Supposons que (1)annz1annz2annzs(1)(1) \neq \text{ann} \, z_1 \supseteq \text{ann} \, z_2 \supseteq \cdots \supseteq \text{ann} \, z_s \neq (1), et que (0)annw1annw2annwt(0)(0) \neq \text{ann} \, w_1 \supseteq \text{ann} \, w_2 \supseteq \cdots \supseteq \text{ann} \, w_t \neq (0). Dans ce cas, on peut conclure que s=ts = t et que annzi=annwi\text{ann} \, z_i = \text{ann} \, w_i pour tout ii. Cette observation est cruciale dans le cadre des décompositions primaires des modules sur un PID.

Lorsqu’une décomposition primaire est donnée, et que les idéaux d’annulation des éléments ziz_i et wiw_i sont définis, il devient possible d'établir une correspondance entre les facteurs invariants et les diviseurs élémentaires du module. En effet, dans un module MM fini et généré sur un PID, les idéaux de facteurs invariants sont les idéaux d’ordre qui apparaissent dans le théorème de décomposition primaire, et les diviseurs élémentaires correspondent aux idéaux d’ordre dans la décomposition primaire ordonnée. Ces deux types d’idéaux jouent un rôle fondamental dans l’analyse structurelle des modules.

Prenons un exemple pratique pour mieux comprendre : considérons M=Z12Z20Z2M = \mathbb{Z}_{12} \oplus \mathbb{Z}_{20} \oplus \mathbb{Z}_2 comme un module sur Z\mathbb{Z}. Le sous-module de torsion de MM, noté tor(M)\text{tor}(M), est Z12Z20\mathbb{Z}_{12} \oplus \mathbb{Z}_{20}, et le rang libre de MM est de 2. En appliquant le théorème chinois des restes (CRT), on peut exprimer le sous-module de torsion de MM sous forme directe d’un module libre sur Z\mathbb{Z}. En décomposant à l’aide du CRT, on obtient que les diviseurs élémentaires de MM sont 4, 4, 3, et 60, tandis que les facteurs invariants de MM sont 4 et 60.

Un autre exemple, avec M=Z2Z8Z9Z27Z81Z125M = \mathbb{Z}_2 \oplus \mathbb{Z}_8 \oplus \mathbb{Z}_9 \oplus \mathbb{Z}_{27} \oplus \mathbb{Z}_{81} \oplus \mathbb{Z}_{125}, illustre l’application du CRT pour obtenir les facteurs invariants de MM, qui se révèlent être 9, 2272 \cdot 27, et 8811258 \cdot 81 \cdot 125. Cette décomposition unique correspond à une application des principes du théorème de décomposition primaire.

Dans un autre contexte, si l’on considère le module MM sur un anneau D=R[λ]D = R[\lambda], où RR est un corps, et où MM est une somme directe de modules cycliques, chaque idéal d’ordre est généré par des polynômes de degrés spécifiques, comme (λ1)3(\lambda - 1)^3, (λ1)(λ2+1)4(\lambda - 1)(\lambda^2 + 1)^4, et ainsi de suite. En appliquant à nouveau le CRT, on peut déterminer les diviseurs élémentaires de MM et en déduire les facteurs invariants. Il est important de noter que dans ce cas, les facteurs invariants et les diviseurs élémentaires sont indépendants du corps RR, ce qui est démontré par la version complexe de cet exemple, où DD est changé en C[λ]C[\lambda].

Le théorème de l'invariance joue un rôle clé en prouvant que les facteurs invariants d’un module fini généré sur un PID sont uniques, et leur décomposition est indépendante de la décomposition choisie. En d'autres termes, deux modules finis générés sur un PID sont isomorphes si et seulement si ils ont le même rang libre et les mêmes idéaux de facteurs invariants, ou les mêmes idéaux de diviseurs élémentaires. Cela peut être vu comme une généralisation des théorèmes classiques sur les groupes abéliens finis.

Il est également important de comprendre que cette approche se généralise à tout module fini sur un anneau principal intégral différentiel (PID). Les modules finis sur un PID sont en effet des objets qui peuvent être décomposés en une somme directe de sous-modules, et cette décomposition peut toujours être exprimée de manière unique en termes de diviseurs élémentaires ou de facteurs invariants, ce qui permet de résoudre des problèmes complexes de classification des modules, notamment dans le cadre des groupes abéliens finis.

