Dans un espace vectoriel normé E=(E,)E = (E, \|\cdot\|), les structures métriques découlent directement de la norme. Ainsi, pour tout x,yEx, y \in E, la distance induite est donnée par d(x,y)=xyd(x, y) = \|x - y\|, ce qui confère à l’espace une structure métrique complète, dans laquelle s’appliquent immédiatement les notions fondamentales telles que la convergence, les voisinages, ou les points d’accumulation.

La norme satisfait non seulement l’inégalité triangulaire classique, mais aussi son pendant inversé :

xyxy,\|x - y\| \geq |\|x\| - \|y\||,

ce qui résulte directement de l’interprétation métrique. Cela confirme que, même dans une abstraction purement algébrique, certaines intuitions géométriques demeurent valides, à condition de bien interpréter les distances dans le cadre de la norme considérée.

Les boules ouvertes et fermées sont définies de manière naturelle :

B(a,r)={xE ; xa<r},Bˉ(a,r)={xE ; xar}.B(a, r) = \{x \in E \ ; \ \|x - a\| < r\}, \quad \bar{B}(a, r) = \{x \in E \ ; \ \|x - a\| \leq r\}.

Ces ensembles coïncident exactement avec les boules définies dans l’espace métrique associé. L’ensemble unité B=B(0,1)B = B(0,1) et sa fermeture Bˉ=Bˉ(0,1)\bar{B} = \bar{B}(0,1) jouent un rôle fondamental dans la caractérisation des ensembles bornés. En effet, une partie XEX \subseteq E est dite bornée si elle est contenue dans rBrB pour un certain r>0r > 0, ce qui revient à dire qu’il existe un majorant commun à toutes les normes des éléments de XX.

La notion de bornitude se révèle stable par plusieurs opérations : unions finies, sommes de parties bornées, et multiplication scalaire. En revanche, l’extension de la bornitude à tout espace vectoriel arbitraire par une métrique n’implique pas nécessairement l’existence d’une norme qui induirait cette métrique, ce qui souligne le caractère structurant de la norme dans un espace vectoriel.

Lorsque l’on restreint la norme à un sous-espace vectoriel FEF \subseteq E, on obtient une norme induite F\|\cdot\|_F, définie simplement par la restriction de \|\cdot\| à FF. Cela fait de FF un espace vectoriel normé à part entière. Ce processus s'étend naturellement aux produits finis d’espaces vectoriels normés : si Ej=(Ej,j)E_j = (E_j, \|\cdot\|_j) pour j=1,,mj = 1, \dots, m, on peut doter leur produit E=E1××EmE = E_1 \times \cdots \times E_m d’une norme produit, définie par

x:=max1jmxjj.\|x\|_\infty := \max_{1 \leq j \leq m} \|x_j\|_j.

La validité de cette définition découle directement des axiomes de la norme, dont elle hérite les propriétés essentielles.

Un cas particulier central est celui de KmK^m, l’espace des mm-uplets de scalaires, muni de la norme infinie :

x=max1jmxj.|x|_\infty = \max_{1 \leq j \leq m} |x_j|.

C’est un espace vectoriel normé fondamental, notamment lorsqu’il est interprété comme espace des fonctions bornées définies sur un ensemble fini.

Ce concept s’élargit naturellement au cadre fonctionnel. Soit XX un ensemble non vide, et EE un espace vectoriel normé. L’ensemble des fonctions bornées u:XEu : X \to E, noté B(X,E)B(X, E), est muni de la norme

u:=supxXu(x).\|u\|_\infty := \sup_{x \in X} \|u(x)\|.

Cela définit un espace vectoriel normé, dont les propriétés dépendent directement de celles de EE. La norme infinie satisfait les axiomes standards (séparation, homogénéité, sous-additivi

Qu’est-ce que la clôture, l’intérieur et la frontière d’un ensemble dans un espace métrique ?

La clôture d’un ensemble AA dans un espace métrique XX se définit comme le plus petit ensemble fermé contenant AA. Autrement dit, tout ensemble fermé qui contient AA contient aussi sa clôture A\overline{A}. Cette notion s’identifie précisément à l’ensemble des points d’accumulation de AA. On établit ainsi l’égalité fondamentale : A=AA = \overline{A}.

La démonstration de cette propriété repose sur deux inclusions réciproques. D’une part, AAA \subseteq \overline{A} découle du fait que les points d’accumulation englobent AA lui-même. D’autre part, si un point ne fait pas partie de AA, on peut isoler ce point par un voisinage ouvert disjoint de AA, garantissant ainsi que ce point n’appartient pas à la clôture de AA. Cette double inclusion caractérise parfaitement la clôture comme l’ensemble de tous les points limités par AA.

