L'énergie potentielle d’un système composé de deux ressorts et d’une charge appliquée peut s’exprimer par la fonction U(θ₁, θ₂) = ½kθ₁² + ½k(θ₂ - θ₁)² + PL(cos θ₁ + cos θ₂), où θ₁ représente la rotation relative du ressort inférieur, et θ₂ - θ₁ celle du ressort intermédiaire. La charge P est multipliée par la hauteur, traduite ici par les cosinus des angles, reflétant la position verticale du point d’application. Cette énergie inclut donc les contributions élastiques des ressorts et la gravité appliquée sur la charge.

L'équilibre statique du système s'obtient en annulant les dérivées partielles de U par rapport à θ₁ et θ₂, donnant un système d'équations non linéaires : 2kθ₁ - kθ₂ - PL sin θ₁ = 0 et -kθ₁ + kθ₂ - PL sin θ₂ = 0. La configuration droite, avec θ₁ = θ₂ = 0, satisfait ces équations, et constitue donc une solution d'équilibre. Pour analyser la stabilité de cette configuration, on étudie la matrice hessienne A des dérivées secondes de U, qui s’écrit ici comme une matrice 2x2 symétrique dépendant des paramètres k, P, L et des angles.

La stabilité locale dépend du signe des valeurs propres (autovalues) de A. Calculer les racines caractéristiques mène à une équation quadratique dont la plus petite racine, traduite dans le cadre physique, définit une charge critique P_cr = (0.3820 k) / L. Cette charge représente le seuil où la configuration droite cesse d’être stable et où le système bascule vers une configuration déformée, phénomène appelé flambement. Au-delà de P_cr, la charge provoque une instabilité dynamique et géométrique, même si le système reste en équilibre statique.

Cette étude discrète éclaire le comportement de systèmes continus, tels que les poutres soumises à des charges axiales importantes. La théorie classique des poutres, développée dans les chapitres antérieurs, repose sur des hypothèses linéaires valables pour des déformations faibles et des charges transversales modérées. Toutefois, pour examiner le flambement, il est impératif d’employer une approche non linéaire, dite de second ordre, qui conserve certains termes quadratiques en rotation et en déplacement tout en négligeant des effets moins influents.

Ainsi, les relations cinématiques s’expriment approximativement par w′ = -θ, κ = -w′′, et u′ = -½(w′)², où w désigne le déplacement transversal, u le déplacement axial, θ la rotation et κ la courbure. L’effet essentiel réside dans la non-linéarité du raccourcissement axial u′, négligée en théorie linéaire mais cruciale ici, car elle traduit la perte de longueur géométrique effective due à la flexion. Cette non-linéarité alimente la répartition des contraintes et influe sur la stabilité.

Le moment fléchissant M reste proportionnel à la courbure, M = -EI w′′, selon la loi de comportement linéaire élastique, EI représentant la rigidité en flexion. L’équilibre des moments s’écrit M′ - P w′ = 0, exprimant la compensation entre la variation du moment et la charge axiale projetée sur le déplacement transversal.

La résolution analytique conduit à une équation différentielle ordinaire d’ordre quatre, EI w⁽⁴⁾ + P w′′ = 0. Les solutions caractéristiques sont trigonométriques, impliquant un paramètre λ = √(P / EI). Ces solutions s’assemblent en une combinaison linéaire décrivant les déformations possibles de la poutre.

Dans le cas d’une poutre encastrée à une extrémité et appuyée librement à l’autre, la charge critique correspond à la première valeur de P pour laquelle une solution non triviale satisfait les conditions aux limites, traduisant le début du flambement. La connaissance précise des conditions de support, des rigidités, ainsi que des déformations non linéaires, est donc indispensable pour évaluer cette stabilité.

Il est important de comprendre que l'approche linéaire classique, qui analyse l’équilibre autour de la configuration non déformée, ne permet pas d’appréhender correctement la stabilité face au flambement. Seule l’incorporation des effets non linéaires géométriques, notamment la réduction effective de la longueur axiale due à la flexion, permet d’établir le seuil critique et d’anticiper la transition vers des formes déformées.

Le rôle des charges axiales est double : elles ne modifient pas la longueur totale de la poutre (ε₀ ≈ 0), mais elles influencent la distribution des contraintes internes via l’effet de flambement. Cette interaction entre rigidité élastique et charge critique définit la sécurité structurelle et conditionne la conception en génie civil, mécanique ou aéronautique.

Au-delà de cette analyse, la stabilité dépend aussi de facteurs supplémentaires non traités ici, comme les imperfections initiales, les effets dynamiques, ou les matériaux non linéaires. La prise en compte de ces aspects complétera la compréhension du comportement réel des structures soumises à des charges critiques.

