Les personnes âgées représentent une population de plus en plus vulnérable face aux blessures traumatiques. Les statistiques mondiales montrent que la population âgée de 65 ans et plus a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, et cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir. Par exemple, en 2019, il y avait plus de 703 millions de personnes âgées de 65 ans et plus dans le monde, et au Canada, on prévoit une augmentation de 68 % de cette tranche d’âge entre 2017 et 2037. Cette évolution démographique impose une adaptation des soins médicaux, en particulier en ce qui concerne la gestion du traumatisme chez les personnes âgées.

Les blessures traumatiques chez les personnes âgées diffèrent de celles observées dans d’autres tranches d’âge, tant dans leurs mécanismes que dans leurs conséquences. En effet, les chutes constituent la principale cause de traumatisme dans cette population, représentant près de trois quarts des blessures. En comparaison, les accidents de la route et les blessures par piéton représentent chacun environ 12 % des blessures. L’âge avancé est souvent accompagné de la perte de diverses fonctions physiques, telles que la force musculaire, la coordination, l’équilibre, et parfois même la perception visuelle et la capacité de jugement. Ces facteurs contribuent grandement à augmenter le risque de chutes et, par conséquent, de traumatismes.

Le vieillissement entraîne également un déclin du système immunitaire et une capacité réduite à récupérer après une blessure, ce qui explique pourquoi les personnes âgées peuvent présenter des réponses inflammatoires plus marquées après un traumatisme, rendant leur rétablissement plus complexe et incertain. Les fractures, notamment celles des hanches et des côtes, sont courantes chez les personnes âgées. Une étude menée dans un centre de traumatologie de niveau 1 à Montréal a montré que ces fractures, en particulier, étaient fréquentes parmi les blessures chez les personnes âgées. De plus, bien que les blessures pénétrantes soient rares dans cette population (représentant seulement 1 % des traumatismes), les blessures par chute sont responsables d'une grande majorité des cas.

Un aspect clé de la prise en charge des patients âgés après un traumatisme est la prise en compte de leur état de fragilité. L’indice de fragilité a été validé pour prédire les issues défavorables dans les traumatismes gériatriques. Cet indice prend en compte divers facteurs, dont les comorbidités, la démence, l’état nutritionnel, la capacité à effectuer les activités quotidiennes, ainsi que l’attitude générale du patient vis-à-vis de sa santé. Il s’avère que les patients fragiles, même s'ils ne sont pas toujours plus âgés, présentent des résultats moins favorables à long terme, en particulier en ce qui concerne la récupération après un traumatisme. Par exemple, un traumatisme crânien chez une personne âgée de plus de 60 ans a plus de chances de provoquer des séquelles fonctionnelles permanentes.

Le traitement des patients âgés ne peut pas être uniformisé et doit être adapté à chaque individu en fonction de son état général, de ses comorbidités et de ses souhaits concernant la fin de vie. Les sociétés de traumatologie recommandent une gestion agressive des premiers soins, même chez les patients âgés, mais avec une attention particulière aux critères de soin futile. Les soins futiles sont définis par des études rétrospectives comme des admissions de plus de 14 jours avec un décès dans les 7 jours suivant la sortie. Il est important de souligner que la gestion des soins chez les personnes âgées souffrant de traumatismes graves doit toujours inclure une évaluation complète de l’état de fragilité du patient et ne pas se baser uniquement sur l’âge chronologique.

Par ailleurs, un phénomène de plus en plus reconnu dans la prise en charge des traumatismes gériatriques est la présence de comorbidités psychiatriques. Les troubles psychiatriques, notamment les troubles liés à l'usage de substances, les pathologies psychotiques et les troubles de l’humeur, sont fréquents dans la population traumatique. Une étude réalisée à Los Angeles entre 2008 et 2015 a montré que 11,5 % des admissions traumatiques étaient associées à des troubles psychiatriques. Ces patients présentent souvent des blessures auto-infligées, et leur prise en charge nécessite une approche particulière, prenant en compte non seulement l’aspect physique du traumatisme, mais également les troubles psychologiques sous-jacents.

Dans la phase pré-traumatique, les personnes âgées sont confrontées à des risques spécifiques. Les programmes de prévention dans la communauté, visant à limiter les chutes et à promouvoir un environnement domestique plus sûr, sont essentiels. La mise en place de stratégies de prévention et de dépistage précoce peut réduire significativement l'incidence des traumatismes dans cette population, tout en contribuant à alléger la pression sur les systèmes de santé.

