Le changement climatique, phénomène mondial dont les conséquences risquent d’être désastreuses pour la planète, en est un exemple frappant de la nécessité d'une approche scientifique rigoureuse pour comprendre et agir face aux menaces globales (Hopf et al. 2019). La pandémie de Covid-19, quant à elle, représente un autre cas où une crise sanitaire a révélé l'importance des données scientifiques dans la gestion de la santé publique. En effet, dans une époque où la "post-vérité" semble dominer, la science et ses experts sont régulièrement remis en question, et l'opinion publique se divise, parfois selon des lignes religieuses ou politiques. Cependant, sans les connaissances nécessaires pour évaluer de manière autonome les preuves scientifiques, nous risquons d’éroder la confiance dans la science et dans la prise de décision basée sur des preuves fiables.
Pourquoi devons-nous faire confiance aux preuves scientifiques ? Depuis son introduction par Francis Bacon au XVIIe siècle, la méthode scientifique a évolué, mais elle reste guidée par l'observation objective, l'évaluation de la reproductibilité des résultats et une autocritique rigoureuse. Avant de publier leurs recherches dans des revues scientifiques, les chercheurs soumettent leurs travaux à une revue par les pairs, un processus de validation au sein de la communauté scientifique. Si une théorie est infirmée, elle sera remplacée par une nouvelle plus conforme aux connaissances actuelles (Hopf et al. 2019). Récemment, Naomi Oreskes, historienne des sciences, a affirmé que ce n’est pas tant la méthode scientifique elle-même qui rend la science digne de confiance, mais bien le "caractère social" de la science. En effet, toutes les affirmations scientifiques sont soumises à un examen minutieux, et ce n’est que celles qui passent cette évaluation rigoureuse que nous pouvons considérer comme des connaissances scientifiques fiables. L'autorité scientifique n'est donc pas fondée sur un individu mais sur la sagesse collective de la communauté scientifique (Oreskes 2019).
Les scientifiques et les membres de la communauté scientifique ont joué un rôle crucial dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. La recherche a permis une mobilisation rapide des ressources et une coopération internationale sans précédent. En l’espace de quelques mois, des progrès considérables ont été réalisés : identification du virus, élucidation de sa structure, tests de traitements et développement de vaccins. Dès janvier 2020, le premier article scientifique sur le Covid-19 a été publié, et depuis, la littérature scientifique sur le sujet a explosé, atteignant plus de 23 000 publications, un nombre qui double tous les 20 jours selon certaines estimations (Brainard 2020).
Cette accumulation rapide de connaissances, combinée à l'évolution des conseils en matière de santé publique, montre que la science est un processus en constante évolution. Comme le soulignent Hopf et al. (2019), "le caractère provisoire de la science n’est pas une faiblesse, mais l’une des raisons principales de sa force". Les scientifiques ne se contentent pas de répondre aux crises sanitaires immédiates : ils participent également à la lutte contre l'infodémie, cette propagation de fausses informations qui a accompagné la pandémie. Par exemple, des chercheurs à l'Université de Californie du Sud ont analysé plus de 120 millions de tweets relatifs au Covid-19, tandis qu'une équipe en Italie a suivi plus de 4,7 millions de tweets par jour pour en évaluer le contenu et leur fiabilité (Ball et Maxmen 2020). Une nouvelle agenda de recherche, axée sur la "science de la communication scientifique", est également nécessaire pour mieux comprendre l'efficacité des mesures prises par les plateformes de réseaux sociaux et les autorités sanitaires pour lutter contre la désinformation.
Mais la tâche ne s'arrête pas à la production de connaissances : la communication de ces découvertes est tout aussi essentielle. Expliquer non seulement ce que l’on sait, mais aussi comment on en est arrivé à ces conclusions, est crucial pour instaurer la confiance du public. Cependant, expliquer la science est complexe, et une mauvaise communication peut entraîner la propagation de désinformation. Un exemple marquant est celui d'un journal allemand qui a rapporté une étude non encore soumise à un examen scientifique rigoureux, ce qui a conduit à un changement de politique (Lahrtz et Serrao 2020). La nécessité d'une couverture scientifique précise est d'autant plus urgente à une époque où les journalistes spécialisés en science sont de plus en plus rares (Scheufele et Krause 2019). Ce phénomène a contribué à une tendance dangereuse : la "balance comme biais", où des points de vue opposés reçoivent une couverture égale, même lorsque l’un d'eux est dénué de fondement scientifique.
Les scientifiques ont donc une double mission : produire des connaissances et les rendre accessibles. Ils doivent défendre les valeurs fondamentales de la science face aux attaques de ceux qui refusent des preuves validées par la communauté scientifique (Hopf et al. 2019). De plus, la formation en communication scientifique, tant pour les chercheurs que pour les journalistes, est essentielle pour garantir que les informations sur les enjeux cruciaux, comme le changement climatique ou les pandémies, soient transmises de manière claire et précise.
Le système éducatif devrait également être réformé pour mettre davantage l'accent sur la culture scientifique et ses processus. Durant et Ibrahim (2001) soulignent l'importance de la diffusion informelle de la science, en suggérant que les nations devraient célébrer les valeurs de la science — la raison, l'ouverture, la tolérance et le respect des preuves scientifiques — de la même manière qu’elles célèbrent les arts et les sciences humaines. Il est également impératif de rendre les sciences accessibles à tous, en particulier aux populations mal desservies qui n'ont pas toujours accès aux canaux traditionnels de communication scientifique comme les musées, les journaux ou la télévision.