La compréhension de ces théorèmes ouvre également la voie à des applications dans des domaines variés, comme la théorie des nombres, où des résultats similaires peuvent être appliqués à la structure des groupes abéliens finis et à leurs décompositions en facteurs premiers. Il est également essentiel de remarquer que les invariants dans ces décompositions sont uniques et permettent de caractériser complètement la structure d’un module, ce qui est un point crucial pour l’étude des groupes abéliens et des modules finis générés.

Qu'est-ce que la forme canonique rationnelle et comment elle structure les modules ?

La forme canonique rationnelle est une notion centrale en algèbre linéaire, en particulier dans l'étude des endomorphismes linéaires sur des espaces vectoriels de dimension finie. Elle permet de décrire la structure d'un espace vectoriel comme un module sur un anneau de polynômes, en particulier sur l'anneau F[λ]F[\lambda], où FF est un corps.

Considérons un endomorphisme linéaire T:VVT : V \to V agissant sur un espace vectoriel VV de dimension finie. En associant à cet endomorphisme une matrice AA dans Mn(F)M_n(F), où nn est la dimension de VV, on peut obtenir des informations profondes sur la structure de VV à travers les propriétés du polynôme caractéristique de AA et du polynôme minimal de TT.

La décomposition en sous-espaces invariants

L'un des aspects clés dans l'analyse de la structure d'un endomorphisme linéaire est la décomposition de l'espace VV en sous-espaces invariants par TT. Un sous-espace WW de VV est dit invariant sous TT si T(W)WT(W) \subseteq W. Dans ce cas, la restriction de TT à WW est un endomorphisme de WW. En décomposant VV en une somme directe de ces sous-espaces invariants, il devient plus facile d'analyser les propriétés de TT, car l'action de TT sur chaque sous-espace invariant peut être décrite par une matrice plus simple.

Un des résultats importants est que chaque sous-espace invariant de VV est aussi un sous-module de F[λ]F[\lambda], le module associé à TT. Cela découle du fait que si WW est invariant sous TT, alors T(w)=λwT(w) = \lambda w pour tout vecteur wWw \in W, ce qui signifie que WW est un sous-espace F[λ]F[\lambda]-module.

Forme canonique rationnelle et module cyclique

Une partie essentielle de l'analyse consiste à comprendre les modules cycliques. Un module F[λ]F[\lambda]-cyclique est un module engendré par un seul élément zz, et sa structure dépend du polynôme minimal associé à l'endomorphisme TT. Si ann(z)=d(λ)ann(z) = d(\lambda), où d(λ)d(\lambda) est le polynôme minimal de TT, alors le module F[λ]zF[\lambda]z est une somme directe de puissances successives de λ\lambda, avec les relations imposées par d(λ)d(\lambda).

Ainsi, la structure de l'espace VV peut être vue comme une somme directe de ces modules cycliques, ce qui permet de mieux comprendre l'action de TT. Chaque module cyclique est associé à une matrice appelée matrice compagnon du polynôme minimal d(λ)d(\lambda), qui joue un rôle central dans la représentation de TT.

La forme canonique rationnelle d'un endomorphisme

La forme canonique rationnelle d'un endomorphisme linéaire est obtenue à partir de la décomposition de l'espace en sous-espaces invariants et en modules cycliques associés. La matrice représentant TT dans une base appropriée peut être mise sous une forme qui révèle la structure de l'espace comme un module sur F[λ]F[\lambda]. En effet, la matrice compagnon du polynôme minimal d(λ)d(\lambda) fournit une description compacte et efficace de l'action de TT sur VV.

Le théorème de Cayley-Hamilton, qui stipule que le polynôme minimal divise le polynôme caractéristique, est crucial pour comprendre les relations entre les polynômes caractéristiques et minimaux dans ce contexte. En particulier, il montre que le polynôme minimal est toujours un diviseur du polynôme caractéristique, et que les deux partagent les mêmes facteurs premiers.

Conclusion

La forme canonique rationnelle est un outil puissant pour comprendre la structure des espaces vectoriels et des endomorphismes linéaires. Elle permet de simplifier l'étude de ces objets en décomposant l'espace en sous-espaces invariants, chacun étant associé à un module cyclique. En analysant la matrice compagnon associée à chaque module cyclique, on obtient une description claire de l'action de l'endomorphisme sur l'espace.

Il est essentiel de noter que cette analyse ne dépend pas du choix de la base, mais seulement de la structure de l'endomorphisme. La capacité à décomposer un espace vectoriel en sous-espaces invariants et à utiliser les matrices compagnons pour chaque composant permet de comprendre l'endomorphisme de manière plus simple et plus intuitive. La forme canonique rationnelle offre ainsi un cadre pour l'étude des modules et des endomorphismes linéaires sur des espaces vectoriels de dimension finie.