Comment représenter et analyser les forces distribuées et les moments en statique ?

Lorsqu’on considère un disque soumis à son propre poids réparti sur sa surface, il est possible de représenter cette charge distribuée par une force concentrée agissant au centre du disque. Cette simplification s’appuie sur le calcul du moment créé par la force répartie, qui est équivalent à celui produit par une force unique localisée en un point précis, généralement le centre de gravité de la surface. Cependant, dans cette démarche, il est important de conserver la notion de charge répartie, car chaque élément contribue différemment à la force totale. Cela évite d’oublier que la position d’application des forces influence le comportement mécanique de la structure.

En statique, la notion de résultante permet souvent de remplacer des actions réparties par un effort concentré équivalent. Pour cela, il faut connaître l’intensité totale de la charge et la position de son centre d’application, ce qui nécessite des calculs parfois complexes. C’est pourquoi, dans de nombreux cas, on préfère travailler directement avec les forces réparties, surtout lorsqu’elles varient de manière non triviale.

Une autre notion fondamentale est celle du couple, qui se compose de deux forces égales en grandeur mais opposées en direction, séparées par une certaine distance. Le couple engendre un moment, c’est-à-dire une tendance à faire tourner un corps, sans provoquer de force résultante nette. Ce moment peut être représenté comme une force unique appliquée à une certaine distance, mais surtout, ce moment ne dépend pas du point de référence choisi, ce qui le rend indépendant de la localisation de la résultante. Cette propriété simplifie considérablement l’analyse des systèmes en équilibre, puisque les couples peuvent être intégrés directement

Comment la variation de la section transversale influence-t-elle la réponse mécanique d’une barre axiale ?

Dans l’étude des barres axiales non prismatiques, la rigidité effective devient une fonction variable le long de l’axe, modifiée par la section transversale changeante. Deux catégories principales de problèmes se présentent : d’une part, la variation continue de la rigidité effective, et d’autre part, la présence de segments prismatiques avec des changements brusques de section entre eux. Ces deux cas illustrent la complexité introduite par la non-uniformité géométrique dans la résolution des problèmes mécaniques.

Considérons un exemple où la section transversale varie linéairement selon la position, passant de A0A_0 à 2A02A_0 sur la longueur LL. Cette variation conduit à une rigidité effective (EA)(EA) fonction de la position xx. Les équations d’équilibre ne sont pas modifiées par cette variation, mais l’intégration pour obtenir le déplacement devient plus complexe, nécessitant un changement de variable pour résoudre l’intégrale dépendante de la section variable. L’application des conditions aux limites permet de déterminer les constantes d’intégration ainsi que les réactions aux appuis. Il en résulte des forces de réaction différentes de celles obtenues pour une barre prismatique homogène : la partie plus épaisse attire une plus grande fraction de la charge appliquée, ce qui illustre clairement l’influence de la répartition matérielle.

La force axiale interne reste une fonction semblable à celle du cas prismatique, mais avec un décalage constant, tandis que le déplacement est sensiblement affecté par la variation de la section, la partie la plus fine subissant un déplacement plus important. Cette asymétrie induite par la géométrie variable révèle que même si la force interne conserve une forme comparable, la déformation globale de la barre se complexifie.

Un autre exemple approfondit cette analyse en traitant une barre à section variable par segments, avec une charge ponctuelle appliquée à un tiers de la longueur et un changement brusque de section à deux tiers. Ici, la discontinuité de la section entraîne une discontinuité de la déformation (la dérivée du déplacement), tandis que la force axiale présente une rupture due à la charge ponctuelle. Pour résoudre ce problème, la barre est découpée en segments avec des fonctions définies par morceaux, chacune caractérisée par ses propres équations d’équilibre, ses constantes d’intégration et ses conditions aux limites.

Les équations d’équilibre montrent que la discontinuité de la section n’affecte pas directement la force interne, ce qui reste constante dans chaque segment en l’absence de forces additionnelles. Le problème est statiquement indéterminé, nécessitant la détermination des réactions par les conditions aux limites sur les déplacements. La continuité du déplacement impose des contraintes supplémentaires reliant les constantes d’intégration de chaque segment, même si les dérivées peuvent être discontinues à l’interface des segments. Ce traitement par morceaux est essentiel pour modéliser correctement le comportement mécanique d’une barre non uniforme soumise à des charges ponctuelles et à des variations géométriques abruptes.

Il est crucial de comprendre que la variation locale de la section influence non seulement les valeurs numériques des réactions et des déplacements, mais modifie aussi la nature même des fonctions décrivant l’état mécanique de la barre. Ces phénomènes soulignent la nécessité d’adopter des méthodes analytiques ou numériques adaptées aux discontinuités et aux variations continues, au-delà des approches classiques utilisées pour les barres prismatiques uniformes.

