La guerre en Irak, prévue comme rapide et décisive, s’est prolongée jusqu’en 2011, exacerbant l’instabilité au Moyen-Orient. La Turquie, où mon mari et moi avons séjourné, semblait un havre de paix comparé aux régions voisines, pourtant aujourd’hui dévastées par des conflits qui ont engendré une crise des réfugiés syriens et irakiens. Nous voyageons dans des villes méridionales comme Adana ou Mardin, des zones frontalières qui accueillent aujourd’hui ces populations déplacées. Recep Tayyip Erdoğan, autrefois président démocratique porteur d’espoirs en 2003, a désormais pris une direction autoritaire. En 2013, mes amis turcs ont cessé de me contacter, ayant trop peur de la répression du discours libre menée par Erdoğan. Il est effrayant de constater la détérioration de la Turquie sous son régime, surtout lorsque l’on remonte à une époque où, étrangement, certains événements semblent entrelacés avec une émission de télévision américaine : The Apprentice, qui faisait ses débuts à ce moment-là.

C’est à travers ma mère que j’ai entendu parler pour la première fois de cette émission en 2004. Elle m’appela en hivers, me disant : « Sarah, tu dois revenir à la maison, tu manques trop de télévision. Donald Trump a une émission où il fait semblant d’être un homme d’affaires et il est insupportable. Il dit ‘Tu es viré !’ Je l’adore, c’est parfait. Au début, je n’arrivais pas à croire qu’il ait sa propre émission, mais en fait, c’est exactement ce qu’il devait faire. Il est là où il faut. » Pour des Américains comme ma mère, qui avaient passé les années 1980 et début 90 à détester Trump, The Apprentice était un retour en arrière, une sorte de nostalgie pour un personnage détesté mais devenu inoffensif grâce à la télévision. Ce show, conçu par NBC, ne semblait qu’un divertissement de plus. Peu d’Américains, surtout dans le Midwest où nous avons déménagé en 2004, voyaient en lui un futur président. Peu étaient conscients de ses connexions profondes et obscures.

Cette émission a agi comme un rideau de fumée. Derrière la façade de Trump, l’émission masquait une réalité bien plus sombre. En 2006, Trump a annoncé une nouvelle propriété, le Trump SoHo, un investissement de 370 millions de dollars qu’il qualifia de « chef-d’œuvre ». Ivanka Trump, sa fille, apparut dans cette saison de The Apprentice pour promouvoir le projet. Mais derrière cette vitrine glamour se cachait un réseau de blanchiment d’argent. Le Trump SoHo n’était pas simplement un projet immobilier, mais un terrain de jeu pour des criminels liés à la mafia, comme Felix Sater, qui avait des liens avec la mafia russe et un passé criminel épais. Leurs activités avaient pour but de masquer des transactions douteuses sous couvert de développement immobilier.

En 2010, l’organisation Trump fut poursuivie pour fraude concernant le Trump SoHo. L’affaire décrivait leurs pratiques commerciales comme une « série de mensonges » permanents. La famille Trump, notamment Donald Jr. et Ivanka, se retrouva sur le point d’être inculpée de fraude en 2012, jusqu’à ce que la procureure se retire après avoir reçu une grosse contribution de campagne de l’avocat de Trump. Ce genre de manipulation et de dissimulation, accompagné d’un manque de responsabilité, est devenu une signature de l’entreprise Trump.

Cependant, la question du crime organisé, loin de se limiter à des affaires immobilières douteuses, va bien au-delà. Sater, bien qu’échappant à toute véritable poursuite, est un exemple de ce que beaucoup ignorent concernant l’ampleur du crime organisé moderne. Né en Russie et ayant évolué dans un environnement mafieux, il navigua dans les hautes sphères de la finance tout en échappant aux poursuites, et ce grâce à la protection de réseaux puissants. Son passé criminel, mais aussi ses connexions avec des figures russes et des oligarques proches de Poutine, a contribué à façonner un environnement où la frontière entre le crime organisé et les affaires légales devient floue.

Les années 1990 marquent un tournant : l’effondrement de la mafia italienne, en grande partie due aux efforts de Giuliani, ouvre la voie à l’émergence de la mafia russe, plus axée sur le crime en col blanc et l’infiltration des marchés financiers. La législation assouplie durant l’ère Clinton et Bush facilite l’expansion de ces réseaux criminels. Mais ce phénomène trouve un terrain particulièrement fertile après les attentats du 11 septembre. Alors que les agences de sécurité redirigent leurs ressources pour combattre le terrorisme, les criminels organisés, notamment ceux issus de l’ex-Union soviétique, profitent de la distraction pour tisser leur toile à l’échelle mondiale.

