leur accessibilité doit être un souci constant. Le jargon ne doit pas être utilisé pour rendre un sujet plus complexe qu’il ne l’est, mais pour approfondir la réflexion et offrir de nouveaux angles de compréhension, sans jamais exclure ceux qui ne font pas partie de cette "élite" du savoir. La pensée critique, loin d’être un privilège, doit être un bien commun, accessible à tous ceux qui souhaitent y accéder.

Comment éviter les pièges du langage académique : une analyse critique des termes abusés

Le langage académique, souvent le produit d'une discipline approfondie et d'une réflexion soignée, est également un terrain fertile pour la prolifération de termes mal utilisés, de formules vides ou de constructions grammaticales maladroites. Ces abus peuvent nuire à la clarté et à l'efficacité de l'écriture. Il est crucial de repérer et de corriger ces erreurs pour rendre l'écriture plus fluide et précise.

Un des pièges les plus fréquents réside dans l'usage incorrect des expressions conditionnelles. Par exemple, dans une phrase telle que « Si The Sopranos risque à plusieurs reprises une identification difficile du public avec Tony Soprano, alors American Psycho de Bret Easton Ellis montre ce qui arrive lorsqu'un auteur essaie de fonctionner sans cette identification », l'usage de "si" et "alors" est fautif. L'intention de l'auteur n'est pas de poser une condition mais d'affirmer une relation entre deux idées. Le problème ici est un « faux si », un conditionnel qui ne remplit pas sa fonction logique. De telles constructions compliquent inutilement la phrase et nuisent à la clarté de l'argumentation. Une réécriture sans "si" ni "alors" permettrait de clarifier l'énoncé tout en améliorant son économie verbale.

Autre exemple d'erreur fréquente : l'usage de l'adjectif « impactant » ou du verbe « impacter ». À l'origine, « impacter » était réservé au domaine médical, pour décrire des dents « impactées », c'est-à-dire coincées. Cependant, ce terme a été étendu de manière incorrecte à des concepts ou événements qui n'ont rien de physique, comme dans la phrase : « Cette équipe d'enseignants a découvert que la préparation et l'enseignement influencent positivement les résultats d'apprentissage des enseignants pairs. » Le terme « impact » est désormais accepté comme un verbe, mais il convient de faire attention à son utilisation excessive, en particulier lorsqu'il est suivi de l'adjectif « impactant » ou lorsqu'il est utilisé de manière vague pour décrire des effets positifs ou négatifs. Il est préférable de privilégier des termes plus précis pour exprimer l'effet réel observé.

De la même manière, l’usage du mot « incroyable » est souvent excessif. Littéralement, cela signifie « difficile à croire », mais dans la pratique, il est devenu un synonyme d'« impressionnant ». Cette dérive du terme nuit à la qualité de l'écriture en banalisant l'adjectif. Un autre mot à éviter dans ce contexte est « fascinant ». Il est préférable de rendre ce qui est fascinant ou intéressant par les faits ou les arguments eux-mêmes, plutôt que d’imposer cette étiquette au lecteur. L’auteur doit « montrer », et non « dire » que quelque chose est fascinant ou important. Cette règle est essentielle dans l’écriture académique, où l’on cherche à convaincre par la logique et les preuves plutôt qu’en dictant des jugements.

L’utilisation des mots « inscrire » et « reinscrire » en dehors de leur sens propre pose également un problème. Le terme est devenu un jargon, souvent utilisé de manière imprécise pour décrire l'influence ou l'impact d'un phénomène. Par exemple, dans la phrase « Inscrite par des puissances géopolitiques multiples, le corps de la femme chinoise dans ce récit joue un rôle symbolique », le terme « inscrire » devient flou, car il est employé pour exprimer une notion d'influence durable, mais de manière abstraite et vague. Ces dérives s’expliquent par ce que l’on appelle la généralisation sémantique : un mot acquiert des significations multiples et perd en précision.

