La décomposition d'une mesure de probabilité en une somme de deux composantes, , où est singulière par rapport à et est absolument continue, nous permet de définir une fonction par . Il est facile de constater que cette fonction est affine sur , et donc induit une relation de préférence sur , laquelle respecte les axiomes d'Archimède et d'indépendance. Toutefois, il est important de noter que cette relation de préférence ne peut pas avoir de représentation de von Neumann-Morgenstern. En effet, puisque pour tout , le seul choix possible pour dans l'équation de représentation serait . Cela rend la relation de préférence triviale, ce qui signifie que pour toute mesure , nous avons , une situation contradictoire si, par exemple, et .
Une manière d’obtenir une représentation de von Neumann-Morgenstern est d’assumer des propriétés supplémentaires de continuité sur , où la continuité est entendue dans le sens de la Définition 2.8. Comme cela a été souligné précédemment, l’axiome d’Archimède est automatiquement satisfait si la prise de combinaisons convexes est continue par rapport à la topologie sur . C’est le cas pour la topologie faible sur l’ensemble des mesures de probabilité sur un espace métrique séparable , muni de la -algbra des ensembles de Borel. Nous considérerons l’espace comme étant fixé et écrirons simplement pour le reste de cette section.
Le théorème 2.27 établit qu’en supposant que est une relation de préférence continue sur qui satisfait l’axiome d’indépendance, il existe une représentation de von Neumann-Morgenstern sous la forme , où la fonction est bornée et continue. De plus, et sont uniques à une transformation affine positive près.
La démonstration repose sur le fait que si est continue, alors l'axiome d'Archimède est satisfait, ce qui permet d’appliquer le Corollaire 2.22 pour que la relation de préférence restreinte à , l’ensemble des distributions de probabilité simples sur , possède une représentation de von Neumann-Morgenstern. Cela nous amène à considérer des fonctions bornées. Par exemple, si n’est pas bornée, alors il existe une séquence dans telle que et . Cette situation conduit à une contradiction avec la continuité de . Si, en revanche, est continue, cela permet à la fonction de définir une représentation numérique de sur l’ensemble , et devient continue par rapport à la topologie faible sur .
Cependant, la portée du théorème précédent est limitée dans la mesure où il implique des fonctions bornées. Cette condition n’est pas suffisamment flexible pour couvrir tous les cas pratiques. Par exemple, lorsqu'on considère des préférences averses au risque définies en termes de fonctions concaves sur , ces fonctions ne peuvent pas être bornées, sauf si elles sont constantes. Cela nous pousse à relâcher certaines hypothèses du théorème précédent.
Dans un premier approche, nous fixons un point et notons par la boule métrique fermée de rayon autour de . L’espace des mesures à support borné sur est donné par , soit l'ensemble des mesures telles que pour un certain . Cette définition ne dépend pas du choix particulier de . Le Corollaire 2.28 affirme que si est une relation de préférence sur , dont la restriction à chaque sous-espace est continue par rapport à la topologie faible, alors il existe une représentation de von Neumann-Morgenstern avec une fonction continue. De plus, et sont uniques à une transformation affine près.
Dans une deuxième approche, nous incluons des mesures ayant un support non borné, mais sous des hypothèses de continuité plus fortes. Pour ce faire, nous utilisons une fonction continue à valeurs dans sur l’espace métrique séparé . Nous définissons l’espace comme l’ensemble des mesures telles que . Une topologie sur est définie de manière similaire à la topologie faible, mais en prenant en compte des fonctions continues bornées par , ce qui nous permet d’étudier des représentations de von Neumann-Morgenstern pour des fonctions non bornées.
Le théorème 2.29 étend ainsi la représentation de von Neumann-Morgenstern à un cadre où est une fonction non bornée. Il affirme que si est une relation de préférence continue dans cette topologie -faible et satisfait l’axiome d’indépendance, alors il existe une représentation numérique de von Neumann-Morgenstern sous la forme avec une fonction . Encore une fois, et sont uniques à une transformation affine près.