L'impact des "bots" et des chambres d'écho sur le débat politique en ligne : une analyse des dynamiques des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux, notamment Twitter, sont devenus un terrain fertile pour la diffusion de contenu politique et social, et ce, dans un contexte où les discussions sur des sujets comme la Covid-19 et l'immigration se sont intensifiées. Les bots, ces comptes automatisés qui interagissent avec les utilisateurs, jouent un rôle crucial dans l'orientation des débats. Bien que leur présence soit modeste en termes de pourcentage d'utilisateurs (environ 7% des utilisateurs totaux), leur influence est bien plus marquée lorsque l'on considère leur impact sur la diffusion du contenu, représentant seulement 2,5% des utilisateurs validés.
L'impact des bots sur la conversation publique devient particulièrement évident lorsqu'on examine des sujets controversés. Dans le contexte de la Covid-19, par exemple, les chambres d’écho, ces espaces virtuels où des opinions similaires se renforcent mutuellement, sont clairement présentes. Cependant, ces chambres d’écho sont souvent marquées par des opinions politiques, même sur des questions de nature scientifique. Ce phénomène n’est pas surprenant : les mesures politiques prises pour lutter contre la pandémie ont profondément influencé le débat public. En retour, les chambres d’écho politiques déjà existantes continuent de modeler les discussions sur des plateformes comme Twitter. Ici encore, les bots jouent un rôle crucial, bien que leur contribution à l'échange d'informations reste limitée à seulement 2,8% des utilisateurs validés.
Il est intéressant de noter que, contrairement à d'autres domaines comme celui de l'immigration, l'existence de groupes organisés de comptes automatisés (ou "squads") n'est pas aussi évidente dans les discussions sur la pandémie. Cela peut s'expliquer par la nature de la crise, qui a nécessité une réponse politique rapide et unifiée, limitant ainsi l'influence des acteurs externes cherchant à polariser davantage les débats.
Il est essentiel de comprendre que les bots ne sont pas seulement des agents de diffusion automatique. Leur rôle dans la construction de narratives politiques et sociales se manifeste aussi à travers leur capacité à renforcer des idéologies et à promouvoir des contenus qui peuvent alimenter la polarisation. Dans ce contexte, les utilisateurs doivent être conscients des dynamiques invisibles qui façonnent leurs interactions en ligne. Un message, qu'il soit politique ou scientifique, peut être amplifié de manière artificielle, modifiant ainsi la perception qu'ont les utilisateurs des faits ou des opinions présentées.
L’analyse de la présence des bots et de leur influence sur les discussions politiques et sociales révèle plusieurs aspects importants. Tout d'abord, l'importance croissante des réseaux sociaux dans la mobilisation politique, en particulier pour les mouvements d'extrême droite, ne peut être sous-estimée. Ces groupes, souvent marginalisés dans les débats politiques traditionnels, utilisent l'espace numérique comme un outil puissant pour faire entendre leurs voix. À cet égard, l'internet devient non seulement un lieu d’expression mais aussi un terrain stratégique où des idées extrêmes peuvent être diffusées rapidement et efficacement, parfois au détriment d'un discours public plus modéré.
Ensuite, la fragmentation du discours public en chambres d'écho politiques sur les réseaux sociaux est une tendance qui mérite une attention particulière. Ces chambres ne se limitent pas aux débats politiques mais influencent également des questions scientifiques et sociales, comme le montre l'exemple de la pandémie. La polarisation des opinions peut ainsi être amplifiée, rendant difficile le dialogue entre les différentes perspectives. Ce phénomène de polarisation est d’autant plus marquant lorsque les plateformes, comme Twitter, utilisent des algorithmes qui favorisent la visibilité des contenus qui génèrent une réaction émotionnelle forte.
Dans ce contexte, les utilisateurs doivent être particulièrement vigilants face à l'influence des bots. Ces derniers, en semblant être des utilisateurs "normaux", peuvent semer la confusion et mener à une mauvaise interprétation des faits. La détection et l’identification des bots restent des défis majeurs pour les chercheurs et les plateformes elles-mêmes. Par ailleurs, la collaboration entre les gouvernements, les chercheurs et les entreprises technologiques pour contrer ces effets est encore en gestation et nécessite des efforts communs pour préserver l'intégrité de l'information sur le web.
Pour mieux comprendre ces dynamiques, il est essentiel de se pencher sur le rôle des chambres d’écho et des bots dans la construction de la réalité numérique. La capacité de certains groupes à manipuler l'information en ligne a des conséquences profondes sur la façon dont les individus perçoivent la politique, la science et la société en général. Les plateformes de réseaux sociaux sont devenues des outils de communication et de mobilisation puissants, mais elles ne sont pas sans dangers. Les utilisateurs doivent, de ce fait, développer une conscience critique accrue pour naviguer dans cet environnement complexe et parfois manipulé.
Comment la transformation des coordonnées influence le contrôle des moteurs synchrones à aimants permanents
Comment la politique de séparation des familles a-t-elle bouleversé la crise migratoire à la frontière américano-mexicaine ?
Quels sont les principes fondamentaux de la dermatologie clinique et ses classifications essentielles ?

Deutsch
Francais
Nederlands
Svenska
Norsk
Dansk
Suomi
Espanol
Italiano
Portugues
Magyar
Polski
Cestina
Русский