Le mot « problématique » illustre un autre phénomène de jargon académique. À l'origine, ce terme faisait référence à un cadre idéologique spécifique dans les théories de Foucault et Althusser. Aujourd'hui, il est utilisé dans des contextes où il n'apporte plus de précision, mais devient simplement un terme générique pour désigner quelque chose qui pose problème. Cette généralisation sémantique conduit à une perte de signification et une inflation du langage.

Il existe aussi un usage excessif du verbe « interroger ». Dans le contexte académique, « interroger un texte » n’implique pas une action précise mais devient une expression floue, utilisée pour désigner une analyse sans véritable engagement critique. L’overuse de termes comme « interroger » ou « exploser » dans un discours critique réduit leur impact et leur clarté. Pour que les mots aient du poids, il faut les utiliser avec parcimonie et de manière précise.

Enfin, l'emploi de constructions comme « il est que » ou l'ajout superflu de suffixes comme « -iser » rendent souvent les phrases lourdes et alourdissent inutilement le propos. Par exemple, « Il est intéressant de noter que... » peut généralement être simplifié pour rendre l'énoncé plus direct. De même, des mots comme « problématiser », « institutionnaliser » ou « instrumenter » devraient être évités lorsqu'ils n'apportent rien de substantiel à l'argumentation. Ces mots sont des exemples de termes qui, loin d'ajouter de la précision, compliquent inutilement le texte.

La clé pour éviter ces pièges réside dans la vigilance constante et le jugement précis. Le langage académique doit toujours privilégier la clarté, la concision et la précision. Il est essentiel de ne pas céder à la tentation de l'usage excessif de termes « sophistiqués » ou d’expressions qui n'apportent aucune valeur ajoutée à l'argumentation. Il est toujours préférable de revenir aux racines du langage, de choisir des mots simples et directs, et de se concentrer sur l’essentiel de l’argumentation.

Pourquoi la langue évolue-t-elle et comment cela affecte-t-il l’écriture académique ?

Lorsqu'on établit des règles, il est essentiel de permettre des ajustements, et cela justifie d'autant plus la nécessité de comprendre les raisons sous-jacentes de chaque règle. La langue, en tant qu'entité vivante, évolue constamment. Cela peut parfois entraîner des changements de significations, ou de règles d'usage, et il est crucial de les accepter sans pour autant perdre de vue l'objectif initial de clarté et d'efficacité dans la communication.

Prenons quelques exemples concrets. Le mot "nauseous", par exemple, désignait à l’origine quelque chose qui provoque la nausée, comme dans "Cette odeur de lait aigre est nauséabonde". Cependant, au fil du temps, son usage s'est inversé et il désigne désormais l'état de celui qui éprouve la nausée. De nos jours, il est tout à fait courant de dire "Ce lait aigre m’a rendu nauséeux", même si cette acception s'éloigne de l'usage d’origine. Ce phénomène de changement n'est pas unique à ce mot : "data" était autrefois un nom pluriel (avec "datum" comme singulier), mais aujourd'hui, il est principalement utilisé au singulier, et cela est désormais accepté dans les usages contemporains. "Hopefully" est un autre exemple de ce changement linguistique : si le terme signifiait initialement "avec espoir", il a évolué pour signifier "il est à espérer". Cette évolution de sens, même si elle peut déplaire à certains, est un phénomène à accepter, car elle est le reflet de la dynamique de la langue.

Ce processus de transformation affecte également des aspects plus profonds de la langue, comme l’usage des pronoms personnels. Aujourd’hui, l’usage du pronom "they" au singulier est de plus en plus répandu, même dans des journaux respectés comme le New York Times. Ce type de changement se fait rapidement et parfois de manière chaotique. Pourtant, il faut se rappeler qu'il n'existe pas de règles figées concernant la langue. Une règle, pour être respectée, doit avant tout avoir un sens. C’est là que réside la distinction entre une approche prescriptive de la grammaire, qui impose des règles rigides, et une approche plus flexible et évolutive qui privilégie l’adaptation à la réalité linguistique.