Parallèlement à la notion de clôture, on introduit celle de l’intérieur d’un ensemble AA, noté int(A)\mathrm{int}(A), qui est la plus grande partie ouverte contenue dans AA. Les points intérieurs de AA sont ceux pour lesquels il existe un voisinage ouvert entièrement inclus dans AA. Cette définition duale confirme que int(A)\mathrm{int}(A) est constitué exactement des points intérieurs au sens topologique, renforçant ainsi la symétrie entre intérieur et clôture.

La frontière A\partial A d’un ensemble AA se définit comme la différence entre AA et son intérieur : A=Aint(A)\partial A = A \setminus \mathrm{int}(A). Cette frontière est un ensemble fermé, caractérisé par le fait que tout voisinage d’un point de A\partial A rencontre à la fois AA et son complémentaire AcA^c. La frontière incarne ainsi la limite indéterminée entre AA et ce qui ne lui appartient pas, incarnant un rôle fondamental dans l’analyse topologique des ensembles.

Un espace métrique vérifie par ailleurs la condition de Hausdorff, qui garantit que deux points distincts peuvent être séparés par des voisinages ouverts disjoints. Cette propriété cruciale assure une séparation nette des points et implique notamment que tout singleton est un ensemble fermé. Ce résultat est indispensable pour la compréhension fine de la topologie des espaces métriques, où l’existence d’une métrique fournit une structure riche et maniable.

Ces notions s’illustrent bien à travers les exemples classiques : l’intervalle ouvert (a,b)(a,b) est ouvert dans R\mathbb{R}, l’intervalle fermé [a,b][a,b] est fermé, et la boule fermée B(x,r)\overline{B}(x,r) dans un espace métrique est également fermée. Dans un espace vectoriel normé, la boule ouverte et la boule fermée coïncident dans leur intérieur, et leur frontière correspond à la sphère de rayon rr centrée en xx.

Enfin, ces concepts permettent de caractériser rigoureusement la continuité d’une fonction entre espaces métriques. Une fonction f:XYf : X \to Y est continue si et seulement si l’image réciproque de tout ouvert de YY est un ouvert de XX, ou équivalemment si l’image réciproque de tout fermé de YY est un fermé de XX. Cette caractérisation topologique est fondamentale en analyse et en géométrie.

Au-delà des définitions, il est essentiel de saisir que ces notions établissent un cadre cohérent pour étudier la convergence, la séparation des points, et la structure des espaces. La clôture permet de comprendre comment les ensembles se « complètent » par leurs points limites, tandis que l’intérieur reflète la notion de points « pleinement inclus ». La frontière, quant à elle, incarne la transition subtile entre inclusion et exclusion, un concept crucial en analyse et en géométrie.

La condition de Hausdorff assure quant à elle que l’espace est suffisamment « fin » pour distinguer les points de façon précise, ce qui n’est pas toujours vrai dans les espaces topologiques généraux. Cette finesse structurelle est au cœur des propriétés analytiques et topologiques des espaces métriques, rendant possible l’étude approfondie des fonctions, des suites et des ensembles.

Comprendre ces notions permet de maîtriser les fondements de la topologie métrique et ouvre la voie à l’étude des espaces plus abstraits, où ces idées s’étendent et s’enrichissent, tout en restant un socle fondamental indispensable.

Comment les fonctions trigonométriques et exponentielles se combinent-elles dans le plan complexe ?

Les formules d’addition pour les fonctions trigonométriques s’étendent naturellement au contexte complexe, où elles s’expriment en termes de la variable complexe zCz \in \mathbb{C}. Pour tous z,wCz, w \in \mathbb{C}, on a ainsi :

cos(z±w)=coszcoswsinzsinw,sin(z±w)=sinzcosw±coszsinw.\cos(z \pm w) = \cos z \cos w \mp \sin z \sin w, \quad \sin(z \pm w) = \sin z \cos w \pm \cos z \sin w.

Cette généralisation est étroitement liée à la relation fondamentale avec la fonction exponentielle complexe, via la formule d’Euler eiz=cosz+isinze^{iz} = \cos z + i \sin z. La preuve s’appuie sur le développement en série et la propriété multiplicative de l’exponentielle complexe, conduisant à l’expression :

cos(z+w)=ei(z+w)+ei(z+w)2.\cos(z+w) = \frac{e^{i(z+w)} + e^{ -i(z+w)}}{2}.