Ce n’est que plus tard, dans les années 2010, que la société commence à mesurer l’ampleur de ces activités criminelles transnationales, mais les dégâts étaient déjà considérables. Le nombre de victimes liées au trafic de drogue, à la traite des êtres humains et aux meurtres contractuels dépasse largement celui des attaques terroristes islamistes. Au-delà de la violence physique, ce qui se cache derrière ces crimes est une corruption systématique des institutions financières mondiales, des pertes massives pour les citoyens ordinaires, des destructions de vies, de foyers, de carrières, et de la santé publique. Les crimes en col blanc ont des répercussions terribles, et la violence qui en découle n’est ni moins réelle ni moins perverse que celle des crimes violents.

Les tragédies humaines liées à ces réseaux de criminalité ne doivent pas être sous-estimées. Les élites corrompues, mêlant puissance économique et criminalité organisée, ont joué un rôle central dans cette mutation du paysage criminel, faisant de la violence économique une forme de violence de plus en plus dévastatrice. Si la guerre contre le terrorisme et la propagande de la “lutte contre le mal” ont capté l’attention du public, la véritable menace réside dans cette nouvelle alliance entre les élites économiques et les criminels internationaux, avec des conséquences bien plus vastes que ce qu’on imagine souvent.

Comment Internet a-t-il transformé la démocratie en outil de domination autoritaire ?

Au tournant des années 2000 et 2010, l’émergence des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou VKontakte a bouleversé l’écosystème de l’information. Les plateformes conçues pour connecter les individus ont facilité la propagation de la désinformation à une vitesse et une échelle jusqu’alors inaccessibles. L’apparition des mèmes visuels, aisément transmissibles via téléphone mobile, a permis aux récits les plus mensongers d’échapper au filtre critique des médias traditionnels et de pénétrer les sociétés dépourvues d’infrastructures numériques solides. Ainsi, même ceux qui ne possédaient pas d’ordinateur pouvaient se retrouver pris dans les mailles d’un réseau de manipulation massive.

Ce phénomène, étudié à travers le prisme de l’« autoritarisme en réseau », a démontré que la numérisation de la société ne garantissait aucunement l’avènement de la démocratie. Bien au contraire, dans les États autoritaires comme l’Ouzbékistan, Internet n’a pas libéré la parole : il a renforcé la suspicion, institutionnalisé la rumeur et précarisé toute forme de vérité. Lorsque toutes les informations sont suspectes et tous les canaux contaminés, la crédulité devient un mécanisme de survie. Le doute permanent, loin de conduire à un scepticisme éclairé, nourrit une paranoïa fertile aux manipulations les plus grossières. Dans un tel contexte, suivre ses principes devient un acte de résistance solitaire, souvent inutile.

Ce modèle ouzbek s’est imposé de manière inattendue dans les démocraties occidentales, notamment aux États-Unis lors de l’ère Trump. L’illusion de l’exceptionnalisme américain s’est effondrée face à la rapidité avec laquelle le tissu démocratique s’est délité, mimant les dérives des régimes de surveillance. Le rêve utopique de la Silicon Valley, fondé sur l’idée que la technologie libère l’individu, a été sacrifié sur l’autel du profit et de la captation des données personnelles. Le slogan de Google, « Don’t Be Evil », est devenu l’objet d’un rire amer.

Parmi les rares voix lucides de l’époque, celle de Jaron Lanier a retenti avec une prescience glaçante. Dès 2010, il avertissait que des entités comme WikiLeaks, saluées alors comme des hérauts de la transparence, risquaient de renforcer les régimes autoritaires en punissant les sociétés les plus ouvertes. Le paradoxe du numérique est là : plus un État s’expose à la transparence, plus il devient vulnérable à la déstabilisation. À l’inverse, les régimes opaques sont imperméables à ce type d’attaque, car ils ne génèrent aucune fuite. Internet ne nivelle pas les systèmes politiques ; il les restructure autour de centres de pouvoir opaques et inaccessibles, desquels émanent des flux d’information instables et incontrôlables.