La question de la nécessité des règles prend toute son ampleur lorsqu'on aborde des mots spécifiques. Par exemple, le mot "unique" désigne quelque chose d'incomparable, et il n’est donc pas correct de dire "plus unique" ou "relativement unique". Ces expressions n’ont pas de sens logique et trahissent une mauvaise compréhension du terme. Il est important de ne pas s'écarter trop de ces règles lorsque l'on cherche à maintenir la crédibilité en tant qu’écrivain. L'une des règles les plus fondamentales à respecter pourrait être : "Ne semblez pas idiot si vous pouvez l’éviter". Cela semble évident, mais il est facile de perdre son autorité en commettant des erreurs de langage évitables.

Ces principes ne se limitent pas à la simple utilisation de mots, mais s'étendent à des structures plus complexes : phrases, paragraphes et arguments. La manière de construire une idée, de la développer et de la défendre fait partie des règles de l’écriture académique. La grammaire, comme le raisonnement, évolue par consentement méthodologique. Cela signifie que les changements sont souvent progressifs et nécessitent une certaine capacité d’adaptation. Dans l’écriture académique, tout comme dans les autres formes de communication, l’objectif principal reste celui de la clarté. La relation entre l'écrivain et son lecteur doit toujours guider les choix stylistiques et structurels, car la réussite d’un texte repose sur la capacité de l’auteur à faire comprendre son propos avec précision et efficacité.

Au fil de l’évolution linguistique, les décisions que prend un auteur, qu’il s’agisse de la longueur d’une phrase ou de la manière dont il introduit un argument, doivent être motivées par une seule question : "Cette décision aide-t-elle à clarifier mon propos et à capter l’attention du lecteur ?". C’est à partir de ce jugement que l’écrivain peut décider s’il doit briser certaines règles, en particulier si cela sert son objectif de communication. L’exemple de la fameuse phrase de Martin Luther King dans sa "Lettre de la prison de Birmingham" est un excellent exemple de rupture avec les règles grammaticales : sa longue phrase, qui semble s’étirer indéfiniment, a un impact émotionnel puissant, car elle reflète la pression qu’il décrit. Ce type de créativité, qui défie les conventions grammaticales tout en renforçant l’efficacité du message, montre que les règles peuvent être réinterprétées si elles servent le but de l’auteur.

Dans ce contexte, il est crucial de comprendre que, si les règles existent pour garantir une certaine rigueur, leur objectif ultime est de faciliter la communication. L’évolution de la langue n’est pas quelque chose à craindre, mais plutôt un phénomène naturel à accepter et à comprendre. L’écrivain doit constamment chercher à se mettre à la place de son lecteur, en faisant en sorte que chaque mot, chaque phrase, chaque structure soit au service de la clarté et de l’efficacité de la transmission du message.

Comment éviter les pièges du cliché et améliorer son écriture universitaire ?

Lorsque j'étais étudiant à l'université, j'ai rédigé un travail sur un poème de T.S. Eliot, The Hippopotamus, un texte peu connu, et j'étais alors assez confiant, peut-être même trop. Cependant, ma note m'a brusquement réveillé. Un professeur, dont le nom m’échappe aujourd'hui, m'a fait une remarque mémorable. Au lieu de me corriger de manière académique, il a dessiné un petit hippopotame à côté de l'expression « note sombre » que j'avais utilisée, accompagné d'une note musicale qui en sortait de la bouche. À la fin du travail, il m’a écrit que j'avais « acheté des clichés en gros » et les avais revendus tels quels au lecteur. Il a ajouté, avec une pointe de sarcasme, que pourquoi un lecteur devrait-il payer plus cher pour ces clichés que moi-même ? Ce commentaire m'a profondément marqué, et reste l’une des critiques les plus marquantes que j’aie reçues.