L’approche multidisciplinaire est essentielle pour la gestion du traumatisme gériatrique, en particulier pour la planification à long terme du retour à domicile du patient. L’utilisation d’outils tels que l’indice de fragilité, en conjonction avec un suivi post-hospitalier, permet d’adapter les soins en fonction des besoins spécifiques de chaque patient âgé.

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L'évaluation des programmes de formation en santé : Une approche orientée vers les résultats et les processus

L'évaluation des programmes de formation en santé, en particulier ceux basés sur la simulation, occupe une place centrale dans le domaine éducatif médical. Face à la nature exigeante en termes de ressources et de temps de ces programmes, il devient essentiel de démontrer leur efficacité, tant en matière d'impact sur l'apprentissage des participants que de rentabilité. Les évaluations de programmes peuvent être catégorisées principalement en deux types : l'évaluation fondée sur les résultats et celle fondée sur les processus. Ces approches permettent aux éducateurs de mesurer l'efficacité d'un programme à divers stades de son déroulement, et de déterminer dans quelle mesure il a réussi à atteindre ses objectifs d'apprentissage ou de performance.

L'évaluation fondée sur les résultats vise à répondre à la question de savoir si un programme a abouti aux résultats souhaités. Ce type d'évaluation est le plus commun dans le domaine de la formation des professionnels de santé. Il repose souvent sur la mesure des connaissances acquises, des compétences développées et des attitudes modifiées chez les apprenants. Parmi les modèles les plus utilisés figure le cadre de Kirkpatrick, qui propose quatre niveaux d'évaluation :

  1. Réactions des apprenants : Ce niveau mesure l'acceptation du programme par les participants, leur satisfaction, et leurs impressions générales.

  2. Apprentissage : Il s'agit de l'augmentation des connaissances et compétences des participants, ou des changements d'attitudes.

  3. Comportement : Ce niveau s'intéresse à la manière dont les compétences et connaissances acquises sont transférées dans un contexte professionnel ou clinique.

  4. Résultats : Cette dernière étape mesure l'impact tangible du programme en termes de qualité, d'efficacité, ou de réduction des coûts.

Les enseignants doivent cependant relever plusieurs défis dans la mise en œuvre de ce type d'évaluation. L'une des difficultés majeures est la collecte de mesures de résultats au niveau du comportement ou des compétences cliniques, ainsi que la création de conceptions expérimentales rigoureuses qui permettent de séparer les effets du programme de ceux d'autres facteurs externes. À cet égard, le modèle de Kirkpatrick peut être complété par des approches plus ciblées telles que celles proposées par Miller, qui incluent quatre niveaux d'évaluation des compétences :

  1. Savoir (Connaissances) : Évalue si les étudiants ont acquis de nouvelles connaissances, souvent mesurées par des examens écrits.

  2. Savoir-faire (Compétence) : Mesure la capacité des étudiants à appliquer ces connaissances, généralement via des tests de résolution de problèmes cliniques.

  3. Savoir démontrer (Performance) : Évalue si les étudiants peuvent démontrer des compétences cliniques dans des situations simulées, souvent à travers des évaluations comportementales telles que les OSCE (Examen Structuré de Compétence Objectif).

  4. Agir (Action) : Mesure si les compétences acquises ont un impact réel sur les soins aux patients, évalué par une observation directe dans des contextes cliniques réels.

L'évaluation des résultats repose souvent sur des conceptions expérimentales, où un groupe d'apprenants reçoit une intervention éducative, et un groupe de comparaison, identique à celui des apprenants mais ne bénéficiant pas de l'intervention, sert à observer les différences. Bien que cette approche offre un contrôle rigoureux, elle nécessite des ressources considérables et pose des dilemmes éthiques, en particulier si les étudiants du groupe de contrôle sont privés d'opportunités d'apprentissage. Un compromis peut être trouvé avec des conceptions dites "cross-over", où les étudiants du groupe de contrôle bénéficient de l'intervention après que les mesures post-programme aient été prises.