Au lieu de réformer cette architecture numérique toxique, les plateformes l’ont consolidée. Facebook, entre autres, est devenu un vecteur d’alliances sombres entre crime organisé, corruption étatique et criminalité d’entreprise. Les « triangles de fer » évoqués par Robert Mueller – cette interconnexion des mafias, des gouvernements et des intérêts économiques – ont trouvé dans les réseaux sociaux un outil de domination à la fois discret et universel. La technologie, censée ouvrir l’espace public, l’a au contraire refermé, en le transformant en un théâtre d’opérations asymétriques.

Ce retournement historique s’est produit sous nos yeux, dans une période où l’on croyait encore à la possibilité d’un réveil démocratique. L’année 2011 semblait marquer un tournant : les révolutions arabes donnaient à penser qu’un monde nouveau était en gestation. En Égypte, le renversement de Moubarak fut interprété comme le signe d’un basculement global. Les exilés politiques de régimes autoritaires reprenaient espoir. Mais cette illusion de renouveau s’est heurtée à la brutalité d’un ordre parallèle en formation – un ordre numérique, transnational, sans visage ni responsabilité.

Alors que l’attention publique était tournée vers les mouvements de rue, d’autres forces œuvraient dans l’ombre. Les ambitions criminelles internationales s’articulaient autour des outils mêmes censés permettre l’émancipation. Les réseaux sociaux ont cessé d’être des espaces de socialisation ; ils sont devenus des structures de contrôle comportemental et de manipulation psychologique. Le monde n’a pas été transformé par la technologie en elle-même, mais par ceux qui ont su l’exploiter pour dissoudre les mécanismes traditionnels de la vérité, de la légitimité et de la justice.

Ce que l’on a pris pour une révolution était en réalité un écran de fumée. La visibilité accrue des injustices n’a pas généré leur résolution, mais une saturation de la perception. À force d’être confrontés à l’horreur, les citoyens ont perdu leur capacité d’indignation. La vigilance dém

Comment comprendre Ferguson au-delà des images médiatiques : une expérience vécue

En 2014, les manifestations à Ferguson, initiées par la mort de Michael Brown, se sont rapidement transformées en un mouvement durable, incarnant bien plus qu’un simple appel à la justice. Ce mouvement s’inscrit dans une continuité historique de l’impunité policière envers la communauté noire de St. Louis. Il n’y a pas eu de véritable commencement, car la mort de Brown s’inscrit dans un cycle récurrent d’abus et d’injustices systémiques. De même, il n’y a pas de fin tangible, puisque les victimes se succèdent sans que le système ne soit réellement remis en question. À St. Louis, la justice semble n’être qu’une succession d’épisodes douloureux, et l’après-Ferguson est encore très présent, vivant dans la mémoire collective et les réalités quotidiennes.

À l’extérieur de St. Louis, Ferguson est souvent réduit à un symbole de violence et de chaos, déformé par une couverture médiatique sensationnaliste. Pour beaucoup, la ville est une zone de guerre, ce qui masque la nature profonde de ces événements : les protestations à Ferguson ont été les manifestations les plus longues et soutenues pour les droits civiques depuis les années 1960. Elles ont émergé d’un profond désespoir face à un système judiciaire local qui s’est détaché de tout principe de justice, et où la loi n’est plus qu’un outil de maintien d’un ordre inégalitaire. Cette impunité policière, qui ne cesse d’être mise en lumière à travers des administrations successives, était une réalité ancienne et immuable pour les habitants noirs de St. Louis, habitués à un système biaisé et brutal, mais qui ont refusé de s’y soumettre.

Dans un premier temps, l’espoir que la présence de témoins puisse tempérer la répression policière s’est vite évanoui. Sans aucune sanction locale ni répercussion nationale, la police a multiplié les actes d’agression militarisée, transformant la colère légitime en un spectacle d’abus systématiques. Les gaz lacrymogènes, les balles en caoutchouc, les arrestations arbitraires d’élus locaux, de religieux ou de journalistes furent monnaie courante. Le déploiement de la violence a persisté malgré la connaissance par les forces de l’ordre de la présence mondiale de caméras et de témoins. La documentation en direct sur les réseaux sociaux, bien qu’énorme et révélatrice, n’a jamais suffi à freiner la brutalité.

Les médias nationaux ont contribué à déformer l’image des manifestations. Ils ont souvent mis en avant des images de destruction, de violence et d’émeutes, minimisant la portée des protestations pacifiques qui les entouraient. Ce traitement sensationnaliste a rapidement éclipsé la cause initiale, en donnant la parole à des activistes extérieurs à la région, souvent mal informés, qui ont été présentés à tort comme des leaders locaux. Ce manque de connaissance locale a nourri une couverture médiatique à la fois désorientante et offensante, transformant une tragédie humaine en un spectacle pour spectateurs venus de tout le pays, attirés par la symbolique du lieu.