Ce genre d’observation m’a poussé à réfléchir plus sérieusement sur la manière dont on peut et doit utiliser le langage dans l'écriture académique. Trop souvent, nous sommes tentés de nous réfugier derrière des formules toutes faites, des idées préfabriquées, des expressions toutes neuves mais usées jusqu’à la corde, qui permettent de donner l'impression d'un discours intellectuel sans effort réel. Les clichés sont ce genre de pièges, des raccourcis de pensée, et leur usage excessif finit par réduire l'impact du texte. L'auteur ne fait que répéter ce qu'il croit être vrai sans aller plus loin dans sa réflexion, et le lecteur n'a que faire d'une redite superficielle.

L’un des enseignements les plus précieux que j’ai reçus a été celui de mon professeur Edward Tayler. Il distribuait une « feuille de conseils », une sorte de guide qui regorgeait d’une sagesse à la fois concise et pertinente, souvent teintée de son humour acerbe. Cette feuille était un instrument décapant qui m’a accompagné tout au long de mon parcours académique. Elle m’a appris à éviter de sombrer dans le piège du « déjà-vu », et m’a appris que la clarté et la précision étaient les meilleures alliées d’un texte qui se voulait réellement intelligent. C’est de cette époque que datent de nombreuses idées qui, plus tard, apparaîtront dans cet ouvrage. À la fin de ma carrière d’enseignant, je me suis moi-même retrouvé à dispenser ces conseils à mes étudiants, notamment ceux en fin de cycle doctoral.

Les trois années passées à enseigner au sein du programme d’écriture expositoire à l’Université de Harvard ont été également cruciales. J’ai eu la chance d’être entouré de nombreux écrivains professionnels – journalistes, romanciers, essayistes et poètes – qui ont enrichi mon propre travail de leurs perspectives variées. Cette diversité de points de vue a non seulement affiné ma propre compréhension de l’écriture, mais elle m’a aussi montré que l’écriture académique ne doit pas être une simple réplique des connaissances existantes. Au contraire, elle doit s'efforcer de réinventer les formes de la pensée, de chercher de nouvelles voies d'expression.

À Harvard, j’ai également rencontré des enseignants et des écrivains qui m’ont appris à adopter une approche plus directe, plus audacieuse, parfois même provocante dans mes écrits. L’une des figures les plus marquantes fut Jerry Doolittle, qui a partagé avec moi une collection impressionnante de conseils qu’il avait accumulés au fil de sa carrière. C’est cette diversité de pratiques qui m’a permis de trouver mon propre style et de m’affirmer en tant que professeur et écrivain.

Pour aller plus loin, il est important de comprendre que l’écriture académique ne doit pas se réduire à une simple compilation de connaissances. Elle doit viser à clarifier, à remettre en question et à reformuler ce que l’on croit savoir. Un texte bien écrit est un texte qui surprend, qui suscite des interrogations, qui remet en cause les évidences et qui pousse le lecteur à penser par lui-même. L’écrivain académique ne doit pas se contenter de suivre un modèle figé de pensée ; il doit, au contraire, créer de nouveaux espaces de réflexion.

L’écriture doit aussi être un moyen de réfléchir en profondeur. Il ne s’agit pas seulement de faire bonne figure en utilisant des expressions sophistiquées, mais d’aller à la racine des idées et de les exposer de façon claire et précise. Trop souvent, les auteurs se laissent emporter par le jargon académique, pensant qu’il suffit d’utiliser un vocabulaire compliqué pour être pris au sérieux. Pourtant, c’est exactement l’inverse qui se produit. Un texte surchargé de termes abstraits devient une barrière entre l’auteur et son lecteur, plutôt qu’un pont.

Enfin, un bon écrivain académique, tout comme un bon chercheur, doit être prêt à recevoir et à intégrer des critiques. L’important est de garder l’esprit ouvert aux suggestions des autres et de ne pas se contenter de défendre son texte bec et ongles. C’est par cette confrontation avec d’autres idées que l’on fait évoluer son propre travail.