Le déplacement des états discrets d'excitons dans des points quantiques (QD) vers des énergies plus basses, grâce à un champ électrique appliqué, permet d’accorder ces QD en résonance avec les modes d’une cavité micro-photonique (MC). Cette approche ouvre la voie à un contrôle intégré du couplage fort lumière-matière au sein d’une puce, bien que, en raison de la faiblesse intrinsèque du phénomène, ce contrôle reste encore limité en intensité et en précision. Par ailleurs, l'observation expérimentale du régime de couplage fort avec un seul QD dans une cavité photonic crystal MC a mis en évidence des phénomènes tels que l'antibunching des pics du doublet de Rabi, fournissant la première preuve tangible de la quantification complète du champ dans un système couplé QD-MC. Ce phénomène illustre que l’ajout ou la suppression d’un quantum d’excitation modifie de façon significative le comportement du système, ce qui est la marque d’un véritable couplage fort.

Idéalement, un émetteur tel qu’un QD ou un anneau quantique (QR) plongé dans une MC peut être modélisé comme un système à deux niveaux couplé à un mode de la cavité. Cette interaction donne naissance à un hamiltonien dont les états propres sont des états hybrides lumière-matière, formant la célèbre « échelle de Jaynes-Cummings ». L’émission détectée à l’extérieur de la cavité doit refléter la structure caractéristique de cette échelle, révélant ainsi la nature quantique du couplage. Il convient de noter que, à ce jour, aucune expérience n’a encore exploré de façon approfondie le couplage fort dans des systèmes d’anneaux quantiques intégrés à des cavités micro-photoniques, bien que ces recherches soient prometteuses et soient susceptibles de stimuler des études futures.

D’un point de vue théorique, la quantification du champ électromagnétique à l’intérieur d’une cavité de volume V peut être abordée en représentant le potentiel vecteur comme une somme de modes orthonormés, chacun caractérisé par une amplitude temporelle indépendante. Cette décomposition permet d’exprimer le champ électrique et le champ magnétique à travers ces modes, soumis à des conditions aux limites précises sur les parois de la cavité, assurant ainsi que le champ électrique tangentiel et le champ magnétique normal s’annulent aux frontières. Ces conditions garantissent des solutions uniques appelées modes normaux, qui encapsulent entièrement la géométrie et la topologie du problème.

Les amplitudes des modes peuvent être reparamétrées en variables normales, qui sont ensuite remplacées par des opérateurs de création et d’annihilation quantiques, respectant des relations de commutation spécifiques. Cette substitution fait du champ électromagnétique un ensemble d’oscillateurs harmoniques quantiques indépendants, dont le Hamiltonien total s’écrit comme la somme des Hamiltoniens de chaque mode. Ce formalisme établit une correspondance directe avec le modèle de l’oscillateur harmonique quantique, où les états énergétiques se distribuent en une « échelle » dont chaque marche correspond à un nombre entier de quanta.

Cette description quantique est essentielle pour comprendre la dynamique des systèmes fortement couplés lumière-matière, notamment les phénomènes de formation de polaritons et l’évolution des spectres d’émission sous variation du nombre de photons dans la cavité. Elle fournit également un cadre rigoureux pour étudier les transitions optiques en utilisant l’approximation du dipôle électrique, qui simplifie les interactions entre la lumière et les systèmes quantiques confinés.

L’importance de cette approche réside dans sa capacité à décrire précisément comment un seul émetteur quantique interagit avec un mode de champ confiné, en tenant compte de la nature corpusculaire et ondulatoire de la lumière. Cela éclaire les conditions nécessaires pour atteindre et contrôler le régime de couplage fort, crucial pour les développements en optoélectronique quantique, télécommunications et calcul quantique.

Au-delà des concepts de base, il est essentiel de reconnaître que les propriétés de la cavité (comme sa forme, son volume et la qualité du confinement) et les caractéristiques de l’émetteur (niveau énergétique, dipôle, déphasage) jouent un rôle fondamental dans la force et la nature du couplage. De plus, les phénomènes dissipatifs, la décohérence et l’interaction avec l’environnement externe doivent être pris en compte pour une description réaliste des systèmes expérimentaux. Comprendre ces nuances permet d’orienter la conception et l’optimisation de dispositifs photoniques avancés où la manipulation fine du couplage lumière-matière est déterminante.

Comment quantifie-t-on le champ électromagnétique et décrit-on un émetteur à photon unique dans une cavité quantique ?

Le champ électromagnétique (CEM) dans la théorie quantique est décrit par des opérateurs quantiques : le potentiel vecteur A^\hat{A}, le champ électrique E^\hat{E} et le champ magnétique B^\hat{B}. Ces opérateurs sont construits à partir des opérateurs de création a^i\hat{a}^\dagger_i et d’annihilation a^i\hat{a}_i, qui ne commutent pas entre eux. Cette non-commutativité est fondamentale : elle incarne la nature quantique du champ, là où la dynamique temporelle du champ classique, exprimée par des amplitudes QiQ_i, est désormais encapsulée dans la dynamique des opérateurs quantiques. Le passage à la quantification du champ est effectué en établissant un espace de Hilbert dont les états propres correspondent aux modes du champ électromagnétique. Par analogie avec l’oscillateur harmonique quantique, le vide 0|0\rangle de chaque mode est défini par la condition a^i0=0\hat{a}_i |0\rangle = 0, et les états à nombre de photons définis comme ni=(a^i)nini!0|n_i\rangle = \frac{(\hat{a}_i^\dagger)^{n_i}}{\sqrt{n_i!}} |0\rangle. L’ensemble des états du champ s’écrit alors comme produit tensoriel des états de chaque mode, les nombres nin_i étant les occupations des modes, aussi appelés nombres quantiques d’occupation.