Enfin, bien que la théorie classique de l’utilité espérée, basée sur l’axiome d’indépendance et l’axiome d’Archimède, soit une approche rigoureuse, elle ne reflète pas toujours la réalité des comportements humains. Par exemple, le paradoxe d’Allais, qui met en question l’aspect descriptif de l’utilité espérée, montre que les individus peuvent ne pas se comporter selon ce modèle, même lorsqu’une loterie a une valeur attendue plus élevée qu’une autre. Ce paradoxe illustre ainsi les limites du cadre théorique et la nécessité de considérer des modèles alternatifs pour mieux comprendre les préférences et les choix réels des individus.
Comment la topologie ψ-faible et la topologie relative se rejoignent dans l'embeddding d'espaces topologiques
Nous examinons la relation entre la topologie relative de l'inclusion et la topologie ψ-faible dans le contexte des espaces de mesures et de leurs propriétés.
Soit un espace topologique, et considérons un ensemble de fonctions définies sur un espace , où est souvent un espace polonais. Nous nous intéressons particulièrement aux mesures et à la manière dont elles sont intégrées avec des fonctions de à travers des intégrales, formant ainsi une base pour la topologie . Cette base est constituée d'ensembles de la forme :
avec , , et . Cette construction permet de définir une topologie , et la question de savoir si cette topologie coïncide avec la topologie ψ-faible, plus fine, sur un sous-ensemble des mesures de probabilité.
La démonstration repose sur le fait que, pour chaque point , il existe un voisinage , et que est un voisinage ouvert de dans la topologie ψ-faible. Cela montre que les ensembles ouverts dans la topologie relative sont également ouverts dans la topologie ψ-faible et vice versa, ce qui conclut l'égalité des topologies.
Une conséquence importante de cette coïncidence est que l'ensemble des mesures de probabilité normalisées sur est fermé dans , car il est défini par une intersection de sous-espaces fermés dans . De plus, si désigne le produit avec la topologie produit, l'espace devient un espace vectoriel topologique localement convexe, et chaque fonctionnelle linéaire continue sur peut être exprimée sous la forme :
pour des fonctions . Cela illustre le rôle central des intégrales avec des fonctions de dans la définition et la structure des espaces de mesures.
Dans un contexte plus général, le théorème de séparation de Hahn-Banach peut être appliqué dans ce cadre, ce qui permet de caractériser des sous-espaces fermés et convexes dans les espaces produits , en montrant par exemple que les ensembles convexes fermés de type dans peuvent être décrits par des projections sur .
Il est aussi important de comprendre que cette théorie a des implications profondes pour la géométrie des espaces de mesures. Par exemple, dans des contextes plus complexes comme les mesures sur , la dominance stochastique dans l'ordre concave croissant peut être caractérisée de manière similaire à travers des intégrales et des projections, avec des applications à l'ordre stochastique de deuxième type. Les résultats s'étendent aux espaces multidimensionnels, où des fonctions concaves croissantes peuvent servir à exprimer des relations entre les mesures.
Un point essentiel à retenir est que ces constructions ne se limitent pas à des dimensions spécifiques ou à des espaces de probabilité simples. Les outils comme les topologies ψ-faibles et les projections jouent un rôle crucial dans l’analyse de la convergence de suites de mesures et dans la construction de modèles probabilistes en dimension quelconque. Ces théories sont à la base de nombreuses applications en économie, statistique, et théorie des probabilités, où la stabilité des distributions marginales et les relations entre elles sont essentielles pour les modèles de décisions et d'incertitude.
Comment optimiser l'utilité espérée dans des modèles financiers sous contraintes de dominance stochastique
L'optimisation de l'utilité espérée est un concept fondamental dans la théorie financière moderne, particulièrement dans les modèles où l'incertitude joue un rôle majeur. Dans le cadre d'un portefeuille d'actifs, on cherche à déterminer un profil d'investissement qui maximise l'utilité espérée d'un investisseur. Le modèle de base repose sur une fonction d'utilité, souvent choisie pour refléter les préférences de l'investisseur face au risque. L'idée est d'optimiser cette fonction sous diverses contraintes et formes de dominance stochastique, en tenant compte des caractéristiques spécifiques des actifs.