Au-delà des calculs et des équations, il est fondamental pour le lecteur de saisir que la distribution matérielle et géométrique conditionne profondément la répartition des efforts et la déformation. La rigidité locale influe sur la manière dont la barre « attire » ou « redistribue » les charges, ce qui peut avoir des conséquences majeures en ingénierie structurelle, où une conception inadéquate des sections variables peut entraîner des surcharges locales, des déformations excessives ou même des ruptures prématurées. La modélisation par segments ou la prise en compte des variations continues de section sont donc des outils indispensables pour une analyse précise et fiable, en particulier dans le cadre d’applications où la forme de la barre est dictée par des contraintes fonctionnelles, esthétiques ou économiques.

Comment un arbre réagit-il à la torsion appliquée sur son axe ?

La torsion est un phénomène mécanique qui apparaît lorsqu'un solide subit une action de couple ou de moment de torsion autour de son propre axe longitudinal. Contrairement à la flexion, la torsion ne provoque ni allongement ni raccourcissement de la pièce, mais une rotation relative des sections transversales. On peut la comparer au geste de dévisser un couvercle ou de tordre un tissu mouillé : une extrémité reste fixe tandis que l’autre tourne, générant une déformation en torsion.

Dans le cas d’un arbre circulaire soumis à des torques appliqués à ses extrémités, chaque section transversale tourne autour de l’axe principal, mais ne se déforme pas dans son propre plan. Cela constitue l’hypothèse cinématique fondamentale de la torsion des barres circulaires. Cette hypothèse, rigoureusement exacte pour les barres de section circulaire pleine ou creuse, permet une modélisation précise. Elle ne reste toutefois qu'approximative pour les sections non circulaires, où un phénomène de gauchissement des sections entre en jeu.

L’élément fondamental du comportement en torsion est l’angle de torsion, désigné ϕ(x), qui représente la rotation d’une section située à la position x le long de l’axe. Lorsqu’un élément de la barre est soumis à une variation de cet angle entre deux points infiniment proches, une déformation en cisaillement est induite. Ce cisaillement, noté γ(x), est proportionnel au rayon r et à la dérivée première de l’angle ϕ(x) par rapport à la position x, ce qui s’exprime par la relation :

γ(x) = r · dϕ(x)/dx

Ce lien direct entre la cinématique de la rotation et la déformation matérielle est fondamental : il révèle que la déformation est nulle sur l’axe central et croît linéairement jusqu’à atteindre un maximum à la périphérie de la section. La contrainte de cisaillement τ(r), qui en découle, suit une distribution similaire.

Pour quantifier l’effet mécanique global de la torsion, on considère le moment résultant – ou couple – induit par les contraintes de cisaillement sur une section. À chaque rayon r de la section, une traction tangentielle τ(r) agit sur un élément de surface dA. L’intégration de l’ensemble de ces tractions pondérées par leur bras de levier r donne le couple total transmis par la section :

T = ∫_A r · τ(r) · dA

Cette expression traduit la contribution de chaque élément différentiel à la résistance globale de la section à la torsion. Il est crucial de noter que, bien que des tractions internes agissent dans toutes les directions tangentielles, elles sont équilibrées deux à deux en tout point opposé du cercle : le couple total est non nul, mais la résultante de force est nulle.

Le régime de torsion pure, ainsi décrit, exclut tout effet de traction normale. Chaque point du matériau est uniquement soumis à une contrainte de cisaillement. Cette situation est particulièrement avantageuse pour l’analyse, car elle permet d’isoler un seul type d’effort et de prédire avec exactitude les contraintes internes à partir des seuls paramètres géométriques et des conditions aux limites.

Cependant, cette simplicité théorique repose sur une hypothèse de circularité parfaite. Dans la pratique, de nombreuses structures techniques ou architecturales présentent des sections non circulaires, pour lesquelles le gauchissement devient significatif et où les distributions de contraintes ne sont plus linéaires ni pures. La théorie exacte de la torsion doit alors être adaptée ou complétée par des approches numériques ou expérimentales.

Il est également essentiel de prendre en compte la variation possible du moment de torsion le long de la barre. Un couple appliqué ponctuellement ou une section variable modifie la distribution de ϕ(x), ce qui affecte directement la répartition des contraintes. Dans ce cas, l’analyse nécessite une modélisation locale et précise du comportement en chaque point.

Comprendre la torsion n’est donc pas simplement interpréter un mouvement de rotation : c’est établir un lien entre cette cinématique macroscopique et les réponses internes du matériau. Le concept de torsion devient un outil fondamental pour la conception des arbres de transmission, des composants mécaniques soumis à rotation ou des éléments structurels résistant à des actions asymétriques.