En parallèle de l'évaluation des résultats, l'évaluation des processus examine comment le programme a été mis en œuvre, dans quelle mesure il a suivi le plan prévu et quels facteurs ont influencé son efficacité. Cette approche permet d'identifier les ajustements nécessaires, non seulement en termes de contenu mais aussi dans la manière dont le programme est administré. En fin de compte, l'évaluation basée sur les processus peut révéler des informations précieuses sur les obstacles à l'implémentation et sur les éléments à améliorer pour optimiser l'expérience d'apprentissage.

Les éducateurs et les concepteurs de programmes de simulation doivent donc non seulement se concentrer sur les résultats, mais aussi prêter attention aux processus d'enseignement et aux mécanismes sous-jacents à l'apprentissage. Ils doivent être conscients des limites de chaque méthode d'évaluation et utiliser une combinaison d'approches pour obtenir une image complète de l'efficacité de leur programme. Cela comprend la réflexion sur la durabilité des acquis, l'impact à long terme sur les pratiques professionnelles des participants et la manière dont les compétences acquises se traduisent dans des situations réelles.

Au-delà de l'évaluation proprement dite, il est crucial de souligner l'importance de la rétroaction continue et des débriefings après les simulations. Ces moments d'analyse permettent non seulement d'ajuster les compétences techniques, mais aussi de travailler sur les aspects humains et comportementaux qui influencent la performance clinique. La combinaison de la simulation, du retour audiovisuel et du débriefing s'est révélée particulièrement efficace pour accélérer l'apprentissage et garantir des améliorations durables dans les compétences des professionnels de santé.

Comment Maximiser la Différenciation et Minimiser les Erreurs dans l'Évaluation des Compétences Cliniques ?

Maximiser la capacité à différencier les candidats et minimiser les erreurs dans les évaluations cliniques repose sur l'application de plusieurs stratégies fondamentales. L'une des approches les plus essentielles consiste à optimiser le processus de développement des cas, le nombre de cas utilisés et les outils de notation employés. Une bonne élaboration des cas permet de garantir que les étudiants soient suffisamment challengés, sans que les épreuves ne soient ni trop difficiles ni trop simples. Le développement de cas et leur collecte doivent viser une variété d'exemples cliniques afin de créer des évaluations qui permettent une différenciation fiable des performances des candidats.

Un des principaux obstacles à la fiabilité des évaluations est la menace pour la validité, notamment la spécificité contextuelle. En effet, les performances des candidats dans un cas clinique peuvent ne pas prédire avec précision leur comportement dans un autre cas, ce qui nuit à la généralisation des résultats au-delà du contexte de l'évaluation. Par exemple, les performances d'un candidat face à un patient souffrant d'une exacerbation asthmatique ne sont pas nécessairement un bon indicateur de son aptitude à gérer un patient en état de choc hémorragique. Ce phénomène met en lumière l'importance d'utiliser un large éventail de cas pour réduire les effets de cette spécificité contextuelle et ainsi, obtenir une évaluation plus précise des compétences du candidat.

La fiabilité des évaluations est également influencée par les outils de notation et les évaluateurs. Des échelles de notation trop simplistes, comme celles qui utilisent un système binaire (fait/non fait), peuvent ne pas permettre de discriminer suffisamment les performances des candidats. De ce fait, des échelles de notation plus nuancées et une formation rigoureuse des évaluateurs sont essentielles pour minimiser les erreurs de jugement et améliorer la fiabilité des évaluations.

L'un des moyens les plus efficaces de renforcer la validité des évaluations est d'assurer l'authenticité des stimuli utilisés dans les évaluations. Par exemple, un examen écrit portant sur les compétences en insertion intraveineuse, bien qu'il puisse fournir des informations sur les connaissances théoriques du candidat, n'est pas une évaluation valide pour prédire ses capacités à effectuer cette tâche dans un environnement clinique réel. En revanche, l'utilisation d'un simulateur hautement réaliste ou, mieux encore, d'un véritable patient dans un environnement clinique, offre une approximation beaucoup plus proche des situations réelles auxquelles les professionnels de santé seront confrontés. Cela permet de mieux évaluer non seulement la compétence technique, mais aussi d'autres compétences essentielles telles que la communication, la prise de décision clinique et la gestion des priorités.

Cependant, il est important de souligner que la validité d'un test n'est jamais totalement atteinte. La validité doit être vue comme un continuum, avec différents niveaux de preuve soutenant l'interprétation des résultats. Par exemple, il est possible que des tests de performance soient jugés valides à un certain niveau (validité apparente ou de contenu), mais il est également essentiel de recueillir des preuves empiriques plus robustes pour confirmer que les performances sur ces tests prédisent effectivement des résultats dans des contextes cliniques futurs.