À l’automne 2014, alors que le monde observait un chaos apparent, les habitants de St. Louis vivaient un deuil profond et partagé. La douleur était collective, qu’elle porte sur la stabilité perdue, la communauté fracturée, ou la mort d’un jeune garçon dont la vie fut fauchée par un système qui le désignait d’emblée comme une menace. Cette réalité, difficile à saisir pour ceux qui ne la vivent pas au quotidien, déchirait silencieusement les cœurs et les esprits.

La décision du procureur Bob McCulloch de ne pas inculper Darren Wilson a été un déclencheur prévisible de colère et de désespoir, ravivant des blessures ouvertes. Les réactions violentes, bien que spectaculaires, étaient l’expression d’un sentiment d’injustice profonde et répétée. Durant ces mois, d’autres hommes noirs de St. Louis ont perdu la vie sous les balles policières, renforçant le sentiment que la lutte était loin d’être terminée. Un mouvement né de la douleur continuait d’accumuler des martyrs.

Par ailleurs, la récupération commerciale et médiatique de ce mouvement a provoqué un ressentiment au sein des activistes locaux, éprouvés psychologiquement et économiquement par ces mois de lutte. Le décès de Darren Seals, un militant de Ferguson, illustre tragiquement cette exploitation : dénonçant publiquement le détournement des fonds et de l’attention par des groupes extérieurs, sa mort violente n’a fait qu’ajouter à la confusion médiatique et au cynisme ambiant. Sa disparition a également révélé la vulnérabilité persistante des activistes locaux, dont le combat ne s’arrête pas à la visibilité médiatique.

Enfin, le traumatisme prolongé subi par les habitants et militants de Ferguson ne s’est pas limité aux événements visibles. Les conséquences psychologiques, sociales et sanitaires ont fragilisé la communauté bien au-delà de la couverture médiatique, soulignant l’importance d’un soutien durable et réel. Certains leaders, épuisés et blessés, ont choisi de quitter la région pour tenter de se reconstruire, témoignant de la profondeur des blessures invisibles infligées par ces années de lutte.

Il est essentiel de comprendre que Ferguson n’est pas seulement une histoire ponctuelle, mais un miroir des fractures sociales et raciales persistantes aux États-Unis. Les manifestations et les violences policières ne peuvent être dissociées du contexte historique de discrimination systémique, ni de la résistance quotidienne des populations noires face à un système institutionnel inéquitable. La médiatisation, bien que cruciale pour attirer l’attention, ne doit pas occulter la complexité des expériences vécues ni la douleur des communautés locales.

Les luttes de Ferguson révèlent aussi l’importance de distinguer entre l’instantanéité de l’image et la durée de la souffrance. Derrière chaque manifestation, il y a une histoire profonde de marginalisation, de deuil, de résistance et d’espoir fragile. Comprendre cela, c’est prendre la mesure du défi à relever pour construire une justice véritable, qui ne soit pas qu’un simple slogan ou un épisode médiatique.

Comment les relations d'affaires de Trump avec la Russie ont façonné son ascension politique

La relation entre Donald Trump et la Russie a longtemps été un sujet de spéculations et de controverses. Bien avant de devenir président des États-Unis, Trump entretenait des liens d’affaires avec des acteurs russes, dont certains étaient des figures controversées, ce qui soulève des questions sur la nature de ses relations et sur l'impact potentiel de ces connexions sur sa carrière politique. Ces liens, bien que souvent dissimulés ou minimisés, sont cruciaux pour comprendre non seulement la montée en puissance de Trump, mais aussi les tensions qui ont émergé au cours de son mandat à la Maison Blanche.

Dans les années 2000, Trump a tenté de pénétrer le marché immobilier russe avec l’ambition d’y construire des tours. Les projets ont échoué, mais les tentatives en elles-mêmes témoignent d’une volonté claire de s’implanter en Russie. Le magnat new-yorkais, réputé pour ses ambitions internationales, a tenté de négocier une série de contrats lucratifs, mais, malgré ses efforts, ces tours sont restées dans les cartons. Toutefois, la persistance de ces projets révèle l’importance que Trump attachait à la Russie en tant que marché stratégique. En 2016, alors que Trump entamait sa campagne présidentielle, le projet Trump Tower Moscow est revenu sur le devant de la scène. Ce projet a impliqué des conversations directes avec des alliés de Vladimir Poutine, ce qui a semé le doute sur la nature de ses intentions.