Prenons une fonction d'utilité qui représente la satisfaction d'un investisseur en fonction de son portefeuille . Si est une solution optimale, cela signifie que la fonction d'utilité est maximisée pour ce portefeuille parmi tous les portefeuilles appartenant à un certain ensemble , c'est-à-dire pour tout . Un tel portefeuille est optimal en termes d'utilité espérée, sous l'hypothèse que les préférences de l'investisseur sont décrites par une fonction d'utilité bien définie. L'optimisation de l'utilité implique aussi souvent une maximisation sous des contraintes supplémentaires, telles que celles relatives à la dominance stochastique.
Lorsqu'un portefeuille est soumis à une mesure de probabilité , il est nécessaire d'analyser l'espérance de l'utilité par rapport à des mesures de risque neutres ou minimisant l'entropie, comme dans le cas de . Pour une fonction d'utilité exponentielle , le problème peut se modéliser avec une fonction , qui décrit l'investissement optimal en fonction de certains paramètres, comme , et dont les propriétés sont étudiées à l'aide de la convergence dominée.
Ce même cadre théorique s'étend aux fonctions d'utilité HARA (Hyperbolic Absolute Risk Aversion), qui sont couramment utilisées dans les applications pratiques. Si , alors on observe que le profil optimal peut être obtenu de manière similaire en prenant en compte la distribution des actifs sous la mesure . L'utilité maximale dépendra alors de l'espérance de la fonction d'utilité et du comportement de la fonction dans des contextes spécifiques.
Un cas particulier se présente lorsque l'on intègre des préférences aléatoires ou dépendantes de l'état dans le modèle. Dans ce cadre, les préférences de l'investisseur ne sont plus fixes mais varient selon l'état de la nature , ce qui introduit une incertitude supplémentaire dans l'optimisation. Par exemple, si la fonction d'utilité dépend de l'état, il faut adapter le modèle pour prendre en compte cette variabilité, ce qui peut entraîner des profils d'investissement optimaux différents en fonction de chaque scénario possible.
L'extension de ce modèle vers la dominance stochastique implique de considérer des positions financières sous des contraintes supplémentaires, comme la dominance stochastique de second ordre (≽icv). Ce type de dominance impose qu'un actif soit au moins aussi attractif qu'un autre en termes d'utilité, c'est-à-dire que pour tout , . Cette relation, qui est une forme d'ordre partiel, peut être utilisée pour établir des stratégies d'investissement plus robustes, notamment dans les modèles de portefeuille où le but est de minimiser les coûts tout en respectant ces contraintes de dominance.
Dans un tel cadre, l'optimisation sous contrainte de dominance stochastique revient à chercher un portefeuille qui minimise son coût tout en satisfaisant les conditions d'attractivité par rapport à un portefeuille de référence . Un des résultats importants de ce type de modélisation est que la minimisation du coût dans le cadre de la dominance stochastique peut être réalisée en cherchant des quantiles qui respectent les propriétés de la fonction de distribution cumulée de et de . Cette approche permet de caractériser le portefeuille optimal et d'explorer de nouvelles stratégies d'investissement basées sur la notion de risque et de rentabilité relative.
Les travaux sur ce sujet montrent aussi que l'optimisation de l'utilité espérée peut, dans certains cas, conduire à une demande pour des produits dérivés complexes, tels que des options sur paniers d'actifs, ce qui permet de mieux gérer les risques associés à l'incertitude des marchés financiers. Ainsi, la recherche sur les profils optimaux sous contraintes de dominance stochastique ouvre la voie à des stratégies plus fines et adaptées à des préférences d'investisseurs divers, tout en mettant en lumière l'importance de la gestion des risques dans la construction de portefeuilles.
En conclusion, l'optimisation de l'utilité dans un environnement incertain, avec des préférences stochastiques et sous des contraintes de dominance, nécessite une approche approfondie et souvent théorique pour modéliser et résoudre les problèmes financiers. Cela implique non seulement de comprendre les fonctions d'utilité et les distributions des actifs, mais aussi de savoir comment gérer les risques de manière optimale pour atteindre l'objectif d'utilité maximale.

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