Un autre enjeu majeur pour la validité est la représentation adéquate des compétences cliniques dans les cas présentés lors des évaluations. Il existe des risques associés à la sous-représentation de certaines compétences ou situations cliniques dans un examen. Si un ensemble d'évaluations ne couvre qu'un sous-ensemble restreint des compétences ou des types de patients susceptibles de se présenter dans la pratique clinique, les résultats obtenus peuvent ne pas être généralisables à l'ensemble des situations cliniques. De même, une surreprésentation de certaines compétences par rapport à d'autres pourrait entraîner des évaluations biaisées. Un équilibre soigné dans la sélection des cas et des compétences évaluées est donc indispensable pour que les résultats de l'évaluation soient représentatifs des compétences réelles attendues dans la pratique clinique.

La validité d'une évaluation dépend également de l'alignement des conditions de l'évaluation avec les contextes cliniques réels. Par exemple, les examens réalisés sur simulateurs ou dans des environnements contrôlés doivent être aussi proches que possible des situations réelles auxquelles les professionnels de santé seront confrontés. Dans cette optique, les simulations doivent non seulement reproduire les aspects techniques des soins, mais aussi tenir compte des facteurs émotionnels, cognitifs et sociaux qui influencent la prise de décision et la gestion des patients.

Enfin, la question de la représentativité des échantillons de cas dans l'évaluation est fondamentale. Il est nécessaire que les cas sélectionnés pour l'évaluation reflètent la diversité des situations cliniques qui peuvent se présenter dans la réalité. Cela exige une stratégie de sélection de cas qui s'appuie sur une analyse approfondie des compétences nécessaires pour exercer la profession et des contextes dans lesquels ces compétences seront mises en œuvre. Il ne suffit pas de s'appuyer sur un petit échantillon de cas pour juger des compétences globales d'un candidat ; au contraire, une large variété de cas doit être prise en compte afin d'obtenir une évaluation fiable et représentative.

En résumé, une évaluation des compétences cliniques valide et fiable repose sur un équilibre délicat entre un large éventail de cas, des outils de notation adaptés, et une authenticité maximale dans les situations simulées. La minimisation des erreurs, qu'elles soient dues à des biais des évaluateurs ou à la spécificité contextuelle, est cruciale pour garantir que les conclusions tirées des évaluations soient à la fois précises et pertinentes pour la pratique clinique future. C'est seulement en prenant en compte ces multiples facteurs que l'on pourra obtenir une évaluation véritablement pertinente et fiable des compétences des candidats.

Comment le contexte médical militaire influence la gestion des traumatismes multiples et la préparation en situations d'urgence

La médecine militaire, avec ses spécificités et ses exigences uniques, a toujours été un terrain d'expérimentation pour la gestion des blessures complexes, des soins d'urgence et de la prise en charge des multiples traumatismes. Les environnements de soins en situation de guerre, ou lors de catastrophes naturelles, imposent des défis auxquels les équipes médicales doivent s'adapter en permanence. Ce processus d'adaptation s'appuie sur des modèles bien établis d'organisation, de préparation et de gestion des erreurs médicales. La médecine militaire a d'ailleurs contribué à la mise en place de protocoles d'intervention spécifiques, fondés sur des recherches approfondies et des situations réelles de terrain.

Dans ce contexte, l'évaluation des soins et la qualité des interventions sont des priorités. La gestion des blessures multiples et des traumatismes complexes nécessite une coordination impeccable entre différents niveaux de soins. Les traumatismes multiples sont souvent associés à des scénarios de guerre ou d'incidents à grande échelle, où les blessés peuvent souffrir de plusieurs types de blessures en même temps. Cette situation exige non seulement des compétences techniques avancées mais aussi une gestion des priorités, où la triage des patients devient une compétence essentielle. Le processus de triage permet de classer les patients en fonction de la gravité de leurs blessures, garantissant ainsi que ceux dont les blessures sont les plus critiques reçoivent les soins en priorité.