L’un des personnages clés dans cette relation avec la Russie était Felix Sater, un ancien associé de Trump avec des liens solides avec la mafia russe. Sater, dont l’histoire était marquée par des activités criminelles et des liens avec les services de renseignement, a joué un rôle central dans ces transactions. Bien que Trump ait pris ses distances avec Sater à plusieurs reprises, les allégations concernant les liens de Sater avec le Kremlin ont persisté, ajoutant une couche de mystère aux ambitions de Trump en Russie. Ces relations n’étaient pas seulement économiques : elles étaient aussi potentiellement politiques, car certains observateurs ont suggéré que l'accès à des informations sensibles pourrait avoir joué un rôle dans l'ascension de Trump à la présidence.

Les investissements russes dans les propriétés de Trump, notamment dans l’immobilier de luxe à New York et ailleurs, ont également suscité des interrogations. Des achats d'appartements par des acheteurs russes, souvent en espèces, ont été signalés, ce qui a alimenté les spéculations sur la manière dont la fortune de Trump a été façonnée par des intérêts étrangers. La question de l’argent russe a été régulièrement soulevée, notamment à travers les déclarations de son fils aîné, Donald Trump Jr., qui a admis que l'argent russe coulait à flots dans les affaires de la famille Trump.

Cependant, ces relations d'affaires ne se sont pas limitées aux seules transactions immobilières. Le soutien de certains oligarques russes à Trump a été un autre point d'achoppement. Des figures comme Oleg Deripaska, un proche de Poutine, ont été au centre des discussions concernant les sanctions américaines et les tentatives de Trump de lever ces sanctions. Le rôle de ces oligarques dans les affaires de Trump a soulevé des questions non seulement sur l'influence étrangère, mais aussi sur la manière dont ces relations pourraient affecter la politique étrangère des États-Unis, en particulier vis-à-vis de la Russie.

En parallèle, l'enquête sur les ingérences russes dans les élections présidentielles de 2016 a mis en lumière des liens potentiellement compromettants entre l'équipe de campagne de Trump et des entités russes. Les révélations sur les contacts de Jared Kushner, le gendre de Trump, avec des représentants russes ont alimenté les théories selon lesquelles des efforts coordonnés auraient été faits pour influencer le résultat de l’élection en faveur de Trump. Le cas de Kushner, qui a dû rectifier plusieurs fois ses déclarations concernant ses contacts étrangers, ajoute à la complexité de cette toile de relations interconnectées.

Les enquêtes sur ces liens ont également révélé des aspects plus personnels de la politique de Trump. Le magnat de l’immobilier, réputé pour ses méthodes peu orthodoxes et ses alliances parfois controversées, semble avoir cultivé des connexions avec des individus qui, à première vue, semblaient avoir peu à voir avec la politique traditionnelle. Cependant, à travers l’échiquier mondial, ces alliances ont pris un sens plus large, reflétant les stratégies de pouvoir de Trump : l’utilisation des relations internationales pour consolider sa position intérieure.

Il est important de noter que l’impact de ces relations va au-delà des simples affaires. La nature opaque de ces connexions, l’ampleur des investissements étrangers, et les tentatives de Trump pour manipuler les politiques américaines en faveur de ses intérêts personnels ou familiaux, soulignent un aspect fondamental du gouvernement Trump. Les relations avec la Russie, souvent réduites à une question de financement ou d’immobilier, ont des répercussions sur la politique intérieure et extérieure des États-Unis. Les questions soulevées par ces connexions ne concernent pas seulement le passé, mais aussi la manière dont elles peuvent influencer les décisions politiques et les relations internationales dans un avenir proche.

Enfin, il est crucial de se rappeler que ces liens ne sont pas uniquement une question de transactions commerciales. Ils mettent en lumière les vulnérabilités d’un système politique où les frontières entre les intérêts privés et publics peuvent être floues. Le mélange de politique et d’affaires dans le cas de Trump soulève des questions profondes sur la manière dont l’argent et le pouvoir interagissent dans le monde moderne. Le pouvoir d’influence de certains individus et pays va bien au-delà des simples accords économiques, et il est impératif de comprendre ces dynamiques pour saisir pleinement les enjeux de cette époque.