Cette identité, bien qu’analogue à celle en variables réelles, conserve une validité rigoureuse dans tout le plan complexe, ce qui souligne la continuité et l’holomorphie des fonctions trigonométriques dans ce cadre.

Par ailleurs, les différences de sinus et cosinus peuvent être exprimées par des formules symétriques en termes de sommes et différences :

sinzsinw=2cos(z+w2)sin(zw2),coszcosw=2sin(z+w2)sin(zw2).\sin z - \sin w = 2 \cos\left(\frac{z+w}{2}\right) \sin\left(\frac{z-w}{2}\right), \quad \cos z - \cos w = -2 \sin\left(\frac{z+w}{2}\right) \sin\left(\frac{z-w}{2}\right).

Ces expressions jouent un rôle essentiel dans l’analyse des propriétés oscillatoires et symétriques des fonctions trigonométriques, même dans le domaine complexe.

La relation fondamentale

cos2z+sin2z=1,\cos^2 z + \sin^2 z = 1,

qui provient naturellement en posant z=wz = w dans les formules d’addition, souligne la cohérence intrinsèque des fonctions trigonométriques dans le plan complexe, confirmant leur nature géométrique fondamentale.


La fonction exponentielle complexe se décompose naturellement en deux parties : la fonction exponentielle réelle expR:RR+\exp_{\mathbb{R}} : \mathbb{R} \to \mathbb{R}_+ et la fonction exponentielle purement imaginaire expiR:iRS1C\exp_{i\mathbb{R}} : i\mathbb{R} \to S^1 \subset \mathbb{C}. Cette dualité est cruciale pour la compréhension fine du comportement de exp:CC\exp : \mathbb{C} \to \mathbb{C}.

La fonction réelle expR\exp_{\mathbb{R}} possède des propriétés qualitatives majeures :

  • Elle est strictement croissante,

  • Pour x<0x < 0, 0<ex<10 < e^x < 1,

  • Pour x>0x > 0, ex>1e^x > 1,

  • Elle domine toute fonction puissance à l’infini, i.e., limxexxα=+\lim_{x \to \infty} \frac{e^x}{x^\alpha} = +\infty pour tout αQ\alpha \in \mathbb{Q},

  • Elle tend vers zéro à l’infini négatif.

Ces propriétés garantissent l’existence et l’unicité de l’inverse de expR\exp_{\mathbb{R}}, la fonction logarithme naturel log:(0,)R\log : (0, \infty) \to \mathbb{R}, qui hérite de la continuité et de la monotonie strictes. Le logarithme vérifie alors les relations classiques d’additivité :

log(xy)=logx+logy,log(xy)=logxlogy.\log(xy) = \log x + \log y, \quad \log\left(\frac{x}{y}\right) = \log x - \log y.

Ceci fonde le passage naturel aux puissances réelles définies par

ax:=exloga,a>0,xR,a^x := e^{x \log a}, \quad a > 0, \quad x \in \mathbb{R},

et valide la généralisation des identités usuelles sur les puissances à tout exposant réel.


En ce qui concerne la fonction exponentielle purement imaginaire, on observe un comportement radicalement différent : eite^{i t} est à module constant égal à 1, ce qui en fait une fonction à valeurs sur le cercle unité S1S^1. Cette observation repose sur la propriété :

eit=1,tR.|e^{i t}| = 1, \quad \forall t \in \mathbb{R}.

La fonction cis(t):=eit\text{cis}(t) := e^{i t} est donc une application surjective de R\mathbb{R} sur le cercle unité, ce qui implique que

cis(R)=S1={zC:z=1}.\text{cis}(\mathbb{R}) = S^1 = \{ z \in \mathbb{C} : |z| = 1 \}.

L’image du cosinus couvre l’intervalle [1,1][-1, 1], ce qui est démontré à l’aide d’un argument fondé sur le théorème des valeurs intermédiaires et la structure de l’intervalle image. La complétude de cette image joue un rôle fondamental dans la définition de la constante π\pi en relation avec la périodicité de eite^{i t}.


Il importe de comprendre que ces résultats ne sont pas de simples généralisations de l’analyse réelle, mais des fondations de l’

Comment la règle de l’Hôpital s’appuie-t-elle sur le théorème des accroissements finis pour déterminer les limites des rapports de fonctions ?