Le concept de « résilience » est également central dans la gestion de ces situations. La résilience des équipes médicales et des systèmes de soins en environnement militaire est mise à l’épreuve. La formation continue, l'entraînement à des situations simulées et la gestion du stress psychologique sont des aspects essentiels pour maintenir l'efficacité et la sécurité des équipes. Il est impératif de comprendre que la gestion du stress psychologique n'est pas seulement une question de bien-être personnel, mais elle est également liée à la performance clinique des soignants. Les erreurs humaines, souvent causées par un stress excessif ou un manque de préparation mentale, peuvent avoir des conséquences graves dans ces environnements.

Un autre aspect essentiel de la gestion des traumatismes multiples en médecine militaire est l'importance de l’organisation et de la structure des équipes. Les équipes multidisciplinaires sont cruciales pour le succès des interventions, en particulier lorsqu'il s'agit de situations de grande envergure impliquant de nombreux blessés. La collaboration entre chirurgiens, anesthésistes, paramédics et autres spécialistes est indispensable. La gestion des équipes repose sur un modèle de communication fluide et d’évaluation continue des processus, permettant une réaction rapide et efficace à des événements imprévus.

Il est également nécessaire de tenir compte des spécificités des blessures liées à l'environnement militaire. Les blessures par explosion, par exemple, entraînent des complications complexes telles que des fractures multiples, des lésions internes et des traumatismes psychologiques. Ces blessures exigent des protocoles de prise en charge adaptés, qui vont au-delà de la simple gestion des lésions physiques, en incluant des traitements pour les traumatismes psychologiques (TSPT) et un suivi post-chirurgical rigoureux. Ces derniers sont d’autant plus importants que les blessés militaires peuvent être confrontés à des scénarios de guerre prolongés, où la réadaptation et la réintégration dans la société sont également des enjeux cruciaux.

En outre, le rôle des technologies médicales et des procédures innovantes, telles que l’échographie au point de soins (POCUS) ou l’utilisation de techniques avancées de surveillance, ne doit pas être sous-estimé. L’adoption de ces technologies a permis d'améliorer considérablement la gestion des traumatismes multiples, notamment en permettant une évaluation plus rapide et plus précise de l'état des blessés, surtout dans les environnements dénués de ressources. Ces outils aident à fournir des informations cruciales sur l'état des blessures internes, qui sont souvent difficiles à diagnostiquer dans des situations de stress élevé.

Enfin, un aspect fondamental de cette approche repose sur la préparation. La formation en situation réelle est primordiale pour garantir que les équipes soient prêtes à affronter des situations extrêmes. Les simulations d’incidents massifs, les formations continues en médecine d'urgence et la gestion des erreurs permettent de maintenir un haut niveau de compétence et de sécurité. La gestion des erreurs médicales en médecine militaire est souvent moins tolérante que dans d’autres secteurs médicaux, en raison des conséquences graves qui peuvent en découler. De ce fait, des systèmes de gestion de la qualité et d’évaluation des performances, basés sur des critères précis, doivent être mis en place pour garantir la sécurité des interventions.

Le concept d'auto-évaluation et de retour d'expérience est aussi essentiel pour améliorer les pratiques. L'apprentissage continu, l’évaluation des erreurs et la mise à jour régulière des protocoles garantissent que les équipes soient mieux préparées face aux défis futurs. Les leçons tirées des interventions passées doivent être intégrées dans les formations, afin d'éviter la répétition des mêmes erreurs.

Quels sont les effets des forces inertiales et des vibrations sur les patients pendant leur transport médical ?

Lors du transport médical par voie routière, en particulier dans une ambulance, le patient adopte généralement une position couchée, la tête orientée dans la plupart des cas dans la direction opposée à celle du déplacement. Ce type de posture, bien que standard, peut entraîner une sensibilité accrue aux irrégularités de la chaussée et aux mouvements brusques, augmentant ainsi le risque de mal des transports. Un autre facteur qui influe considérablement sur le bien-être du patient durant le transport est l'effet des forces inertiales. En cas de mouvement brusque ou d’accélération, ces forces peuvent provoquer un afflux sanguin vers certaines parties du corps, telles que la périphérie, en fonction de la direction du déplacement. Par exemple, une accélération rapide dans un véhicule ou un changement soudain de direction dans un hélicoptère peut induire un mouvement centrifuge du sang, cherchant à maintenir l'orientation du corps par rapport à la trajectoire initiale.