Le comportement asymptotique des fonctions, notamment la limite du rapport de deux fonctions à l’approche d’un point donné, peut être élucidé grâce à un outil fondamental du calcul différentiel : la règle de l’Hôpital. Celle-ci repose sur le théorème des accroissements finis et permet de relier la limite des quotients des fonctions aux limites des quotients de leurs dérivées, sous certaines conditions.

Supposons deux fonctions ff et gg, différentiables sur un intervalle ouvert contenant aa, sauf peut-être en aa même, où elles peuvent tendre vers une forme indéterminée. La règle de l’Hôpital affirme que si la limite

α:=limxaf(x)g(x)\alpha := \lim_{x \to a} \frac{f'(x)}{g'(x)}

existe dans R\overline{\mathbb{R}} (c’est-à-dire dans R\mathbb{R} ou égale à ++\infty ou -\infty), alors cette limite est également celle du rapport des fonctions :

limxaf(x)g(x)=α,\lim_{x \to a} \frac{f(x)}{g(x)} = \alpha,

sous réserve que certaines conditions soient remplies, notamment que g(x)0g'(x) \neq 0 proche de aa et que g(x)g(x) tende vers zéro ou vers l’infini.

La preuve s’appuie sur une version fine du théorème des accroissements finis, dite « second théorème des accroissements finis ». Pour deux points x,yx, y proches de aa, on peut trouver un point intermédiaire ξ(x,y)\xi \in (x, y) tel que

f(y)f(x)g(y)g(x)=f(ξ)g(ξ).\frac{f(y) - f(x)}{g(y) - g(x)} = \frac{f'(\xi)}{g'(\xi)}.

Cette relation permet de comparer les accroissements des fonctions à ceux de leurs dérivées, et, en approchant xx et yy vers aa, on obtient des inégalités qui encadrent la limite recherchée. Si, par exemple, la limite α\alpha est finie, on peut choisir des constantes α0,α1\alpha_0, \alpha_1 proches de α\alpha telles que

f(y)f(x)g(y)g(x)<α1<α0,\frac{f(y) - f(x)}{g(y) - g(x)} < \alpha_1 < \alpha_0,

pour des x,yx, y suffisamment proches de aa. En passant à la limite, on obtient que le rapport f(x)/g(x)f(x)/g(x) est borné par ces mêmes constantes, et la conclusion suit par une démarche d’encadrement.

Cette approche fonctionne également lorsque la fonction gg diverge vers ++\infty ou -\infty en aa, avec quelques adaptations. Dans tous les cas, la règle de l’Hôpital fournit un puissant outil pour évaluer les limites de rapports, souvent inaccessibles par des manipulations algébriques classiques.

L’importance de ce résultat ne réside pas seulement dans le calcul de limites, mais aussi dans la compréhension fine du comportement local des fonctions à partir de leurs dérivées. En effet, la dérivée traduit la variation instantanée d’une fonction, et la capacité à relier la limite du rapport des fonctions à celle des dérivées met en lumière la structure sous-jacente des fonctions considérées.

Au-delà de la règle de l’Hôpital, le théorème des accroissements finis garantit la continuité et la différentiabilité sur un intervalle, ce qui permet de prolonger ces résultats à des cas limites, tels que a=±a = \pm \infty ou lorsque les fonctions sont définies sur des intervalles fermés.

Par ailleurs, plusieurs exemples illustrent la puissance de cette méthode, notamment dans la détermination des limites de suites ou fonctions impliquant des puissances, racines, ou expressions trigonométriques complexes, parfois requérant l’application itérée de la règle.

Il est aussi essentiel de noter que la différentiabilité, la continuité, et la nature des points de limite jouent un rôle crucial dans l’applicabilité de cette règle. Par exemple, la dérivée doit exister et ne pas s’annuler de manière problématique près du point considéré, sans quoi la règle de l’Hôpital ne peut être appliquée directement.

La compréhension de ces principes permet au lecteur d’aborder non seulement des questions de limites, mais également des aspects plus avancés, tels que le comportement local des fonctions à travers les développements en série de Taylor, l’étude des points d’inflexion, et la convexité. Ces concepts s’inscrivent dans une même perspective analytique où la connaissance des dérivées jusqu’à un certain ordre offre une description fine du comportement global et local d’une fonction.

Enfin, il est important de saisir que la manipulation des limites via la règle de l’Hôpital repose sur une fondation rigoureuse donnée par les théorèmes fondamentaux de l’analyse, notamment le théorème des accroissements finis, ce qui confère à cette règle une solidité mathématique souvent sous-estimée dans l’usage courant.