Les forces inertiales jouent également un rôle dans les altérations de la microcirculation. Cela peut entraîner une diminution de la perfusion tissulaire, notamment dans les zones où le flux sanguin capillaire devient irrégulier. Ce phénomène peut avoir un impact particulièrement sévère sur les patients souffrant de fractures, où des mouvements intempestifs peuvent aggraver la douleur et, dans certains cas, entraîner des complications supplémentaires. De plus, lors des phases de chargement et de déchargement des patients, l'interaction avec les irrégularités de la route ou des secousses imprévues peut induire une modification du rapport entre ventilation et perfusion dans les poumons, affectant la qualité de la respiration, en particulier dans les zones pulmonaires les plus faibles. Ce risque est d'autant plus important lorsqu’il s’agit de patients avec des fractures complexes, comme celles du bassin, où la douleur est particulièrement intense et potentiellement dangereuse.

Il existe également des risques liés à la position dans laquelle le patient est transporté, par exemple, la position de Trendelenburg (où la tête est plus basse que le thorax) ou la position anti-Trendelenburg (où la tête est plus haute que le thorax). Dans des trajets sur des pentes abruptes, ces positions peuvent être imposées par la topographie de la route ou les exigences du transport. En position Trendelenburg, on observe souvent une accumulation de sang dans les parties inférieures du corps, une diminution du volume circulant et, par conséquent, une réduction de la perfusion cérébrale et périphérique, ce qui peut avoir de graves conséquences physiopathologiques. Inversement, lors de pentes ascendantes prolongées, le patient peut être transporté en position anti-Trendelenburg, augmentant les risques de déplacement du sang vers la tête et perturbant ainsi la circulation.

Les vibrations sont un autre facteur déterminant dans le transport médical, en particulier lors de trajets prolongés par voie routière ou aérienne. Ces vibrations proviennent principalement de la route, dans le cas des ambulances, ou des turbulences et des mouvements du rotor dans le cas des hélicoptères. Il existe une gamme de fréquences vibratoires, généralement comprises entre 4 et 12 Hz, qui sont susceptibles de provoquer des résonances internes dans les organes, générant des douleurs et des perturbations physiologiques. Par exemple, entre 1 et 4 Hz, les vibrations peuvent affecter le système respiratoire, entraînant une dyspnée et une diminution du taux d'oxygène inspiré. Entre 4 et 8 Hz, elles peuvent toucher le cœur, provoquant des douleurs précordiales, des arythmies et des modifications de la pression sanguine. Les vibrations peuvent aussi affecter le tractus digestif, stimulant des douleurs abdominales et des vomissements.

Une autre conséquence de ces vibrations est la dégradation des signaux des dispositifs médicaux, comme les moniteurs de surveillance, qui peuvent enregistrer des artefacts dus aux mouvements, réduisant ainsi la précision des diagnostics. Cela est particulièrement pertinent dans le cas des hélicoptères, qui sont souvent utilisés dans les systèmes d'urgence médicale, où les niveaux de vibrations sont élevés. Dans ces conditions, il est crucial d’utiliser des équipements capables de minimiser ces effets, comme les matelas à vide, afin de stabiliser le patient autant que possible.

En outre, le bruit représente une autre nuisance importante pendant le transport. Le bruit intense des véhicules d'urgence, notamment des sirènes et des alarmes lumineuses, peut induire un stress considérable, perturber la communication et même déclencher des crises chez des patients présentant des affections neurologiques. Bien que cela affecte principalement les membres de l'équipe, les patients eux-mêmes peuvent être particulièrement sensibles à ces stimulations sonores. Les changements dans la pression barométrique à haute altitude, notamment lors de transports aériens, peuvent également avoir des effets délétères. Selon la loi de Boyle, lorsque la pression diminue, le volume des gaz augmente, ce qui peut affecter la distribution des gaz dans le corps, menant à des complications telles que des pneumothorax ou des hernies cérébrales.

Le microclimat dans lequel se déroule le transport joue également un rôle clé. Une température ambiante trop basse peut inhiber la coagulation sanguine, tandis qu’une température trop élevée peut affecter les fonctions enzymatiques. L'activation des processus physiopathologiques doit être prise en compte lors du choix des conditions de transport, en particulier en ce qui concerne la température et l'ensoleillement. Une température optimale se situe autour de 22°C, avec une luminosité d'environ 1000 lux, ce qui favorise la stabilité du patient pendant le transport. Dans certains cas, il peut être nécessaire de limiter l'altitude de vol pour prévenir des risques supplémentaires.